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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/783

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CON

de la Concorde à Padoue : de-là vient que le chef des Prêtres qui servoient dans ce Temple s’appeloit Concordial.

CONCORDOIS, secte d’hérétiques qui sont les mêmes que les Bagnolois. Voyez ce mot.

☞ CONCOURANTES, (Puissances) terme de Méchanique. Celles qui concourent à produire un effet, par opposition aux puissances opposées, qui tendent à produire des effets contraires.

CONCOURIR. v. n. Agir conjointement avec un autre pour produire quelque chose, joindre & réunir ses forces à celles d’un autre agent, pour produire ensemble un effet qu’elles ne peuvent produire séparément. Concurrere. Nous avons besoin que la grace de Dieu concoure avec nous pour produire de bonnes œuvres. Dieu, outre la première impression, & le mouvement général qu’il a donné à toute la nature concourt immédiatement à toutes nos actions, & à tous les événemens. En faisant concourir Dieu dans tous les événemens particuliers, il ne s’ensuit pas pour cela qu’il soit auteur du péché. Il n’est point incompatible avec la sagesse & la pureté de Dieu, qu’il concoure aux actions mauvaises. S. Evr. ☞ On le dit aussi des choses & des occasions qui semblent s’unir pour tendre à quelque fin. Je n’ai concouru à cela ni directement, ni indirectement. Tous les hommes doivent concourir au bien public.

Concourir se dit aussi des choses, des évenemens, des occasions, &c. qui paroissent se réunir pour tendre à quelque fin. Tout concourt à sa fortune, à sa perte. La sagesse de Dieu fait concourir tous les événemens, & nos passions mêmes, à ses desseins. Il faut que bien des qualités, des dispositions concourent ensemble, pour produire les merveilles que nous fait voir la nature.

Concourir, employé absolument, ou avec la préposition pour, signifie se mettre sur les rangs avec égalité de droit ou de mérite pour disputer quelque chose. Ces deux Auteurs ont concouru pour le prix d’Eloquence, ou simplement ont concouru. Ces deux Poëmes ont concouru pour le prix, ou absolument ont concouru.

☞ En matière bénéficiale, on dit que deux provisions d’un même bénéfice concourent, quand elles sont de même date, datées du même jour. Voyez Date, en matière bénéficiale & Concours.

Concourir, en terme de Géométrie, se dit des lignes & des plans qui se rencontrent. Deux lignes concourent, quand elles se rencontrent & se coupent, ou se rencontreroient, si elles étoient prolongées ; deux lignes qui concourent en un point.

CONCOURME. s. f. Autrement Terra merita. Drogue propre à teindre en jaune.

CONCOURS. s. m. Action réciproque des personnes, ou des choses qui agissent ensemble pour une même fin. Concursus. Le concours du Soleil & des Astres est nécessaire pour la production de toutes les choses sublunaires. Dieu prête son concours immédiat pour tous les événemens. Jur. C’est relever la Majesté de Dieu, que de mettre toutes les opérations des créatures dans une perpétuelle dépendance de son concours immédiat. Id. Si les causes secondes n’avoient pas besoin du concours immédiat de Dieu pour agir, elles auroient une espèce d’indépendance qui seroit injurieuse au Créateur immédiat. Quoique Dieu ait imprimé à toutes les créatures la vertu nécessaire pour la fin à laquelle il les a destinées, elles attendent néanmoins un concours particulier, & une nouvelle influence du Créateur pour chaque événement. Le concours de Dieu pour l’action des causes secondes suffit, sans les secours de la prédétermination. La matière aveugle peut-elle par un concours fortuit produire une machine aussi admirable que le corps humain ? Jacq.

CONCOURS, terme de Grammaire. Rencontre de voyelles. On appelle dans la versification françoise un vicieux concours de voyelles, lorsqu’on place de suite deux mots, dont le premier finit par une voyelle autre que l’e muet, & le second commence par quelque voyelle que ce puisse être. C’est à ce vicieux concours, ou vicieuse rencontre de voyelles, que l’on a donné le nom d’hiatus, parce qu’en effet on ne sauroit passer immédiatement d’une voyelle à l’autre sans une manière de baillement qui rend la mesure extrêmement languissante. Voyez Hyatus. Il faut remarquer que les mots qui commencent par une h douce, sont regardés comme n’ayant à leur tête que la voyelle qui suit cette H. Mourg. Nos anciens Poëtes n’évitoient pas avec soin ce concours des voyelles, qu’on ne peut souffrir aujourd’hui, que la versification est plus exacte. Marot a dit dans une épigramme,

Cy gist qui assez mal prêchoit.

C’est la même faute lorsqu’après une voyelle ou une diphtongue, il suit une h qui n’est point aspirée, comme dans ce vers,

Le vrai honneur n’est plus que bagatelle.

Mais on peut se dispenser de cette exactitude, quand on cite quelque proverbe, ou quand l’expression est heureuse & ingénieuse, comme a fait Ménage dans les vers suivans.

Cy dessous gist Monsieur l’Abbé
Qui ne savoit ni A, ni B.
Dieu nous en doint bientôt un autre,
Qui sache au moins sa patenôtre.

Le concours des voyelles n’est point vicieux aussi, lorsque le second mot connivence par une h aspirée.

Un clerc pour quinze sous sans craindre le hola,
Peut aller au parterre attaquer Attila. Despreaux.

Concours se dit aussi en parlant des Bénéfices, ou Cures, qui se donnent à ceux qui ont le plus de capacité & de mérite, dans les lieux où le Concile de Trente est reçu, conformément à la session 24, ch. 18 de reform. La Cure est exposée à la dispute entre ceux qui y prétendent, & cette dispute se fait devant des Juges préposés par l’Evêque, afin que le Bénéfice soit donné au plus digne. Digniori. Quoique cette coutume ne soit point reçue en France, à cause du Concordat, & parce qu’elle prive les Patrons & les Collateurs de leur droit, elle subsiste néanmoins encore dans les pays conquis par le Roi depuis le Concordat, où le Concile est reçu ; il y a eu néanmoins un Arrêt du Parlement de Paris en 1660, le 12 Janvier, par lequel les Cures de l’Artois, qui dépendent des Abbés Collateurs de plein droit en sont exemptes.

☞ Il n’y a pas long temps que le concours se faisoit à Rome pour les Cures de Bretagne. Depuis Benoît XIV, il se faisoit devant l’Evêque diocèsain & six Examinateurs par lui choisis.

Concours se dit aussi en matière bénéficiale, lorsqu’un Collateur a donné le même Bénéfice à deux personnes, le même jour de vacance, ou lorsque deux Collateurs différens ont pourvu en même temps.

Concours entre gradués, lorsque plusieurs gradués ont requis un même Bénéfice en vertu de leurs grades.

☞ Lorsque le même collateur a donné des provisions le même jour à deux personnes pour le même Bénéfice, sur le même genre de vacance, sans qu’on puisse justifier quelles sont les premières, alors les deux provisions se détruisent mutuellement, parce qu’on ne sait auquel des deux contendans le collateur a entendu donner le Bénéfice. C’est pour cela qu’on retient des dates en Cour de Rome, afin que dans le cas de concours on puisse enfin obtenir des provisions sur une date pour laquelle il n’y ait point de concours.

☞ Quand il y a concours entre le Pape & l’Ordi-