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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/721

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COMII

Ce Maître-d’Hôtel, ce Sommelier, font bonne chère à leurs amis ; car ils ont le vin & les viandes à leur commandement. Une jolie femme a toujours des caresses à son commandement.

Commandement. On dit ironiquement d’un homme qui commande une chose qu’il n’a pas droit de commander, qu’il a le commandement beau. Acad. Fr.

COMMANDER. v. a. & n. Donner des ordres à des inférieurs, qu’ils sont obligés d’exécuter. ☞ C’est diriger, selon sa volonté & avec autorité, ou avec pouvoir de contraindre, les actions de ceux qui nous sont soumis. Imperare, præcipere, jubere. Dieu commande à toute la nature ; il commande aux vents & à la mer. Le Général a commandé au régiment des Gardes de pousser les ennemis.

☞ Voltaire, dans ses Remarques sur Rodogune, où l’on trouve :

C’est pour le commander, & combattre pour moi,

dit : on commande une armée, on commande à une Nation. On ne commande point un homme, excepté lorsqu’à la guerre, un homme est commandé par un autre, pour être de tranchée, pour aller reconnoître, pour attaquer, &c.

Commander se dit d’un Général d’armée, & de ses Lieutenans, en son absence, & pour lors, il régit l’accusatif. Commander une armée, commander une flotte. Exercitui præesse, navibus, classi. Le Roi commande lui-même ses armées. Le Général commanda deux Régimens, pour couvrir les Fourageurs, quand, &c. Main.

Commander se dit des Puissances temporelles. Imperare. La vanité d’Alexandre le portoit à vouloir commander à tout le monde. Les Romains sembloient nés pour commander aux autres. Bail. Ce Prince sait l’art de bien commander. Les Rois commandent dans leurs Etats. Un maître commande dans sa maison. Un Prieur commande dans son Couvent.

Un cœur né pour servir, sait mal comme on commande.

Corn.

Maître d’un cœur charmé,
Commandez qu’on vous aime, & vous serez aimé.

Rac.

Commander se dit encore du pouvoir, de l’autorité que donne une charge, une commission. Præesse. L’Amiral commande sur la mer, & le Connétable sur la terre. On a donné à un tel Officier cette armée à commander en chef. Un tel commande les Dragons, les Chevaux-Légers, les Mousquetaires. C’est lui qui commande un tel Régiment, &c.

Commander signifie, donner ordre à des troupes de se tenir prêtes, ou de partir pour aller à quelque expédition. Mandare, præscribere, edicere, imperare. On a commandé le Régiment des Gardes pour le vingtième du mois prochain. On a commandé dix hommes par Compagnie pour aller escorter ce convoi.

Commander se dit, dans un sens figuré & métaphorique, en parlant de l’avantage que donne quelque éminence pour battre une Ville, pour tenir en sujettion toute une Province. {{lang|la|Imminere, insidere. Cette Citadelle commande la Ville. Cette place ne peut pas se fortifier, voilà les collines qui la commandent de tous côtés. Quand on parle de la force d’une place qui tient une Province ou un Pays en respect, alors commander régit le datif. Cazal est une place qui commande à la meilleure partie d’Italie. Cette garnison commande à toute la frontière, fait payer des contributions.

Commander à la route, terme de Marine, c’est donner la route, prescrire celle que doivent tenir tous les vaisseaux, ce qui est attribué à l’autorité de l’Amiral ou du principal Commandant, ou d’un Pilote dans un vaisseau marchand.

Commander se dit aussi, en termes de civilités, des offres qu’on fait à ses amis de les servir. Præscribere, mandare, jubere. N’avez-vous rien à me commander pour l’Italie où je vais ? Je suis tout à vous, vous n’avez qu’à me commander, je suis prêt à vous obéir.

Commander signifie aussi, donner charge à un Artisan de faire expressément quelque ouvrage. Præcipere, describere, mandare. Il a commandé une paire de souliers à son Cordonnier. Il a commandé une collation, un dîner chez un tel Traiteur.

Commander se dit figurément en choses morales & spirituelles. Imperare. L’ame commande au corps. Il faut commander à ses passions. On dit aussi, il faut se commander à soi-même. Ceux qui ont su commander aux autres, n’ont pas toujours su se commander à eux-mêmes. S. Evr. C’est la raison qui doit commander & conserver un empire absolu sur tous nos mouvemens. Id.

On dit, commander à la baguette ; pour dire, avec autorité, ou avec hauteur, par une allusion qu’on fait aux commandemens des Huissiers, qui portent une verge, ou une baguette. Imperiosum esse. On dit aussi, il faut savoir obéir avant que de commander ; pour dire, qu’il faut être écolier, avant que d’être Maître.

On dit proverbialement à celui qui veut commander quelque chose à des gens qui ne dépendent pas de lui : Commandez à vos valets, vous n’avez rien à me commander. Acad. Fr.

☞ Quand ce verbe est actif, outre son régime simple, il gouverne les prépositions à, à la, au, aux, comme on l’a vu dans les exemples ci-dessus. Nous avons déjà remarqué qu’il ne régit la personne directement & sans préposition, que dans les choses qui ont rapport à l’art militaire.

Commandé, ée. part.

COMMANDER, terme d’Eglise. Voyez Commender.

COMMANDERIE, s. f. Espèce de Bénéfice, ou certain revenu qui appartient aux Ordres militaires de Chevalerie que l’on confère aux anciens Chevaliers qui ont rendu des services à l’Ordre. Beneficium equitum (verbi gratia) Melitensium.

Ce fut sous le Magistère de Hugues de Revel IX, Grand Maître, que les commanderies commencèrent vers l’an 1260. Jusques-là tous les biens de la Religion étoient administrés par des Religieux comptables, & qui, après avoir pris ce qui étoit nécessaire pour leur subsistance, devoient faire passer le reste au Chef de l’Ordre, & au trésor de la Religion. Mais comme la dépense de ces Administrateurs absorboit souvent la recette, & d’ailleurs que l’Ordre, pour fournir aux frais immenses d’une guerre continuelle, avoit besoin d’un revenu fixe & certain, dans un Chapitre général tenu à Césarée, on arrêta un rôle des sommes que chaque maison enverroit à la Terre-Sainte & au trésor : & parce que dans les obédiences & les commissions, qui furent depuis données aux Chevaliers chargés de cette administration, on se servir de cette expression : nous vous recommandons ces biens, &c. Commendanus, cette administration particulière de chaque maison prit le nom de Commendataria, d’où est venu le nom de Commanderie, & le titre de Commandeur. Vertot, L. III. Ce titre n’étoit pas alors à vie, il étoit amovible, & fut substitué à celui de Précepteur, dont on s’étoit servi jusqu’alors. Vertot, ibid.

Il y a des Commanderies de rigueur qu’on obtient en son rang, & les autres de grace, que le Grand Maître donne par avance à celui qu’il choisit dans l’Ordre.

Cependant on trouve seulement dans les Statuts de l’Ordre, Commanderie de grace, & Commanderie de chévissement. Voyez Chévissement.

Les Commanderies de Malte, de S. Lazare. Il y en a aussi pour des Religieux dans les Ordres de S. Bernard, comme de Calatrava, & d’Alcantara, dans l’Ordre de S. Antoine, &c. Le Roi a érigé en Commanderies plusieurs Léproseries & Hôpitaux qu’il a