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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/154

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et prit un peu plus tard le titre de Société syndicale des fabricants de pianos et autres instruments de musique. Après diverses alternatives de scission, création d’un groupement dissident et finalement fusion des deux associations rivales, la Chambre syndicale des instruments de musique s’organisa définitivement sous le régime de la loi de 1884. Elle a pour président G. Lyon, directeur de la maison Pleyel, réélu chaque année depuis 1896. À l’époque de l’Exposition universelle de 1900, elle comptait 88 membres. Une Chambre syndicale des pianos et orgues, fondée en 1899 par des F. et marchands secondaires, pour soutenir les intérêts du commerce de détail, comptait à la même époque 37 membres. L’ancienne organisation corporative, en mettant obstacle à la création de vastes ateliers, permettait au contraire une certaine extension par groupements familiaux ; parmi la multitude des noms de F. que mentionnent les documents historiques ou dont quelques productions subsistent, figurent en effet ceux de pères, fils, frères, ayant exercé simultanément ou successivement la même profession. Cette tradition, conforme aux conditions mêmes d’existence des entreprises industrielles et commerciales, s’est maintenue en tous pays jusqu’à nos jours. On rappellera ici les noms des Ruckers, d’Anvers, F. de clavecins aux xvie et xviie s., et ceux des Cliquot, des Dallery, des Serassi, des Silbermann, des Callinet, des Isnard et des Cavaillé (orgues), des Blanchet, des Érard, des Broadwood, des Pleyels, des Ibach, des Steinway (piano), des Cousineau, des Naderman (harpes), des Hotteterre, des Lot, des Triebert, des Sax (instruments à vent), etc. Les principales maisons s’occupant aujourd’hui de la fabrication des instruments sont la propriété de sociétés en commandite, auxquelles le nom d’un F. estimé sert de raison sociale. (Voy. Facture, Lutherie, Luthier.)

Facture, n. f. 1. Fabrication des instruments de musique et spécialement des instruments à clavier, des harpes, et des instruments à vent et à percussion, le nom de lutherie étant réservé à la F. des instruments à cordes pincées ou frottées. L’histoire de la F. témoigne d’un labeur immense et d’une fertilité d’invention à laquelle toute une partie du public, accoutumée à regarder la musique et son matériel comme de simples objets d’amusement, prête souvent peu d’attention. On doit également tenir pour erronée l’opinion d’après laquelle la F. serait un art tout moderne, car, si les perfectionnements que chaque type d’instrument a reçus d’âge en âge ont été, avec la fragilité de leur construction et leur usure naturelle, les causes de l’extrême rareté des spécimens qui en ont été conservés, et de la disparition totale de quelques-uns, les documents écrits et figurés apportent des preuves abondantes du soin et de l’ingéniosité qui présidaient à leur fabrication. Dès le xive, le xve s., alors que l’on procédait encore par essais et tâtonnements, sous le rapport des qualités proprement musicales, — volume du son, justesse, étendue, timbre, facilité d’exécution, — la recherche de l’élégance des formes et l’ornementation à l’aide de sculptures et d’incrustations de matières précieuses étaient déjà poussée très loin. Le « chef-d’œuvre » que chaque apprenti était tenu de présenter pour parvenir à la maîtrise était souvent peut-être un de ces charmants instruments que Memling et les peintres de son temps ont minutieusement représentés dans leurs orchestres angéliques. Au xve s., le grand orgue de la cathédrale d’Amiens était déjà assez important pour que sa tribune et son buffet, toujours subsistants, permettent d’y loger le Cavaillé-Coll actuel. Au xvie s., l’état de la F. se trouve assez avancé pour permettre la construction du splendide orphéoréon du Musée du Conservatoire de Paris (1570) et de la virginale de la reine Élisabeth (1570) du South Kensington Museum. Dans le xviie s., la lutherie atteint un degré de perfection dont Ant. Stradivarius († 1737) marquera le dernier terme. La F. d’orgues offre aux maîtres classiques des ressources de sonorité et de coloris chaque jours grandissantes. La F. de clavecins et de clavicordes s’achemine vers la fabrication moderne du piano. Une activité singulière se dévoile dans la F. des instruments à vent, où disparaissent les types anciens du cornet, du cromorne, du chalumeau, pour faire place à la clarinette, au basson, au moderne hautbois. Au xixe s., l’invention des pistons révolutionne la fabrication des instruments en cuivre. Ainsi que développe, parallèlement aux transformations de l’art musical et en union avec elles, un mouvement industriel de la plus haute importance, dont, à partir de 1855, les expositions universelles ou régionales viennent jalonner la marche. À mesure que partout le goût pour la musique devient plus géné-