Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1050

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2021
2022
ÉTHIOPIENNE (VERSION) DE LA BIBLE


l’Ecclésiastique, qui s’y trouve mentionné deux fois et donc une fois de trop. (Canones Apostolorum sethiopice, Leipzig, 1871, p. 24. M. Goldschmidt a reproduit le texte éthiopien de ce canon dans sa Bibliotheca sethiopica, . 8-9.) D’autres documents, au contraire, remplacent les trois livres des Jubilés par trois autres apocryphes dits " ! es Machabées. (Bibl. Nat., n° 50, fol. 19, v » ; Zotenberg, Calai., p. 51 ; Ant. d’Abbadie, n° 65, 9. Cf. Ludolf, Historia sethiopica, 1. iii, c. rv ; cet auteur ne compte que deux Machabées apocryphes.) Les trente-cinq livres du Nouveau Testament éthiopien comprennent les vingt-sept de notre Vulgate, plus les huit livres des Constitutions apostoliques, nommés encore livres de Clément. Telle est la numération du Codex 50 de la Bibliothèque Nationale (Zotenberg, Catal., p. 51.) D’autres, au lieu des huit livres de Clément, ne comptent que ses deux épîtres, ou même excluent tout apocryphe et s’en tiennent à nos vingt-sept livres canoniques. Voir Fell et Goldschmidt, loc. cit. ; Dillmann, dans Ewald’s Jahrbiichei ; t. v, p. 147 et suiv.

Les Abyssins ont-ils fait une différence entre les livres protocanoniques et les livres deutérocanoniques ? Il n’y paraît aucunement, soit que l’on considère les listes qui énumèrent les livres sacrés, soit que l’on regarde leur place dans les manuscrits. Le Canon des Apôtres de Fell, par exemple, donne la disposition suivante pour les livres du Nouveau Testament : les quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean), les Actes des Apôtres, les deux Épîtres de saint Pierre, les trois de saint Jean, Jacques, Jude, les quatorze Épîtres de saint Paul, l’Apocalypse, les deux épîtres de Clément. Il est évident que les sept deutérocanoniques (Hébr., Jac, II Petr., II et III Joa., Jude et Apoc.) sont mis dans ce canon sur le même pied que les protocanoniques. De même, que l’on consulte nos manuscrits, Abbadie, n< « 9, 119, 164 ; Paris, n° s 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, et l’on verra partout nos deutérocanoniques unis et mêlés aux protocanoniques, sans que rien indique une différence entre eux au point de vue de l’autorité divine ou de l’inspiration.

S’agit-il des sept livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament ( Tobie, Judith, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch, I et II Machabées) ? Nous trouvons toujours les cinq premiers rangés et confondus sans distinction avec les protocanoniques. Le même Canon des Apôtres donne, par exemple, pour l’Ancien Testament l’ordre suivant : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux des Paralipomènes, deux d’Esdras, Job, Esther, Tobie, Ecclésiaste, Psaumes, Proverbes, Ecclésiastique (pour la première fois, sous le titre de Ecclesiee cœtus), Cantique, douze petits Prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel, Ézéchiel. Et l’auteur ajoute aussitôt : « Enseignez ces [livres] à vos enfants. » Puis il continue : « Outre ces livres, il y a : la Sagesse, Judith, trois livres des Jubilés, Ecclésiastique » (pour la seconde fois, sous le titre de Jésus, fils de Sirach). La place occupée dans nos manuscrits par les mêmes livres prouve également que les Abyssins les tiennent pour canoniques au même degré que les autres. Voir, par exemple, pour Tobie, d’Abbadie, n os 35 et 205, et Paris, n° 50 ; pour Judith, d’Abb., n » 35 ; pour la Sagesse, d’Abb., n°* 16, 30, 35, 55, 149. 202, et Paris, n » 8 ; pour l’Ecclésiastique, d’Abb., n os 16, 35, et Paris, n os 6 et 8 ; enfin pour Baruch, d’Abb., n os 35, 55, 195, et Paris, n° 6.

Il ne reste de difficulté que pour les deux livres des Machabées, que l’on ne trouve pas au canon éthiopien. Il existe bien dans quelques manuscrits, par exemple, d’Abbadie, n » 55 [Catal., p. 67 ; cf. Dillmann, Lexicon, Proleg., col. si’, trois livres dits des Machabées ; mais ce sont trois apocryphes, dont le sujet est complètement différent de celui des nôtres. Ils parlent du martyre de trois Juifs sous un certain roi fl.^HjB’î'î s [Sirx’.sâyedân] (e’est-à-dire Tyr et Sidonh de l’immortalité de l’àrne et de la résurrection des morts, etc. À cette époque, c’est-à-dire en 1865, M. Dillmann en concluait que nos livres des

Machabées, ou bien n’avaient jamais été traduits en éthiopien, ou bien s’étaient perdus. En parlant ainsi, le savant professeur allait trop loin, comme il devait s’en convaincre plus tard ; car on possède des manuscrits ghe’ez qui nous donnent réellement le texte de nos deux livres des Machabées, par exemple les n os 15, 28, 31 de la collection de Magdala (Brit. Mus.) ou le n° 2 de la bibliothèque de Francfort, signalé dès longtemps par Rùppell, dans Reise in Abyssinien, Francfort-sur-le-Mein, 18381840, t. ii, p. 407. Seulement il paraît que ce sont là des traductions récentes, faites dans les deux ou trois derniers sjècles, sur le latin de notre Vulgate. Dillmann, Veteris Test, setkiopici, t. v, Prsefat. ; cf. Wright, Catalogue of ethiopic MSS, p. v. Par conséquent, ces livres n’ont lien à faire avec l’ancienne version éthiopienne dont nous parlons ici. Il n’en est pas moins intéressant de noter l’existence de ces versions nouvelles ; car leur acceptation actuelle en Abyssinie, comme aussi bien l’existence d’apocryphes ayant nom Machabées, semblent prouver au moins que jamais, en Ethiopie, on n’a rejeté positivement nos deux livres.

Chose curieuse et qu’il nous faut noter ici, les Juifs d’Abyssinie ou Falacha lisent aussi la Bible ghe’ez pour la partie de l’Ancien Testament. Or leur canon est complet, comme celui des Abyssins. C’est ce qui résulte d’une enquête faite par M. A. d’Abbadie à l’intention de M. Luzzato. Voir A. d’Abbadie, Les Falasha, dans Archives israélites de France, t. xii, 1851, p. 238 ; Luzzato, Mémoires sur les Juifs d’Abyssinie, dans Archives israél., t. xv, 1854, p. 347-349. Cf. Trumpp, dans Gôltingische gelehrte Anzeigen, janvier 1878, p. 132.

Comment il se fait qu’avec nos livres canoniques les Abyssins aient mêlé et mêlent encore aujourd’hui, dans leurs listes ou dans leurs manuscrits, un certain nombre d’apocryphes ou livres non inspirés : Hénoch, Ascension d’Isaïe, Pasteur d’Hermas, livre d’Adam, livres des Jubilés, Canons ou Constitutions des Apôtres, etc., et cela sans qu’ils se rendent bien compte de la différence d’autorité de ces écrits, il n’y a pas lieu de trop s’en étonner ; l’Église d’Abyssinie, restée toujours à l’écart, n’a pu profiter de la lumière dont les autres s’éclairent mutuellement, ni des secours qu’elles échangent pour compléter leurs traditions particulières.

II. Textes imprimés de la Bible éthiopienne. — Le Nouveau Testament a été publié en entier ; l’Ancien, en partie seulement. Voici la liste complète des textes parus jusqu’à ce jour ; nous les donnons par ordre de publication ; leur nombre n’est pas tel que le lecteur ne puisse facilement distinguer ce qui appartient à chaque partie des deux Testaments ou même à chaque livre de la Bible.

— Alphabetum seu potius Syllabarium Uttcrarum chaldsearum, Psalteriuu chaldgeum, Cantica Mosis, Hannse, etc., Cantjcum Cantiçorum Salomonis, opéra Joannis Potken, in-4, Rome, 1513, 216 pages. Remarquons, à propos de ce titre, que l’éthiopien a reçu autrefois la dénomination fautive de chaldéen. — Psalteriuu in quatuor linguis hebrœa, grseca, chaldxa (i. e. œtliiopica, ut supra), latina, cura Joannis Potken, in-4°, Cologne, 1518, 288 pages. C’est une réimpression de l’édition de 1513. — Psalterium JEthiopice, cura Joannis Potken, in-f », Cologne, 1518. — Testamentux Nofum cum Epistola Pauli ad Hebrœos tantum, cum concordantiis Evangelistarum Eusebii et numeratione omnium verborum eorumdem. Missale cum benedictione incensi, ceræ, etc. Alphabetum in lirigua… Gheez, id est libéra gui a nulla alia oricjinem duxit, et vulgo dicitur Chaidsaa. Qure omnia Fr. Petrus ( Comos) Ethyops auxilio piorum sedente Paulo III. Pont. Max. et Claudio illius regni imperatore imprimi curavit, in-4°, Rome, 1548, 226 feuillets. — Epistole XIII divi Pauli eadem linrjua cum versione latina, in-4°, Rome, 1549. C’est la seconde partie du Testamentum Novuni de Petrus Ethyops. Dans la première se trouve la quatorzième Épitre de saint