Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/220

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éloignées, porté par la brise du soir, arriva à travers la fenêtre ouverte.

« Qu’est-ce que cela ? dit l’enfant ouvrant ses yeux.

— Vos camarades qui jouent sur la pelouse. »

L’enfant prit un mouchoir sous son oreiller et essaya de l’agiter au-dessus de sa tête. Mais son bras retomba sans force.

« Voulez-vous que je le fasse pour vous ? dit le maître d’école.

— Oui, s’il vous plaît, agitez-le à la fenêtre. Attachez-le au treillage. Quelques-uns de mes camarades le verront sans doute ; peut-être penseront-ils à moi et regarderont-ils de mon côté. »

Il souleva sa tête, et son regard alla du signal flottant à l’inutile raquette qui était posée sur une table dans la chambre, à côté de l’ardoise, d’un livre et autres objets autrefois à son usage. Une fois encore il se laissa retomber doucement et demanda si la jeune fille était là, parce qu’il voulait la voir.

Elle s’avança et pressa sa main inerte qui pendait sur le couvre-pied. Les deux vieux amis, les deux camarades, car ils l’étaient, bien que l’un fût un homme et l’autre un enfant, s’unirent dans un long embrassement ; puis le petit écolier se retourna du côté de la muraille et s’endormit.

Le pauvre maître d’école resta assis à la même place, tenant dans ses mains la froide main pour la réchauffer ; mais ce n’était plus que la main d’un enfant mort. Il le sentait, et cependant il continuait de la réchauffer encore sans pouvoir se résoudre à la quitter.






CHAPITRE XXVI.


Nelly, le cœur brisé, s’éloigna avec le maître d’école du chevet de l’enfant et retourna à la chaumière. Elle eut soin de cacher au vieillard la cause réelle de son chagrin et de ses larmes ; car l’enfant mort orphelin n’avait qu’une grand’mère comme elle n’avait qu’un grand-père, et il ne laissait qu’une parente âgée pour pleurer sa perte prématurée.