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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/9

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parole pour Sally. On n’aurait pas pris une si bonne opinion de moi, si l’on me croyait capable de me vendre.

— Hélas ! — fit la dame, — je ne songe pas à vous acheter. Je voulais seulement vous offrir une légère récompense.

Avec fermeté, mais sans aigreur, Sally repoussa la main qui lui présentait l’offrande.

— S’il y a quelque chose que je puisse faire pour vous obliger, — dit-elle, — vous vous trompez en pensant que je le ferai pour de l’argent. Que désirez-vous ?

— Vous êtes l’une des gardiennes ou des employées de l’Hospice. Je vous en ai vue sortir hier et ce soir.

— Je suis Sally, madame ; je suis Sally.

— Votre visage annonce la patience et la douceur, je suis sûre que les enfants s’attachent tout de suite à vous.

— Pauvres chéris !… c’est vrai, madame.

La dame releva son voile. Elle n’était guère moins jeune que Sally. Certes sa figure avait quelque chose de bien plus aristocratique et décelait une intelligence bien plus ouverte : mais aussi comme elle était pâle et fatiguée !

— Je suis la malheureuse mère d’un enfant confié à vos soins, — balbutia-t-elle, — et je veux vous adresser une prière !…

Sally alors, touchée de la confiance que la pauvre femme lui avait montrée en écartant son voile, Sally, dont les actions étaient toujours simples et pleines