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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/114

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chant, depuis une époque reculée, mais son indication dans l’écriture est relativement récente. Couperin regrette (1713) que le clavecin soit un instrument dont « on ne peut enfler ni diminuer les sons » ; d’autres instruments le pouvaient donc. Tosi (1723) en parle comme d’un procédé déjà ancien. On le trouve indiqué dans les œuvres du claveciniste Platti (1742) et figuré, ainsi que le decrescendo, par un signe spécial, dans le traité du violoniste Geminiani (1749). Gossec écrit le mot crescendo en toutes lettres dans la partie de violon de ses Trios, op. 1, publiés à Paris en 1752. La même année, il est fait mention d’un effet d’augmentation graduelle du son dans le Te Deum de Calvière, exécuté à Paris. L’emploi qu’en fit Stamitz dans l’orchestre de Mannheim, après 1755, lui fut donc probablement suggéré par les souvenirs de son séjour en France. L’application élémentaire du C. est celle qui l’associe à une progression mélodique ascendante. En 1811, le compositeur italien Mosca plaça dans un de ses opéras un effet de C. qui fut, peu après, reproduit fortuitement ou imité par Rossini, avec un succès éclatant. Pendant quelques années, le C. fut un élément infaillible de succès pour les finales d’opéras. Dans la musique instrumentale, Beethoven en avait usé avec toute l’originalité de son génie. Il n’est aucun musicien qui n’ait présent à la mémoire l’extraordinaire C. qui relie le scherzo au finale, dans la Symphonie en ut mineur (1808). (Voy. aussi Expression.)

Crétique, voy. Pied.

Cri, n. m. 1. Son inarticulé arraché à l’homme par la douleur ou les passions. L’effort vocal nécessaire à la production du cri outrepasse les conditions normales de l’émission de la voix chantée. Les compositeurs qui l’ont introduit en des scènes particulièrement pathétiques l’ont parfois prescrit sans le noter : ainsi fait Wagner dans Tristan et Isolde, acte ii, sc. iii, en écrivant, au-dessus de la portée qui contient la partie de Brangaine : « Elle pousse un cri aigu » ; plus généralement, le degré sur lequel le cri doit être proféré est fixé par la notation. Dans quelques ouvrages récents, se remarque l’emploi d’une figure spéciale de note. Debussy figure par une note lozangée le sol sur lequel Mélisande pousse un cri d’effroi, à la vue des trois pauvres assis dans la grotte (Pelléas et Mélisande, acte ii, sc. iii). Dukas se sert du même signe pour le cri que poussent les six femmes, lorsque Ariane brise la fenêtre du souterrain (Ariane et Barbe-Bleue, acte ii). || 2. On nomme cris les appels vocaux où sont différenciées musicalement les inflexions de la voix, sans qu’il y ait chant proprement dit. Tels sont les cris des marchands en plein vent et des travailleurs de certains métiers, dont les compositeurs ont à diverses époques tiré un heureux parti descriptif. Déjà les contrepointistes italiens du xve s. s’y essayaient ; au xvie s., Clément Janequin fit des « cris de Paris » le tissu musical d’une de ses plus célèbres chansons à quatre voix. Quelques motifs semblables assurèrent le succès d’une scène de La Fanchonnette, de Clapisson (1856), avant de se voir enchâssés, avec un art infini, dans un tableau de Louise, de G. Charpentier (1900). || 3. Émission du son propre à chaque espèce animale. Le cri, fixé par l’hérédité, constitue un langage pour les individus de même espèce. Son élément primordial immédiatement reconnaissable réside dans le timbre, mais une construction mélodique et rythmique existe chez les espèces supérieures. Quoiqu’il soit difficile de les traduire musicalement, les cris des animaux ont été cependant notés plus ou moins approximativement par de nombreux compositeurs qui les ont introduits dans leurs œuvres.

Criard, adj. 2 g. Se dit d’un son désagréable, aigre ou violent.

Crier, v. intr. Pousser des sons inarticulés. Forcer la voix en chantant ou en parlant.

Crin, n. m. Long poil garnissant l’encolure et la queue du cheval. Les crins de couleur blanche sont employés dans la fabrication des archets, dont ils forment la mèche.

Crin-crin, n. m. pop. Mauvais violon, mauvais violoniste.

Crissement, n. m. Son aigu et grinçant produit par le frottement.

Cristallin, adj. 2 g. Se dit du timbre d’une voix élevée et très pure, par comparaison avec le son que rend un objet de cristal sous un léger choc.

Croassement, n. m. Cri du corbeau.

Croasser, v. intr. Se dit du corbeau qui crie et, dans la facture d’orgues, des tuyaux de bombarde qui rendent un son défectueux.

Croche, n. f. Figure de note affectant la forme d’une noire dont la queue se termine par un crochet. La croche vaut la moitié d’une noire. (Voy. Valeur.)