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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/752

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fort en usage dans les Ecoles de Philosophie & de Théologie. Compendium. Il signifie abrégé, précis. C’est la coutume dans l’Université de Paris de donner, avant le corps de la Philosophie, le compendium de Logique, un abrégé des principales matières qui y sont traitées,.

COMPENSATION. s. f. Estimation par laquelle on compense une chose avec une autre ; action par laquelle une chose tient lieu d’une pareille ou d’une équivalente. Compensatio. En termes de Palais, compensation est proprement un moyen de droit, par lequel le débiteur poursuivi pour le payement d’une dette, demande qu’elle soit compensée avec ce qui lui est dû par son créancier, jusqu’à concurrence. La compensation est un moyen qui peut s’opposer en tout état de cause, même après la condamnation. L’équité naturelle a établi le moyen de compensation, le Droit civil en a prescrit les règles. La compensation équipolle à un payement. La compensation est de droit, de liquide à liquide.

☞ On appelle claire & liquide, une dette certaine, non sujette à contestation, & dès à présent exigible ; ainsi on ne peut pas compenser une dette exigible ; présentement avec celle qui ne le sera que dans un certain temps, ou sous condition.

Pour que la compensation ait lieu, il faut qu’il se rencontre une ressemblance & une identité parfaite dans les choses que l’on veut compenser. On obtenoit ci-devant des Lettres de Chancellerie pour faire des compensations. La compensation des dépens se fait, quand chacune des parties réussit en quelques-unes de ses prétentions.

Compensation se dit aussi au figuré, de tout ce qui tient lieu d’une autre chose, ☞ de l’estimation des choses, dont le bien & le mal étant mis en balance, le désavantage se trouve réparé par l’avantage. Il faut faire compensation des défauts de nos amis avec leurs bonnes qualités. B. Rab.

COMPENSER. v. a. Donner en payement à un créancier une somme qu’il doit, pareille à celle qu’il demande : ou demander à la déduire, si elle n’est pas égale. Rem unam cum alia recompensare. Nous avons compensé ce que je lui devois avec ce qu’il me devoit.

Compenser, se dit aussi des choses équivalentes qui partent l’une pour l’autre, quand il intervient l’autorité des Juges, ou l’accord des parties. On a compensé la somme qu’il devoit à son maître avec les services qu’il lui avoit rendus.

Compenser signifie aussi faire l’estimation des choses dont le bien & le mal étant mis en balance, le désavantage se trouve réparé par l’avantage. Ce fermier a eu de bonnes & de mauvaises années ; les unes compensent les autres ; les bonnes qualités compensent les mauvaises. Compensare bonis vitia. Compenser les crimes avec les bonnes actions. Beneficiis maleficia pensare.

Compensée, ée, part.

COMPÉRAGE. s. m. C’est l’action par laquelle on devient compere de la personne dont on tient l’enfant sur les Fonts, ou de la personne avec laquelle on tient l’enfant de quelqu’un. Mutua affinitas, ex sacri Baptismi fontibus exorta. Ce comperage lui tient au cœur. Pat.

On dit proverbialement, tout se fait par compèrage. Le mot de compèrage exprime proprement la relation, l’affinité qui se trouve entre le parrain & la marraine d’un enfant, ainsi qu’entre le pere & la mere de l’enfant. Sous ce point de vue le compérage est regardé comme une alliance spirituelle. Voyez Parrain, Marraine.

☞ COMPERE. s. m. Patrinus. Nom qui se donne par le pere & la mere d’un enfant à celui qui a tenu cet enfant sur les fonts de Baptême ; par la marraine, à celui avec qui elle a tenu cet enfant ; & par le parrain & la marraine, au pere de l’enfant. Celui qui tient un enfant avec une fille est son compere. Il est aussi compere à l’égard des pere & mere de l’enfant, & il contracte une alliance spirituelle avec eux. On ne contracte cette alliance qu’à cause du Sacrement même du Baptême, & non point à cause des cérémonies qui l’accompagnent. Le Pape Etienne IX appelle souvent dans ses lettres le Roi Philippe I son compere, & la Reine Bertrade sa commere, & les deux Princes, leurs fils, ses enfans spirituels : ce qui fait croire qu’il fut leur parrain, & montre en même temps que ces noms sacrés par la Religion, étoient alors des titres d’honneur, loin d’être du style bas & familier, comme aujourd’hui.

Ce mot vient de compater, comme commère de commater.

Compere se dit, en discours ordinaire, de ceux qui sont bons amis & familiers ensemble. Amici, familiares. Ce sont des comperes qui sont toujours ensemble. Ce sont des festins de comperes & de commeres. La plûpart des Bourgeois se nomment comperes, & rien n’est plus ordinaire entr’eux que ces termes d’alliance. Caill.

On dit d’un homme, que c’est un bon compere, pour dire, que c’est un bon compagnon, un homme de bonne humeur & agréable. Ac. Franç.

On dit aussi burlesquement de quelqu’un, c’est un compere ; pour dire, c’est un homme fin, habile & intelligent en son métier.

On dit, en ce monde, tout se fait par comperes & par commeres, c’est-à-dire, par intrigues & par sollicitations.

Compere se dit aussi des animaux que l’on introduit parlant dans les apologues. Amicus.

Compere le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à diner commere la Cicogne. La Font.

COMPERRE, vieux verbe act. Ce mot ne se dit plus depuis long temps, il signifie acquérir ; il est formé de comparare, qui signifie la même chose.

COMPERSONNIER. s. m. terme de Coutume. C’est ainsi que se nomment les associés dans un ménage ou dans une famille, où tous les biens sont communs ; ce qui arrive souvent dans les familles de main-morte, pour conserver ses biens dans une parenté. Eorumdem bonorum socii.

Compersonnier se dit plus particulièrement de celui qui tient un héritage avec un ou plusieurs autres, à la charge de payer une redevance au Seigneur. Tous les compersonniers sont solidairement obligés. Il s’en trouve encore plusieurs en Bourgogne, en Champagne, dans le Nivernois.

☞ COMPES. s. m. plur. terme de Manufacture. Sortes de Droguets croisés, drapés qui se fabriquent en France.

Compes. s. m. terme d’Antiquité. Sortes d’entraves de fer dont étoient chargés les Esclaves Romains.

☞ C’étoit aussi un instrument pour donner la torture aux criminels.

COMPÉTANT, ANTE. adj. Voyez Compétent.

COMPÉTEMMENT. adv. D’une manière compétente, suffisamment. Legitimè, legitimo jure, ex legitima auctoritate. Il étoit âgé competemment pour intenter cette action. Ce Prévôt a jugé compétemment, après avoir fait juger sa compétence. Ce mot se dit peu.

☞ COMPÉTENCE. s. f. D’autres écrivent COMPÉTANCE. Droit qui appartient à des Juges de connoître des affaires, dont la connoissance ou l’attribution leur est donnée. On entend ici par compétence le droit qu’ont des Juges ordinaires de connoître de toutes sortes d’affaires entre les parties qui sont sujettes à leur Juridiction. Judicis legitima potestas, Jurisdictio. Les Prévôts des Maréchaux & les Lieutenans-Criminels ne jugent en dernier ressort qu’après avoir fait juger leur compétence. La compétence en matière criminelle se règle entre les Titres par le lieu du délit ou par la qualité du délinquant.