Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/972

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
964
COU

Coulisse, terme d’Horlogerie. C’est un demi-cercle sous lequel le râteau du ressort spiral se peut mouvoir.

En termes de Théâtre, on appelle coulisse l’espace qui est entre les pilastres qui sont aux deux côtes du Théâtre, & qui servent a la décoration. C’est par les coulisses que les Acteurs s’introduisent sur le Théâtre, & qu’ils en sortent. On donne encore par extension le nom de coulisse à l’espace qui est derrière les pilastres, & aux pilastres mêmes. Cet Acteur est entré par une des coulisses du devant du Théâtre, & est ressorti par une du fond. Cette Actrice étoit appuyée contre une des coulisses. L’Auteur, le Poëme à la main, s’assit dans les coulisses à portée de souffler. Ce mot vient de ce que dans les changemens de décoration on en fait couler une nouvelle sur celle que l’on veut cacher, ou en faisant couler celle de dessus, afin d’en découvrir une autre qui est dessous. Les petits maîtres vont dans les coulisses courtiser les Héroïnes de Théâtre, ou pour lorgner à leur aise les belles qui sont dans les loges. La ville est bonne, & l’on y rencontre souvent des sujets qui valent bien les Princesses de coulisses. Le Sage.

Et méprisans de vains lauriers,
Bornent tous leurs exploits guerriers
A lorgner dans une coulisse
Quelque belle au tendre regard ;
Laquelle aussi n’est pas novice
A contre-lorgner de sa part. Regnard.

Coulisse, terme de Blason, qui se dit d’un château & d’une tour qui ont la herse ou la coulisse à la porte. Castellum cataractâ, portâ instructum.

Les Imprimeurs appellent coulisse de galée, la pièce de bois sur laquelle le Compositeur arrange ses lignes. Tabella hinc & illinc per canalem ductilis.

☞ COULISSOIRE. s. f. petite écouenne dont les facteurs de musette se servent pour creuser les coulisses des Bourdons. Encyc.

☞ COULOGNE, petite ville de France, dans la Gascogne Toulousaine, à sept lieues de Toulouse, en allant vers Leytoure.

☞ COULOIR. s. m. C’est ainsi qu’on appelle un petit vaisseau dont on se sert pour couler le lait à mesure qu’on le tire. Colum. C’est une espèce d’ecuelle, ordinairement de bois, qui au lieu de fond, a un morceau de linge à travers duquel le lait passe.

Couloir se dit, en architecture, d’un passage de dégagement d’un appartement à un autre. On le dit particulièrement en marine, pour exprimer le passage qui conduit dans les chambres du vaisseau. Iter ab une loco in alium pervium. On dit aussi en marine, courier & couroir.

☞ En anatomie, on donne ce nom aux vaisseaux qui contiennent les liqueurs du corps humain. Les couloirs de la bile. VOyez Vaisseaux, terme d’Anatomie.

COULOIRE. s. f. Passoire, vaisseau troué pour faire passer une liqueur, pour faire égouter ce qui est trop humide, ☞ ou le suc de quelque substance acide que l’on reçoit dans un autre vaisseau pour en faire un coulis, une sauce, &c. Une couloire d’Apothicaire. Une couloire de pressoir. Colum.

COULOMB. s. m. pigeon. Columbus. C’est un vieux mot.

☞ COULOM-CHA, nom que l’on donne en Perse aux Gentilshommes que le Roi envoie aux Gouverneurs des Provinces, aux Vice-Rois, & autres personnes considérables. Ce mot signifie esclave du Roi, non qu’ils soient esclaves, mais pour marquer seulement qu’ils sont entièrement dévoues au service du Souverain. Ce sont la plûpart des enfans de qualité, élevés dès leur jeunesse à la Cour, pour s’y rendre capables des plus grands emplois. Le Roi les envoie porter ses présens ou ses ordres aux Gouvernemens. Celui vers lequel ils sont envoyés doit leur donner un riche habit à leur arrivée, & un présent convenable à leur qualité, quand ils s’en retournent. Souvent même le Roi taxe le présent qu’on doit faire à son Coulom-cha : dans ce cas on est obligé de le payer d’abord, comme une dette, & de faire encore des libéralités selon le mérite de l’envoyé, & le crédit qu’il a à la Cour. Chardin. Voyage de Perse.

COULOMMIERS, petite ville de commerce, agréablement située à treize lieues de Paris, & à quatre de Meaux entre l’Orient & le Midi. Elle est assise sur un bras du Grand-Morin, qui forme en cet endroit une île assez étendue, où Catherine de Gonzagues, Duchesse de Longueville, fit bâtir au siècle passé un magnifique château. Il y avoit là un Prieure considérable sous le nom de Ste Foi, & de la dépendance de l’Abbaye de Conques. Il est maintenant sécularisé. Hist de l’Eglise de Maux, tom. 1, p. 126.

COULON. s. m. vieux mot qui signifioit pigeon. Columbus. Le Roman de la Rose dit, simple étoit comme sont coulons. On se sert encore de ce mot en quelques endroits, comme en Artois.

COULPE. s. f. terme de dévotion. Tache du péché qui prive le pénitent de la grâce de Dieu. Culpa. Les Théologiens distinguent deux choses dans le péché ; la coulpe, qui est remise au Sacrement de Pénitence ; & la peine qui demande satisfaction. La charité parfaite emporte la coulpe & la peine.

Coulpe se dit sur tout dans les Monastères où les Moines disent leurs coulpes au Chapitre, c’est-à-dire, qu’ils avouent publiquement devant leurs frères assemblés les fautes qu’ils ont commises. On leur dit quelquefois aussi leur coulpe, c’est-à-dire, que l’Abbé ou le Supérieur les en avertit, les en reprend en public. Dans les Monastères de Filles, on dit aussi sa coulpe. Il est visible que coulpe vient du latin culpa.

Quelques Jurisconsultes françois se servent aussi de ce terme, en expliquant les espèces différentes de fautes que peut commettre le locataire ; par exemple, pour être responsable, ou non, du dommage, ou de la perte de la chose. La première est lata culpa, une ignorance grossière, une extrême négligence. La seconde, culpa levis ; une coulpe légère. La troisième, culpa levissima ; la coulpe très-légère. H, M.

COULT. s. m. espèce de bois qui sert à la Médecine, & à la Marqueterie. Il croît dans la nouvelle Espagne.

COULURE. s. f. action par laquelle une chose coule. Fluxus. Il ne se dit guère qu’en ces phrases. Ce que les Fondeurs craignent le plus, c’est la coulure du métal hors de leurs moules. La coulure est la portion du métal qui s’échappe du moule quand en jette la pièce. La coulure de la vigne est ce qui arrive quand la fleur de la vigne qui doit former le grain de raisin, au lieu de se nouer à la grappe, s’en détache, & coule à terre par quelque mauvais temps. Roratio.

☞ La sève interrompue dans son mouvement par quelque cause que ce soit, cesse de nourrir les fleurs qui tombent sans donner de fruit : ou bien, si pendant la fleur de la vigne il survient une pluie abondante qui emporte les sommets & la poussière qui est nécessaire pour féconder les plantes. (Voyez Étamines & Sommets.) La vigne coule, point de raisin. C’est la même chose pour les blés quand ils sont en fleur.

COULURES. s. f. pl. termes de Pêcheurs : ce sont les deux longues cordes de crin qui bordent le haut & le bas de leur seine, où l’on attache les lièges par en haut, & les pareaux ou cailloux par en bas.

COUODO. s. m. mesure de Portugal, qui contient deux aunes & un quart de Hollande : cette aune faisant cinq septièmes de l’aune de Paris.

☞ COUP. s. m. Choc, mouvement plus ou moins violent d’un corps qui tombe sur un autre. Impression que fait un corps sur un autre, en le frappant, le perçant, le divisant, &c. Ictus. Coup de pié, de poing, d’épée, de pistolet. Donner un grand, un