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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/784

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CON

naire, il est de règle que le pourvu par l’Ordinaire est préféré.

☞ Entre deux pourvus, l’un par l’Evêque, l’autre par son Grand-Vicaire, le premier est aussi préféré.

Concours signifie aussi un amas de plusieurs choses, ou personnes qui sont assemblées. Concursus. Il y a eu un grand concours de peuple à ce sermon, à cette fête. On regarde le concours qui se fait dans les Eglises aux fêtes solennelles, comme des assemblées de cérémonie, plutôt que de dévotion. Fléch. Epicure croyoit que le concours des atômes avoit produit tous les êtres.

☞ Dans le premier cas, concours signifie affluence de monde en quelqu’endroit. Dans le second, choc, rencontre des atomes.

Concours en matière civile. Concurrence entre personnes qui prétendent avoir droit au même objet. Quand il y a concours de privilèges entre créanciers, les privilèges les plus favorables sont préférés. Dans le cas d’égalité, les créanciers viennent par contribution.

CONCRESSAUT. C’étoit autrefois une ville murée, & la nouvelle coutume de Berry la met au nombre des villes Royales de cette Province dans laquelle elle est. Quelques-uns croient qu’elle s’est appelée autrefois Concordiæ saltus, le bois de la Concorde, mais sans nulle raison, ni témoignage d’aucun Auteur ancien. Dans tous les titres Concressaut est appelé Cucurciandium, Concorcellum, Concorcialdum ou Concorzaldum, Concurcallum. C’est une Châtellenie, qui a eu ses Seigneurs particuliers depuis 800 ans, ou environ. Concressaut a une Prévôté & un Bailliage.

☞ CONCRET, ÈTE. adj. terme didactique, d’usage en Grammaire & en Logique. Le terme concret marque la substance même revêtue de ses qualités, telle qu’elle existe dans la nature. L’abstrait désigne quelqu’une de ses qualités considérée en elle même & séparée de son sujet. Concretus, abstractus. Voy. Abstrait dont concret est l’opposé & le corrélatif. Savant, rond, cassé, &c. sont des termes concrets, qui expriment des qualités unies à leurs sujets ; Science, rondeur, &c. sont des termes abstraits, qui expriment des qualités considérées solitairement, comme séparées de leurs sujets.

☞ Ce terme est quelquefois employé substantivement, en terme de Philosophie naturelle, pour signifier un corps composé de différens principes. Dans ce sens c’est à peu-près la même chose que mixte, & l’on distingue des concrets naturels, & des concrets artificiels. L’antimoine est un concret naturel, & le savon un concret artificiel. Harris.

Concret, terme de Chimie dont on se sert pour exprimer une chose fixée, endurcie, épaissie ou coagulée. On appelle sel volatil concret, un sel volatil fixé par quelque acide qui l’empêche de s’élever & de se sublimer à la chaleur, ou de se fondre à l’humidité. Ce mot vient du latin concrescere, se condenser, s’épaissir. Col de Villars.

Les nombres concrets, en termes d’Arithmétique, sont ceux qui sont appliqués à marquer, à exprimer quelque sujet particulier, comme deux hommes, trois livres, demi-écu. Mais s’il n’y a rien qui soit joint au nombre, alors le nombre est abstrait, & pris universellement. Ainsi 3 signifie un composé de trois unités, soit d’hommes, soit de poids, ou de quelque autre chose qu’il plaira. Harris.

CONCRÉTION. s. f. terme didactique, se dit en général de l’action par laquelle les corps mous ou fluides, deviennent durs. Concretio. Il se dit également de l’endurcissement, de l’épaississement, de la coagulation & de la condensation.

Concrétion est encore l’union de plusieurs petites particules d’un corps naturel, dans une masse sensible nommée concret, en sorte que par cette union, ce corps ait telle ou telle figure, telles ou telles propriétés. Harris.

☞ C’est ainsi qu’on dit qu’une concrétion ligneuse forme les louppes & les autres éminences ligneuses qu’on voit sur les arbres.

☞ On appelle de même concrétions, en termes d’histoire naturelle, des substances pierreuses ou terreuses, qui sont formées dans l’eau ou qui ont été charriées par ce fluide dans des cavités souterraines, & s’y sont durcies sous différentes figures. Les Stalactites, les Stalagmites, les congélations, &c. sont des concrétions.

CONCREU. s. m. terme d’Agriculture. Fruges terræ. On trouve ce mot dans quelques Patentes & Ordonnances ; il est expliqué dans une du mois de Janvier 1576. Suivant cette explication par concreu, on entend blé, grains & autres fruits provenans des terres labourées & ensemencées.

Conçu, ue. part. Voyez Concevoir.

CONCUBIN. s. m. Concubinus. Ce mot se trouve dans les Auteurs de Droit. On dit aujourd’hui concubinaire.

CONCUBINAGE. s. m. Ce mot signifie toute conjonction illicite, & comprend les adultères, les incestes & les simples fornications : on restraint quelquefois la signification de ce mot, & parmi nous il signifie le commerce charnel d’un homme & d’une femme libres, c’est-à-dire, qui ne sont point mariés ensemble ni avec un autre. Concubinatus. Le concubinage a été autrefois toléré ; mais chez les Chrétiens il est défendu & scandaleux. Quand cette expression se trouve dans les constitutions des Chrétiens, elle signifie ce que nous appelons aujourd’hui mariage de conscience ; en ce sens, le concubinage a été permis, & l’est encore aujourd’hui. Le concubinage, qui a été toléré chez les Romains du temps de la République & des Empereurs Payens, étoit un concubinage entre deux personnes qui pouvoient contracter mariage ensemble. On ne refusoit pas même l’hérédité paternelle aux enfans sortis de ce commerce toléré. Les Romains regardoient le concubinage entre deux personnes libres comme une espèce de mariage ; c’est pourquoi ils lui ont accordé des privilèges. Mais il falloit que ce concubinage fut réduit à l’unité, parce qu’en le permettant à la fragilité humaine, l’on ne prétendoit pas autoriser cette passion brutale, qui ne se satisfait que dans le nombre des femmes débauchées. Ainsi le concubinage avoit la figure, & l’ombre du mariage. Hotman dit que les loix Romaines permettoient le concubinage long temps avant que Jules César eût fait une loi, qui permettoit à chacun d’épouser autant de femmes qu’il voudroit. L’Empereur Valentinien permir d’en épouser deux, comme disent Socrate, Paul Diacre & Nicéphore. Un Evêque a appelé la pluralité des Bénéfices, un concubinage spirituel.

Concubinage, en parlant de l’antiquité, signifie un mariage fait avec moins de solennités, que celui qu’on appeloit solennel ; mariage avec une femme d’une condition trop basse, & à laquelle le mari ne donne point son rang ; mariage de la main gauche. Matrimonium cum femina inferioris conditionis. Voyez au mot Concubine. Le plus grand Jurisconsulte que la France ait vû (Cujas ad cap. Inhibendum est, de cohabit. Cleric. & mulier. Idem Paratitl. in leg. 5, cod. de concub. Idem L. VII, respons. In commentar. ad leg. 3, cod. de natural. liber. & quib. caus. just. fiant. Leg. si uxor. 13. ff. ad leg. Juliam de adulter.) dit que le concubinage étoit une conjonction si légitime, que la concubine pouvoit être accusée d’adultère, comme la femme ; que les loix permettoient d’épouser à titre de concubine certaines personnes, que l’on considéroit comme inégales, par le défaut de quelques qualités qu’il falloit avoir pour soûtenir le plein honneur du mariage ; & qu’encore que le concubinage fut au dessous du mariage pour la dignité & pour les effets civils, le nom de concubine étoit pourtant un nom d’honneur, bien différent de ce-