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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/895

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CON

Princes Chrétiens. Maucr. La nécessité des affaires le convia à se réconcilier. Roc.

Heureuse incertitude ! aimable obscurité !
Par où la divine bonté
A veiller, à prier sans cesse nous convie. L’Ab. Tétu.

Convier, v. n. vieux mot qui signifioit manger ensemble. Convivere.

Convié, ée. part. Invitatus.

On le dit aussi au substantif. C’est un des conviés à la noce. Jésus-Christ a fait une parabole des conviés à son festin, des conviés aux noces. Il y avoit grand nombre de conviés à une telle fête. C’étoit un proverbe chez les Grecs : Je hais le convié qui a de la mémoire, c’est-à-dire, le convié qui va révéler les secrets de la table.

CONVIS. s. m. & pl. vieux mot. Festins. Epulæ. Je crois que c’est plutôt convict, & au plurier convicts, du latin convictus.

CONVIVANT. s. m. Qui vit avec d’autres. Convivens. Il y a dans la congrégation de S. Gabriel en Italie, des convivans & des confluans. Les premiers vivent ensemble. Les seconds ne vivent pas ensemble, mais se rendent à certains jours dans un même lieu destiné pour leurs assemblées. Conviventi est le mot Italien,

CONVIVE, & m. Celui qui est invité & qui assiste à un repas avec d’autres personnes. Conviva. Il faut avoir un tel à souper, c’est un bon convive. Il n’y avoit que des convives choisis à cette réjouissance.

Convive. s. m. vieux mot, état des choses ; situation des affaires. Rerum status. La Chronique de Flandre, c. 19, dit, quand la Reine de France fut leur convive, & qu’ils avoient ordonné. Et c. 23. S’il vous plait nous ferions monter aux échelles, si saurions le convive d’eux. Jean de Mehun, en son Testament manuscrit dit :

Les uns prennent les Rois, & les autres les Roines…
Pour sçavoir les secrets des cœurs, & les convives.

☞ CONVOCATION. s. f. invitation, ordre, avertissement donné à plusieurs personnes pour se rassembler, soit pour des affaires générales, soit pour des affaires particulières. Convocatio. On a fait une convocation des Prélats pour tenir un Concile. Le ban & arrière-ban sont des convocations de la noblesse pour aller à la guerre. On fera la convocation des États de Bretagne, de Languedoc, au deuxième du mois prochain.

Le Conseil ayant jugé nécessaire d’assembler les États de Castille, on ne put jamais obtenir de la Reine qu’elle signât les lettres de convocation. Fléch. Vie de Xim. L. II, p. 221.

On le dit aussi de quelques assemblées de familles ou de petites communautés. Ce mariage s’est fait à la hâte, il n’y avoit point de convocation de parens. L’élection de ce Marguillier est contestée, parce qu’il n’y a point eu de convocation de paroissiens.

Ce mot vient du latin convocatio.

CONVOI. s. m. Transport d’un mort, de la maison au lieu de la sépulture ; assemblée qui accompagne un corps mort qu’on porte au lieu de la sépulture avec les cérémonies funèbres. Pompa funebris : Vous êtes priés d’assister au convoi, service & enterrement. Il y a deux sortes de convois ; l’un général, lorsque tous les Ecclésiastiques habitués d’une Paroisse accompagnent un corps qu’on porte en terre. L’autre s’appelle convoi de chœur, & c’est lorsqu’il n’y a que les écclésiastiques qui composent le chœur de la Paroisse qui accompagnent le corps.

Convoi, terme usité dans l’art militaire pour signifier une quantité de provisions, de vivres, de munitions, d’argent, &c. escortés par un corps de troupes, que l’on fait passer dans un camp ou dans une ville assiégée. Commeatus. Préparer un grand convoi.

☞ On dit en ce sens battre un convoi, c’est-à-dire l’escorte qui l’accompagne. Attaquer, surprendre un convoi.

On le dit aussi des navires de guerre qu’on donne pour escorte à des navires marchands. On appelle encore convoi, une flotte de vaisseaux marchands, avec son escorte.

Convoi de Bordeaux. Bureau du Roi établi en la ville de Bordeaux, pour la perception des droits qui se levent par mer seulement, sur six ou sept sortes de marchandises, comme sur les vins, eaux de-vie, prunes, &c.

L’origine de ce droit vient de ce qu’anciennement, les bourgeois & marchands de Bordeaux, pour la sûreté de leur commerce, faisoient des armemens pour escorter les vaisseaux qu’ils envoyoient sur Mer, & pour survenir à cette dépense, ils s’imposoient eux-mêmes certains droits à proportion des marchandises qu’ils envoyoient & chargeoient sur les vaisseaux. Dans la suite, le Conseil ayant trouvé plus convenable de donner des escortes pour convoyer les vaisseaux marchands Sa Majesté ordonna qu’il seroit établi en la ville de Bordeaux, un bureau de convoi, pour la perception de ce droit à son profit, au moyen de quoi Sa Majesté équiperoit & armeroit à ses frais, les vaisseaux nécessaires pour escorter les vaisseaux marchands qui appartiendroient aux habitans de la ville de Bordeaux.

Convoi se dit pareillement du droit même dont on fait recette dans ce bureau.

☞ CONVOIER. Voyez Convoyer.

CONVOITABLE. adj. m. & f. Qui peut être convoité & désiré. Expetendus, desiderabilis. Il n’y a rien en ce monde qui soit véritablement convoitable, que la vertu.

Ce mot est vieux, & ne se dit plus qu’en riant.

CONVOITER, v. a. desirer ardemment le bien d’autrui. Aliquid ardenter expetere, concupiscere. Il est défendu par le Xe commandement de convoiter le bœuf ni l’âne de son voisin, ni aucune chose qui lui appartienne. Ce mot n’est d’usage que dans la Théologie morale, & il suppose toujours un objet illicite & défendu par la loi de Dieu. On convoite la femme ou le bien d’autrui.

Ce mot vient du latin convotare. Men. D’autres croient qu’il vient de hait, vieux mot françois, qui signifie joie & allegresse.

Convoité, ée. part. Desideratus, appetitus.

CONVOITEUX, EUSE. adj. Qui convoite, qui desire le bien d’autrui. Ce mot est vieux & n’est plus en usage. Appetens, percupidus, avidissimus.

CONVOITISE. s. m. concupiscence, desir de posséder le bien ou la femme d’autrui. Cupiditas. La convoitise des richesses est la source la plus ordinaire de tous les péchés. Dans les accès de la convoitise, se jeter dans la neige pour résister aux tentations de la volupté charnelle. Bayl. La convoitise de régner est la plus forte des passions. Suivre ses convoitises, s’abandonner à ses convoitises, se laisser maîtriser par ses convoitises, dompter ses convoitises, &c. Il est hors de doute que ce plurier est usité. Les exemples suivans vont en convaincre. Que le péché ne domine donc point dans votre corps mortel, en sorte que vous vous soumettiez à ses convoitises. Bouh. Ep. aux Rom, VI, 12. Pour ceux qui apartiennent à Jesus-Christ, ils ont crucifié leur chair avec les vices & les convoitises. Id. Galat. V, 14. D’où viennent les dissensions & les querelles qui sont parmi vous ? N’est-ce pas de ceci, de vos convoitises, qui sont une guerre dans vos membres ? Id. Ep. de S. Jacq. IV 1. Vous demandez & vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal pour fournir à vos convoitises.

CONVOLER, v. n. terme de Palais. Il se dit des veuves qui se remarient. Ad alterum conjugium transire, ad secundas, tertias nuptias con-