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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/988

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COU

Courçon est aussi le nom qu’on donne à une sorte de fer. Le fer de courçon est par gros morceaux de deux, trois & quatre piés de long, & de deux pouces & demi en quarré.

☞ On appelle encore courçon, le bois qui n’a pas la longueur marquée par l’Ordonnance.

On donne encore le même nom à des pièces qui restent dans les rivières de quelques batardeaux qu’on y a faits, & qui blessent quelquefois les bateaux.

COUREAU. s. m. Vieux mot françois, qui signifioit barres, coulisses & verroux. Vectis, pessulus. On le trouve en plusieurs Coutumes, & il se dit encore dans les Provinces, aussi bien que courou. Ce mot vient de courir.

On appelle aussi coureau un petit bateau de la Garonne qui sert à charger les grands.

COURÉE, COUROT, & COUROI, termes de Marine. Composition de suif, de soufre, de résine & de verre pilé, dont on frotte les vaisseaux pour les mettre en mer, ou pour faire un voyage de long cours, pour conserver le bordage. Pice, sebo, sulphure, resinâ, navem linere. Quand on dit, suiver un bâtiment, c’est lui donner la courée. Picare.

Courée se dit en quelques endroits pour une fressure de mouton. Viscera, intestina. C’est la même chose que corée.

☞ Ces mots courée & corée ne sont d’usage que dans quelques Provinces parmi le peuple, pour désigner une fressure.

☞ COURESE. Curretia. Rivière de France dans le Limosin, qui a sa source près de Tulle, passe à Brive, & se jette dans la Vésère.

COURET. Voyez Courée.

COUREUR. s. m. Léger à la course, qui se pique de bien courir. Cursor, stadiodromus. Aux Jeux Olympiques il y avoit des Lutteurs, des Coureurs & autres gens excellens en toutes sortes d’exercices.

Coureurs, en termes de Guerre, sont des Cavaliers détachés pour battre l’estrade, pour aller aux nouvelles & à la découverte des ennemis. Speculatores, exploratores, antecursores. On le dit aussi de ceux qui font la petite guerre.

Coureur, en termes de Manège, est un cheval de selle propre pour la course, & particulièrement pour la chasse. Equus cursor. Ce Seigneur a une vingtaine de coureurs dans son équipage de chasse.

☞ On appelle coureur de bague, coureur de têtes, celui qui court la bague, les têtes, qui est propre pour cela. Voyez ces mots.

☞ On appelle aussi coureur, un homme qu’on trouve rarement chez lui, qui va, qui vient, qui est souvent en ville ou en voyage. Vagus, erro, errabundus. C’est un coureur perpétuel qu’on ne trouve jamais à la maison.

Coureur signifie aussi un inconstant en amour, qui en va conter à toutes les femmes. Levis, inconstans, varius. Une Dame de mérite veut de l’attachement, & ne sauroit aimer un coureur.

☞ On appelle coureurs d’inventaire, ceux qui sont dans l’habitude d’aller aux inventaires. On dit familièrement dans le même sens, coureur de sermons, d’indulgences, de concerts, &c. Assiduus in mensarum assecla, qui court les bonnes tables. Coureur de Bénéfices, celui qui est âpre à chercher des Bénéfices, qui envoie en Cour de Rome pour obtenir des provisions ou par mort, ou par dévolut. Dom Diego Lucifugue de Quevedo étoit un coureur d’aventures nocturnes, & on l’appeloit le coureur de nuit. Nocturnus, noctambulus, noctivagus, noctuabundus.

Coureur se dit aussi d’un jeune homme qui est aux gages d’une personne de qualité, pour aller à pié dans tous les lieux de la ville où on l’envoie, & pour en rapporter promptement des nouvelles. Cursor. Ce n’est que depuis peu qu’il y a des coureurs en France, & c’est une mode venue d’Italie.

On appelle chez le Roi, coureur de vin, certain Officier qui porte à la suite du Roi, à la chasse & ailleurs, du vin, de l’eau & de quoi faire collation.

COUREUR de bois du Canada. Ce sont les habitans de ce pays, François de nation ou d’origine, qui vont trafiquer de pelleteries avec les Sauvages, amis de la nation françoise.

☞ COUREUSE. s. f. Ce mot ne s’emploie plus dans la signification de coureur. L’idée accessoire que nous y avons attachée, fait qu’il est toujours pris en mauvaise part, pour signifier une femme ou une fille prostituée. C’est une coureuse, une infâme. Vénus n’est plus la mère des tendres amours, c’est aujourd’hui une coureuse & une effrontée, qui se prostitue à tout le monde. G. G. On dit dans le même sens, une coureuse de pont-neuf, de remparts. Les latins les appeloient, Vaga femina, vagabunda, prostibulum.

COURGE. s. f. Cucurbita longa folio molli, flore albo. Plante qui est du même genre que la calebasse ; elle n’en diffère que par la figure de son fruit qui est alongée. Voyez Calebasse. Il y en a de cultivées & de sauvages. Les courges de jardin qu’on mange sont de trois sortes, longues, rondes & plates, mais ne diffèrent que par la figure. Matthiole dit qu’on en peut changer la forme par art, en choisissant les graines : & que celles qui sont le plus près du cou font venir les longues, celles du milieu les rondes, & celles des côtés les courtes & les plates. Que si on veut avoir de grosses courges, il en faut planter la graine sens dessus dessous. ☞ Si Matthiole dit cela, l’expérience prouve le contraire. La semence de courge est une des quatre grandes semences froides.

Il y en a qu’on nomme courges d’Inde, parce qu’elles sont venues des Indes occidentales, qui se conservent toute l’année, qui sont de différente grandeur, forme & couleur, mais de même température que les nôtres. Leur feuille est semblable à celle de la vigne, leur queue & leurs sarmens gros, âpres & velus, leur fleur semblable à celle du lis, & leur graine a une amande plate. La coloquinte est une espèce de courge sauvage. Colocynthis.

Courge se prend le plus souvent pour le fruit. On mange la courge apprêtée comme le concombre.

Courge signifie aussi un bâton qu’on met sur l’épaule, aux deux bouts duquel on attache des seaux pour porter de l’eau dans les ateliers. Baculus sustinendis utrinque situlis.

Nicod croit que ce mot est corrompu de courbe, & est ainsi appelé à curvitate.

Courge, en Architecture, est une espèce de corbeau de pierre ou de fer, qui porte le faux manteau d’une ancienne cheminée, Mutulus.

COURGIE. s. f. Vieux mot qui veut dire fouet, & qui est la même chose que Corgie.

COURIER. s. m. (l’Acad. écrit courrier) Postillon qui fait métier de courir la poste, de porter des dépêches. Cursor, veredarius. Il a été dépêché un courier extraordinaire pour cette affaire, parce que l’ordinaire étoit parti. Il y a des offices de Couriers du Cabinet, le Maître des Couriers.

☞ On appelle Courier du Cabinet ceux qui portent les dépêches du Roi ou de son Conseil.

☞ On appelle aussi courier tout homme qui court la poste, quoiqu’il ne porte aucunes dépêches. Voyez Poste.

L’antiquité a eu aussi ses couriers ; elle en a eu de trois sortes : des couriers à pié, que les Grecs appeloient hemerodromi, c’est-à-dire couriers d’un jour. Diarii cursores. Pline, L. II, c. 71, VII, c. 20. Cornelius Nepos, L. I, c. 4. César, Comment. L. VII, c. 3, parlent de certains de ces couriers qui avoient fait 20, 30 & 36 lieues en un jour, & jusqu’à 40 dans le Cirque pour remporter le prix ; des couriers à cheval qui changeoient de chevaux comme on fait aujourd’hui. L’usage des couriers est même beaucoup plus ancien. Xénophon l’attribue à Cyrus, L. VIII de la Cyropédie. Hérodote, L. VIII, c. 97 & 98, dit qu’il étoit ordinaire chez