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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/11

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BOU

Velum ad ipsa carchesia intentum. Petite voile au haut du mât.

BOULINIER. s. m. On dit d’un vaisseau, qu’il est bon, ou mauvais boulinier, lorsqu’il va bien, ou mal à boulines hâlées. Navis excipendio obliquè vento apta.

BOULINIS, ou BOULIGNIS. s. m. Monnoie de cuivre qui se fabrique à Boulogne en Italie. Elle y tient lieu de sous, & dans les achats & ventes on y marchande par boulinis, comme l’on fait en France par sous. Les boulinis valent 4 quadrins, c’est-à-dire, la bajoque de Rome, qui a cours en concurrence avec eux, à cause que Boulogne est terre Papale. Leur nom vient de la ville où ils sont frappés.

BOULOGNE. Ville archiépiscopale de l’Etat de l’Eglise, en Italie, sur le Reno. Bononia. La situation de cette ville est charmante, & son terroir si abondant en toutes sortes de biens, qu’elle en a pris le nom de Boulogne la Grasse. Il y a à Boulogne une Académie très-fameuse pour les études de Droit. Honoré II, Luce III, Grégoire XIII, Innocent IX & Grégoire XV étoient de Boulogne. La même ville a donné la naissance aux Carraches, au Guide, au Dominicain & au Guerchin. T. Corn. Boulogne est la seconde ville de l’Etat Ecclésiastique. Le Légat de Boulogne est un Prélat que le Pape y envoie pour la gouverner. Boulogne a le privilége d’envoyer au Pape un Ambassadeur pour se maintenir dans sa liberté & dans ses droits. Idem.

Il y a une Histoire de Boulogne écrite en Italien par Gaspar Bonbaci, qui remarque plusieurs circonstances qui ne se trouvent pas dans les autres histoires de Boulogne. Agnechius, Archevêque d’Amasie, a fait aussi un Traité de la fondation de la ville de Boulogne. Cette ville a été long-temps connue sous le nom de Felsine, soit qu’elle ait reçu ce nom d’un Roi d’Etrurie nomme Felsinus, qui, comme l’écrit Dempsterus, la rétablit long-temps après la première fondation que le Roi Celsinus en fit, dit-on, mille ans avant la fondation de Rome ; soit qu’on l’ait ainsi nommée, parce qu’elle a été autrefois la forteresse de tout le pays, qui en langue vulgaire & ancienne, étoit exprimée par le terme de Felsina. C’est le sentiment d’Agnechius, qui ne reconnoît parmi les Rois d’Etrurie, ni de Felsinus, ni de Bonus, à qui quelques-uns ont cru qu’elle devoit le nom de Boulogne. Quoi qu’il en soit, c’est pour cela que le Comte Carlo Malvasia a intitulé son Traité des Peintres de Boulogne, Felsine Pittrice, car cette ville s’est fort distinguée par cet art ; & l’Ecole de Boulogne passe sans contredit pour une des plus célébres ; plusieurs disent pour la meilleure de toute l’Italie.

Quelques-uns écrivent Bologne ; & c’est l’usage le plus général pour la ville d’Italie, & la pierre qui en porte le nom. Boulogne est à 29°. 8’ 33”. de longitude, & 44°. 29’. 35”. de latitude. Manfredi & Stancarl. Selon le P. Roccioli, elle n’a de latitude que 44°. 29’. 30”. Sa longitude est, selon Hoffman, 33°. 35’. & sa longitude 43°. 52’. Falfoni, Chanoine Régulier, a donné en Italien des Mémoires historiques de l’Eglise de Boulogne & de ses Pasteurs, à Boulogne 1649. in-4°. & nous avons deux ouvrages de Sigonius sur Boulogne ; l’un, De Rebus Bononiensibus ; & l’autre, De Episcopis Bononiensibus. il y a aussi Historie Bolognese de Vizani, & deux volumes d’Alidosi, qui traitent de tous les hommes célébres de Boulogne.

Pierre de Boulogne, & mieux, Pierre de Bologne. Lapis lucifer Casciarolanus vel Bononiensis. C’est une pierre petite, grise, pesante, tendre & sulfureuse, de l’épaisseur à peu près d’une noix, & dans laquelle on trouve une espèce de cristal, ou de talc, quand on la rompt. Elle se trouve aux environs de Boulogne en Italie, & c’est de-là qu’elle a pris son nom. Il y en a cependant encore en d’autres lieux, comme au pied du mont de Palerne. C’est-là qu’un Cordonnier, nommé Vincenzo Casciarolo, ayant ramassé de ces pierres, & les ayant portées chez lui, & mises au feu dans l’espérance d’en tirer de l’argent ; au lieu de ce qu’il attendoit, il découvrit ce phénomène admirable, & la propriété qu’elles ont, qui consiste en ce que quand on les a exposées à la lumière, elles la retiennent, & luisent ensuite dans les ténèbres. ☞ On fait calciner cette pierre au feu, après la calcination on l’expose à l’air, afin qu’elle s’imbibe de lumière. Cette espèce de phosphore transporté dans un lieu obscur, doit être lumineux. Malpighius dit qu’un certain Zagonius avoit trouvé l’art de faire avec la pierre de Boulogne des statues & des peintures, qui brilloient dans l’obscurité ; mais il ajoute qu’il étoit mort sans avoir découvert son secret à personne. Transact. Philos. n. 21. p. 375 n. 134. p. 842. & Tom. III. p. 346.

Boulogne, Ville épiscopale de France, en Picardie, capitale du Boulonois. Bolonia. On trouve Boblonia dans des siècles postérieurs. On croit que Boulogne est le Gessoriacum Morinorum. D’autre l’appellent aussi Morinorum Navale. M. Bately, Archidiacre de Cantorberi, après avoir montré que le port appelé Rutupiæ, ou César débarqua, est le terrain qui s’étend entre Richborroug & Recuver, en infère que l’Occius Portus, où il s’embarqua pour passer dans la grande Bretagne, est Boulogne, parce que le bras de mer qui étoit entre deux, n’avoit que 40 milles de largeur selon César. Dans la carte de France faite par M. de Lisle, la longitude de boulogne est environ de 15°. & sa latitude de 50°. environ 40’. & selon M. Cassini, cette ville est à 20°. 5’. 26”. de longitude, & 49°. 26’, 41”, de latitude.

☞ BOULOGNE, Bolonia. Petite ville de France, en Gascogne ; selon Baudrand dans l’Armagnac, & selon de Lisle à l’extrémité occidentale du bas Comminge, sur la Gimone.

BOULOIR. s. m. Terme de Maçonnerie. Instrument de bois dont les Maçons se servent pour remuer continuellement la chaux quand ils l’éteignent, c’est-à-dire, quand ils l’ont mise dans l’eau, & pour la mêler ensuite avec le sable & faire le mortier. M. Duhamel l’appelle en latin Tudiculus, ou contus. Le bouloir est composé de deux parties, une tête & son manche. La tête du bouloir est un morceau de bois de six, sept, ou huit pouces de long, sur trois ou quatre de large, plat d’un côté & en talus, ou talus rond de l’autre. Du côté qu’il est plat, il est emmanché d’un bâton d’environ six pieds de long. C’est avec le côté qui est en talus, que l’on broie la chaux qui s’éteint, & que l’on remue la chaux & le sable pour les mêler & faire le mortier. Il faut remuer long-temps la chaux avec le bouloir, pour qu’elle soit bonne.

☞ BOULOIR. Chez les Orfévres en grosserie, est un vase de cuivre oblong, avec une queue, dans laquelle on déroche les pièces. Il est aussi à l’usage des Monnoyeurs.

BOULON. s. m. Terme de Charpenterie & de Charonnage. Grosse cheville de fer qui a une tête ronde, & qui est percée & arrêtée par l’autre bout avec une clavette. Clavus trabalis. Il sert à attacher des poutres, des tirans de charpente à un poinçon, à soutenir le fléau d’une porte cochère, sur lequel il est mobile. Il y a aussi des boulons qui ont des têtes rondes à leurs deux extrémités, comme ceux qui attachent les arc-boutans d’un carrosse aux moutons. On appelle aussi boulon, la masse, poids, ou peson de la balance Romaine.

Boulon, est aussi une pièce ronde de fer ou de cuivre, qui sert de noyau pour faire les tuyaux de plomb sans soudure. Elle est un peu plus longue que le moule, & de la grosseur que doit être le diamètre du dedans du tuyau.

Boulons, en termes d’Artillerie, sont des branches de fer, c’est-à-dire, les deux plus longues & plus grosses pièces où pose le canon.

BOULONNER. v. a. Arrêter une pièce de charpenterie avec des boulons. Il faut boulonner cette poutre.