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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/153

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F


F. Sixième lettre de l’alphabet et sixième note de la gamme diatonique, équivalant au fa, dans la notation alphabétique. Cette lettre a servi de clef pour fixer sur la portée la ligne où se place le fa (Voy. Clef.) || Abréviation, dans la musique notée, pour le mot forte, dans les catalogues gradués, pour le mot facile. Deux ff signifient fortissimo.

Fa, n. m. Nom du 4e degré de la gamme d’ut, gamme-type du système modal actuel. (Voy. Solmisation.)

Facilité, n. f. Passage simplifié d’un morceau de musique, noté au-dessus ou au-dessous de la notation originale, pour laisser à l’exécutant le choix entre deux versions. Les ex. de F. sont peu fréquents dans la musique moderne, à peu près inconnus chez les classiques. Il ne faut pas les confondre avec les éditions facilitées, offertes aux amateurs, et qui sont autant d’offenses aux maîtres dont elles dénaturent les créations.

Facteur, n. m. Celui qui fait, qui fabrique des instruments de musique. C’est sous la forme faiseur que le nom de cette profession apparaît au moyen âge. Les plus anciennes mentions nominatives de F. français remontent à 1292 et 1297 et concernent Henry aux Vièles, faiseur de vièles à Paris, d’une part, et, d’autre part, Henry l’Escot (l’Écossais), Guillaume d’Amiens et Roger l’Anglais, faiseurs de trompes, rattachés à la corporation parisienne des forcetiers ou fabricants d’objets en fer et en cuivre. À Rouen, les F., sans doute peu nombreux, s’affiliaient à la Confrérie des « joueurs et faiseurs d’instruments de musique », dont les statuts furent confirmés par Charles vii en 1454. Après la promulgation de l’édit de 1597, qui obligeait tous les marchands et artisans non encore établis en jurande à payer au Trésor royal « la finance à laquelle ils seroient pour ce taxés », les faiseurs habitant Paris s’organisèrent en corporation et obtinrent de Henry iv des « lettres de création du métier de faiseur d’instruments de musique en maîtrise » (1599) ; la durée de l’apprentissage était fixée à six ans, après lesquels l’obligation de se faire recevoir maître par deux jurés comportait l’exécution du « chef-d’œuvre » ; nul maître ne pouvait prendre à la fois plus d’un apprenti, ni ouvrir plus d’une boutique ; le colportage était interdit ; l’importation d’articles étrangers était soumise à la déclaration. Ces statuts, à peu près semblables à ceux des autres corporations d’arts et métiers, furent confirmés en 1679. Dans le texte d’un arrêt du Parlement, de 1692, les deux dénominations de F. d’orgues et Faiseurs de hautbois, flûtes, etc., sont soigneusement séparées. En 1731, un document officiel admet sur le même pied le mot luthier, répandu chez les musiciens depuis le temps de la grande vogue du luth (voy. ce mot) et peu à peu étendu non seulement aux faiseurs d’instruments à cordes, mais aux fabricants de flûtes, etc. De nos jours, le vocable faiseur est abandonné ; on appelle F. celui qui s’est spécialisé dans la fabrication des orgues, des pianos, des harpes et des instruments à vent ; le mot luthier est réservé aux fabricants d’instruments à cordes à manche, avec ou sans archet. La corporation des « maîtres luthiers, F. et faiseurs d’instruments » de Paris subsista jusqu’à l’édit de Versailles (1776), non sans avoir à se défendre contre les corporations rivales des boisseliers, des tabletiers, des peintres, etc., qui arguaient de leurs privilèges pour mettre opposition à l’emploi de certains bois ou métaux et à la décoration des instruments. La fabrication des instruments de cuivre restait réservée aux chaudronniers ; il n’appartenait qu’aux orfèvres de faire des trompettes d’argent. La réorganisation des corporations en 44 communautés, qui suivit l’édit de suppression, rangea, sous le seul nom de luthiers, tous les F. d’instruments dans la même catégorie que les tabletiers et les éventaillistes. L’abolition et l’interdiction des groupements corporatifs et la liberté des métiers furent proclamées en 1791 par l’Assemblée nationale. À cette époque, le nombre des F. exerçant à Paris, avec le titre de maîtres, était de 56, en diminution de plus de moitié sur le chiffre de 120, atteint en 1783. À mesure que se développait, dans le xixe s., cette branche de l’industrie française, l’isolement de ses représentants et le manque d’entente sur les questions les plus essentielles à sa prospérité firent désirer la reconstitution d’un organisme professionnel qui offrît les avantages du groupement corporatif sans retomber dans la tyrannie méticuleuse et tracassière des anciennes communautés. Une Société des fabricants de pianos fut fondée en 1853 sous la présidence de Camille Pleyel