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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/137

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Élégie, n. f. Pièce de poésie d’un caractère touchant et le plus souvent funèbre, dont le titre a servi à désigner des compositions vocales ou instrumentales d’une inspiration analogue. Hændel a intitulé É., dans son oratorio Saül, la plainte des Israélites. Le Chant élégiaque à 4 voix de Beethoven, op. 118 (1814), composé à l’occasion de la mort de son ami Pasqualati, est une de ses plus belles œuvres vocales. Le même nom a été donné à des pièces purement instrumentales, entre lesquelles on peut citer l’É. pour violon et piano, de H.-W. Ernst, op. 10, et l’É. pour violoncelle et orchestre, de G. Fauré (1883).

Élévation, n. f. 1. Progression vers l’aigu. || 2. Augmentation du volume de la voix. || 3. Partie du sacrifice de la messe, pendant laquelle le prêtre élève à la vue des fidèles l’hostie qu’il vient de consacrer. La liturgie ne fixe aucun chant pour ce moment. Mais le Cérémonial prévoit que l’orgue s’y fait entendre : les É. de Frescobaldi et des anciens organistes parisiens sont célèbres. En beaucoup d’églises on y tolère le chant d’un motet au Saint-Sacrement. Quelques morceaux anciennement publiés sous le titre d’É., tels que ceux de Brossard (1695), ne sont pas spécialement destinés à être entendus pendant la messe. Leur titre doit être pris dans un sens plus général et analogue à celui que prend le même mot dans la littérature, par ex. chez Bossuet, qui intitule un de ses ouvrages : Élévations sur les mystères.

Élever, v. tr. Faire monter la voix, ou le ton d’un morceau, ou l’accord d’un instrument, vers un degré ou une région plus aigus de l’échelle.

Éloigné, adj. 2 g. Qualité de deux tons qui diffèrent entre eux de plus d’une altération constitutive, par ex. ut majeur, qui n’a aucun accident à l’armure de la clef, et si majeur, dont la clef est armée de cinq dièses. || Qualité de deux parties harmoniques qui se meuvent à grande distance l’une de l’autre.

Emboucher, v. tr. Appliquer les lèvres sur l’embouchure d’un instrument à vent. Dans l’orgue, régler la disposition des lèvres et du biseau qui composent l’embouchure du tuyau.

Embouchure, n. f. Partie d’un instrument à vent, sur laquelle s’appliquent les lèvres de l’exécutant, pour y jouer le rôle d’anches battantes, dans la production du son. Le diamètre de l’embouchure augmente avec la gravité de l’instrument. Sa forme exerce une grande influence sur le timbre. On y distingue le bassin et le grain. Le bassin est curviligne dans la trompette, le trombone, le cornet, le clairon, le tuba ; il est conique dans le cor et les bugles. Le grain, qui s’ouvre au centre et au fond du bassin, forme la partie la plus rétrécie de l’E. et sert de jonction entre celle-ci et le tube de l’instrument. Plus le grain est rapproché des lèvres, et plus le son est éclatant. Le bassin est donc très peu profond dans la trompette de cavalerie, tandis que dans le cor il s’allonge et se confond avec le grain. Le changement d’E. modifie donc la sonorité, et l’on ne peut pas sans dommage pour le timbre spécial de chaque instrument transporter l’E. de l’un à l’autre, comme le font quelques artistes qui jouent de plusieurs instruments. Dans l’E. dite de flûte, qui est celle des jeux d’orgues portant ce nom, l’air se brise, en pénétrant dans le tuyau, sur une lame fixe taillée en biseau. La position, les dimensions et la direction de la bouche n’ont pas moins d’importance, pour le timbre des jeux de l’orgue, que celles de l’E. pour les instruments à vent. Les calculs les plus minutieux président à leur construction. (Voy. Tuyau.)

Émettre, v. tr. Exprimer, produire les sons musicaux.

Émission, n. f. Production des sons musicaux. Se dit presque exclusivement de la voix. Une bonne émission de la voix doit être franche, aisée et sûre. C’est une partie essentielle de l’art du chant.

Emplumer, v. tr. Garnir un clavecin des petites pointes en becs de plume par lesquelles ses cordes sont mises en vibration.

Empoutrerie, n. f. Charpente portant les cloches dans un beffroi ou un clocher.

Emprunt, n. m. Terme de facture. Communication de l’air d’une gravure à une autre, dans le sommier de l’orgue. || Ancien terme d’harmonie. Rameau nommait accords par E. les accords appelés plus tard accords par substitution, qui s’obtiennent par l’échange d’un de leurs intervalles. || E. d’un motif : voy. aussi Plagiat et Réminiscence.

Enchaînement, n. m. Jonction de deux ou plusieurs accords. Les règles classiques de l’harmonie soumettent le choix de chaque accord à la considération de la nature et de la situation de l’accord qui le précède et de celui qui lui succède ; elles multi-