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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/10

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BOU

l’Etat, a causé de grands désordres dans l’Etat. Cette nouvelle lui a bouleversé l’esprit, a causé une grande altération dans son esprit.

Bouleversé, ée. part.

BOULEUX. s. m. C’est ainsi qu’on appelle un cheval trapu & propre à des services de fatigue. Ce cheval est un bon bouleux. On dit aussi au figuré, en parlant d’un homme d’un génie borné, mais qui fait bien son devoir dans l’occasion, que c’est un bon bouleux. Il est familier.

BOULI. s. m. Sorte de pot où les Siamois préparent leur thé.

☞ BOULJANUS. s. m. Terme de Mythologie. C’est, selon le P. de Longueval, dans son Hist. de l’Eglise Gall. t. 1, p. 193, le nom d’une fausse Divinité honorée à Nantes, en Bretagne, où elle avoit un temple fameux, qui fut abattu, comme on le croit, vers l’an 319, sous le règne & par l’autorité du grand Constantin. Il y a quelque temps, dit ce Pere, que l’on trouva à Nantes une inscription en l’honneur de cette Divinité, conçue en ces termes : Numini Augustor. Deo Bouljano M. Gemel. secundus & C. sedat. florus actor. Vicarior. portens. tribunal. C. M. locis ex stipe conlata posuerunt. Cette inscription a beaucoup tourmenté nos Savans. Nous croyons, ajoute le P. de Longueval, que ce Dieu Bouljanus est le même que le Dieu Janus des Latins, au nom duquel on ajouta le nom celtique boul, qui signifie orbis. Ainsi Bouljanus sera le Janus du monde. On assure en effet qu’une ancienne figure de ce Dieu le représentoit à trois faces, pour signifier sans doute les trois parties du monde qui étoient alors connues. Boul, signifie encore chez les Bretons un globe. Rien de mieux imaginé ; rien de plus plausible que cette explication ; mais malheureusement Bouljanus est un Dieu imaginaire, & l’inscription n’est pas absolument telle que le P. de Longueval la rapporte. Au lieu de Numini, il faut lire Numinibus : Vol. Jano, au lieu de Bouljano : Secudus, au lieu de secundus : Vicanor, au lieu de Vicarior : C M. au lieu de C. M. Ainsi il faut interpréter Deo vol. Jano, par ces mots, deo volente Jano, sous le bon plaisir de Janus : voici en deux mots tout le mystère de cette inscription ; elle fut faite pour apprendre à la postérité que les habitans de Nantes consacrerent leur tribunal aux Dieux des Empereurs, c’est-à-dire, à Jupiter & à Apollon ; mais après avoir invoqué Janus, selon la coutume Payenne, afin que leur offrande passât par lui aux Dieux de l’Empire. Voyez une explication de cette inscription par M. Travers, Prêtre, Docteur de Nantes, dans les Mém. de littér. & d’hist. recueillis par le P. Desmolets de l’Oratoire. L’inscription y est ainsi traduite : Aux Dieux des Empereurs : de l’agrément du Dieu Janus. M. Gemelius Secudus & C. Sedatius Florus, de l’argent contribué, ont bâti dans la place du commerce le tribunal des affaires des habitans du Port.

BOULICHE. s. f. Grand vase de terre dont on se sert sur les vaisseaux. Amphora, metreta. On enduit les bouliches de goudron, & on y met du vin : cela lui donne le même goût que s’il y avoit du quinquina infusé. Lettre écrite de Panama.

BOULIER. s. m. Terme de Pêche. C’est un filet fait comme une seine, dont les pêcheurs se servent sur les côtes de la Méditerranée, & qu’ils tendent aux embouchures des étangs salés. Rete.

☞ BOULIEU. Petite ville de France, dans le haut Vivarais, proche d’Annonay.

BOULIMIE. s. f. Terme de Médecine. C’est une maladie qui cause une faim désordonnée. Plusieurs furent travaillés de la boulimie. Ablanc. Les Transactions Philosophiques, N. 264. p . 598 & Tom. III. p. 111. parlent d’un paysan malade d’une boulimie furieuse dont il guérit en rendant plusieurs vers de la longueur & la grosseur d’une pipe à fumer ; après quoi sa faim diminua peu à peu, & revint à un appétit ordinaire.

Ce mot vient, selon Furetiére, du grec βοῦς, & de λιμὸς, qui signifient bœuf & faim : c’est-à-dire, avoir faim, être affamé jusqu’à manger un bœuf ; ☞ mais ce n’est pas le sentiment de Jos. Scaliger, βοῦ, dit-il, apud Grœcos intendit, ut βούλιμος, & βουλίμια, ingens fames à refrigeratione ventriculi contracta, sic apud Latinos particula ve, ut in vehemen, & aliis. Remarq. sur la Sat. Ménippée. Cette maladie dépend de l’abondance ou de l’âcreté des sucs digestifs qui irritent les intestins.

BOULIN. s. m. Petit trou qu’on dispose tout autour d’un colombier pour y nicher des pigeons ; c’est l’endroit où ils font leurs œufs. Un colombier à pied a quelquefois jusqu’à douze cens boulins.

On appelle aussi Boulins, des pots de terre faits exprès pour servir de retraite à des pigeons.

Boulin, en termes de Maçonnerie, est le trou qu’on fait à un mur pour recevoir les pièces de bois qui portent les échafaudages. On appelle aussi Boulins, les pièces de bois qu’on met dans ces trous pour soutenir l’échafaudage.

BOULINE. s. f. Terme de Marine. C’est une corde amarée vers le milieu de chaque côté d’une voile, qui sert à la porter de biais pour prendre le vent de côté, quand on ne l’a pas en poupe ou de quartier. Velum obliquè obtentum. La bouline de revers, est celle qui est larguée & sous le vent. Le vent de bouline, est celui qui est éloigné de cinq pointes, ou aires de vent de celui de la route. La bouline grasse, est le vent qui s’en éloigne davantage de six à sept pointes. On dit, aller à la bouline, ou tenir le lit du vent, quand on est porté d’un vent de biais, qui semble contraire à la route, en se servant de boulines hâlées & roidies. Obliquo vento navigare ; pedem facere. On le dit aussi figurément, pour signifier, Biaiser, n’aller pas droit dans une affaire : mais cela n’est que du style familier.

Courre la bouline. C’est un châtiment qui se pratique sur mer. L’équipage se range en deux haies de l’avant à l’arrière du vaisseau. Chaque matelot tient une corde, ou garcette à la main. On fait passer le criminel deux ou trois fois entre ces deux haies de matelots, qui lui donnent chacun un coup.

Hâle-Bouline. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey. C’est un nom de raillerie que l’on donne à un matelot qui n’est point encore expérimenté. Tu n’es qu’un hâle-bouline.

BOULINER. v. n. Aller à la bouline, prendre le vent de côté. Obliquo vento navigare. On appelle aussi cette manière de naviguer, louvoyer.

On commence à dire figurément, Bouliner ; pour dire, biaiser dans les affaires, n’aller pas droit, trouver quelque détour, ou échapatoire. Cela est bas & du style familier.

Bouliner. v. a. Terme de gens d’armée, qui signifie, voler dans le camp. Furari. Il a perdu au jeu tout ce qu’il avoit bouliné. Ce soldat se fera pendre, il s’amuse à bouliner. Il est populaire.

Bouliné, ée. part.

BOULINEUR. On prononce Boulineux. s. m. Ce mot se dit des soldats qui volent dans le camp. Fur ; latro. C’est un boulineur. On pend tous les boulineurs, quand on les attrape.

BOULINGRIN. s. m. Terme de Jardinage. C’est un mot purement Anglois, qui signifie un gazon sur lequel on joue à la boule. Area cespititia. On l’a dit en France d’un jardin vert, & orné de palissades. On a nommé ainsi le Boulingrin de S. Germain. On l’a dit aussi d’un parterre de pièces de gazon découpées, avec une bordure en glacis, qu’on prend soin de tondre souvent, afin d’entretenir l’herbe toujours courte & verte. On fait des boulingrins de plusieurs manières. Cette espèce d’ornement de jardin vient d’Italie. Liger.

☞ Les boulingrins simples sont de gazon, sans aucun ornement.

☞ Les boulingrins composés sont coupés en compartimens de gazon, mêlés de broderies, avec des plates-bandes & des arbrisseaux.

BOULINGUE, ou bouringe, s. f. Terme de Marine.