Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
CAT

☞ Contre cette théorie commune, M. Heister & plusieurs autres Savans Médecins & Chirurgiens prétendent que la cataracte n’est autre chose que le cristallin épaissi, & qui ayant perdu sa transparence, refuse le passage aux rayons, & les empêche de passer jusqu’à la rétine ; qu’ainsi quand on croit abaisser une petite membrane, c’est le cristallin même que l’on abaisse. La plus forte raison sur laquelle ils appuient cette hypothèse, c’est qu’après l’opération de la cataracte, on ne voit point sans loupe. Or, disent-ils, si l’on n’avoit abattu qu’une membrane étendue devant le cristallin, la loupe ne seroit pas plus nécessaire qu’auparavant ; au contraire, si l’on a abattu le cristallin il est évident qu’il faut une loupe à sa place pour donner aux rayons la direction qu’ils doivent avoir avant que d’arriver à la rétine.

☞ Mais M. Geisler fit voir dans un œil où l’on avoit fait l’opération de la cataracte, le cristallin sans aucune altération & dans sa place naturelle, & l’on trouva une membrane épaisse dans l’endroit où l’aiguille l’avoit poussée. On a vu plusieurs fois la même chose. La cataracte est dans une membrane distinguée du cristallin.

☞ D’ailleurs, il s’est trouvé des personnes qui, après l’opération de la cataracte, ont vu sans loupe ; &, si pour l’ordinaire, on en a besoin, c’est que, quoique la cataracte soit abattue, le vice qui l’a produite est encore dans l’humeur aqueuse : elle est toujours trop épaisse & trop trouble, & par conséquent elle ne laisse pas passer de rayons en allez grande quantité.

☞ Il arrive quelquefois qu’une personne qui a vu immédiatement après l’opération, est entièrement privée de la vue au bout de quelque temps, parce que la pointe de l’aiguille aura entamé la surface antérieure du cristallin, & aura ouvert la membrane dont il est enveloppé. Cette membrane ouverte, le cristallin se plisse & se ride, quoique cela n’arrive pas dans l’instant de la blessure où le cristallin, humecté par l’humeur aqueuse dans sa partie blessée, doit être quelque temps sans perdre sa configuration, du moins sensiblement.

☞ D’après toutes ces observations, il paroît vraisemblable de dire que ce qu’on appelle cataracte, est quelquefois une véritable membrane formée par les parties hétérogènes introduites dans l’humeur aqueuse, & quelquefois le glaucome, ou le cristallin obscurci qu’on abat quelquefois l’un & quelquefois l’autre. Car après l’opération on voit quelquefois sans loupe, comme auparavant. Verroit-on de la sorte, si le cristallin, qui rapproche les rayons, étoit déplacé ? Souvent après l’opération, on ne voit que de gros caractères, & avec une forte loupe. Si l’on n’avoit tiré qu’un rideau de devant le cristallin, & s’il étoit demeuré à sa place, sans être obscurci, ne verroit-on pas mieux ?

La cataracte s’appeloit autrefois coulisse ; & quand elle venoit à s’endurcir, maille ou bourgeon ; si elle n’arrivoit qu’à un des yeux, vairon ou bigarré : mais tous ces termes ne sont plus en usage. En grec ὑπόχυμα (hupochuma).

Cataractes, au pluriel, se dit d’une chute d’eau, qui tombe naturellement, d’une pluie extrêmement abondante. Cataracta, cataractes. Dieu ouvrit les cataractes des cieux, quand il envoya le déluge.

Ce mot de cataractes, vient du grec καταράσσω (katarassô), cum impetu decido. Le mot cataracte se trouve, en ce sens, dans le procès de la vie de saint Thomas d’Aquin, fait en 1319, ch. 2 ; & Act. SS. Mart. Tom. II, 97, A. & 244, F. &c.

On appelle aussi cataractes du Nil, deux lieux où le Nil fait des chûtes, & tombe sur des rochers escarpés. Ptolémée, Strabon & Pline en font mention. Voyez Nil. Les cataractes du Nil se nommoient autrefois catadupes dans la basse latinité. ☞ On appelle généralement cataracte, la chûte, le saut d’une rivière qui se précipite de haut en bas. Strabon appelle cataracte, ce qu’on appelle aujourd’hui la cascade de Tivoli. Catadupe, signifie la même chose que cataracte.

La cataracte du Parana, est la plus belle & la plus surprenante qui soit au monde. Nous en parlerons au mot Parana.

Jean Herbinius a fait des Dissertations sur les cataractes du monde. Dissertationes de admirandis mundi cataractis supra & subterraneis, Amstel. 1684 ou 85, & il entend par cataractes, les mouvemens violens des élémens. C’est donner à ce nom une signification bien étendue & bien nouvelle.

On appelle cataractes, les portes grillées & treillissées, & même les herses ou sarrasines qu’on fait tomber par des coulisses, en cas de besoin. Porta cataracta. On l’a dit aussi des guichets & portes treilliifées des prisons, qui ont fait appeler un Geolier Cataractarius. Voyez Cataractaire.

Cataracte, s. f. Oiseau marin, si semblable au mouchet, qu’à peine l’en peut-on distinguer. Cataractes, Oppien l’a décrit d’une manière fort détaillée. Ses ailes & son dos sont diversifiés de tanné, de blanc & de jaune, mêlés ensemble. La cataracte est toute blanche par-dessous, avec des taches brunes ; elle donne sur sa proie comme l’épervier, & pour la prendre, elle se sert de son bec, qui est long & gros à proportion de son corps, robuste, pointu & un peu courbé. La couleur en est noire ; son cou est longuet ; sa tête médiocrement grosse. Ses ailes finissent à l’extrémité de sa queue, qui est noire & longue d’environ trois pouces. Ses cuisses sont couvertes de plumes jusques sur les jambes, qui sont, ainsi que les pieds & leurs membranes, de couleur cendrée. Ses ongles sont noirs, crochus & petits. Cet oiseau ne se plaît que dans les lieux maritimes. Oppien rapporte des choses fort singulières de sa manière de faire son nid, & de faire éclorre ses petits, &c. mais apparemment fabuleuses. La chair de la cataracte est d’un très mauvais goût, parce qu’elle sent fort la sauvagine.

CATARACTER. (Se) Terme d’Oculiste, qui se dit des yeux auxquels il se forme une cataracte, Suffundi. On remarque un nuage au cristallin, quand il commence à se cataracter. Demours.

CATARACTÉ, ÉE. part. Terme d’Oculiste, qui se dit de l’œil, affecté d’une cataracte. Cataracta ou suffusione vitiatus, a, um. Faire l’ouverture d’un œil cataracté. Journ. des Sav. 1716, p. 385. Cet homme a les deux yeux cataractés. C’étoit le cristallin déjà cataracté. Demours.

☞ CATARRE ou CATARRHE, & non pas CATERRE. s. m. Catarrhus. Fluxion qui tombe sur la tête, sur la bouche, sur la gorge ou sur la poitrine ; rhume de cerveau, esquinancie catarreuse, toux catarreuse. Voyez ces mots.

Les catarres proviennent ordinairement de chaleur ou de froideur excessives, ou de la réplétion du cerveau & de la débilité de la partie recevante. Les catarres ne proviennent pas de la tête seulement, comme on le suppose d’ordinaire. Ils viennent aussi de toutes les autres parties ; parce que les vaisseaux lymphatiques qui portent les sérosités, se distribuent par tout le corps, & que les glandes qui les préparent sont répandues presque par tout. Ainsi les rhumes arrivent, lorsque les vaisseaux lymphatiques dégorgent leurs sérosités & leur lymphe sur la gorge & sur la poitrine. Le froid empêchant la transpiration & l’évaporation de la lymphe, est la cause la plus fréquente des catarres. La sérosité étant extravasée, s’aigrit, & c’est ce qui cause des douleurs en diverses parties. C’est par cette raison, que pour guérir les catarres, il faut adoucir, & faire transpirer les sérosités, par le moyen des diaphorétiques, & par des remèdes somnifères & diurétiques. Van-Hel. Κατάρρος (Katarros) vient du grec, καταράσσω (katarassô), qui signifie defluo. Nicol.

☞ Il y a une espèce de catarrhe, qu’on appelle suffoquant, parce que la maladie se jette sur le larynx & l’épiglotte, & que ces parties sont dans un si grand resserrement, que l’air ne peut entrer &