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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/173

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cadre hiératique de la musique d’église. Sa réhabilitation date du moment où furent découverts et publiés les manuscrits de Bach, renouvelées les exécutions de ses œuvres et de celles de Hændel, et pénétrées les productions de la dernière « manière » de Beethoven, dans lesquelles on aperçut combien le maître de la symphonie avait profondément médité sur la technique du style fugué et largement puisé à cette source de beauté. Considérée dans ses lignes générales, la F. est une composition à 2, 3, 4 parties, ou davantage, entièrement fondée sur le principe de l’imitation et dans laquelle un thème principal, ou sujet, et un ou plusieurs thèmes secondaires, ou contre-sujets, passant d’une partie à l’autre, sont exposés, développés, ramenés, divisés et combinés dans un ordre régulier, chaque voix s’imitant elle-même, et toutes les voix s’imitant entre elles. Le plan de la F. comporte une exposition, formée par l’entrée successive de toutes les parties, la première posant le sujet, les suivantes le reprenant à distances convenues, sous le nom de réponse ; un développement, au cours duquel apparaissent de la même manière le ou les contre-sujets, choisis de façon à contraster avec le sujet, tout en se combinant avec lui ; le ou les divertissements, construits sur des fragments thématiques empruntés au sujet ou aux contre-sujets, et qui s’intercalent entre eux pour les séparer et les rattacher tout ensemble ; la strette, sorte de péroraison, où sont ramenées, pour conclure, les entrées et les réponses du sujet, mais sans développements et d’une façon aussi rapprochée que possible Les F. de grandes dimensions contiennent en outre une contre-exposition, facultative, séparée de l’exposition par un divertissement et dans laquelle les entrées et réponses du sujet sont renouvelées dans un ordre différent. Les règles de la F. d’école, enseignées comme couronnement des études de contrepoint, sont d’une rigueur toute spéciale et semblent transformer ce genre de composition en un agencement mécanique de formules stéréotypées ; elles sont, en réalité, une gymnastique essentielle de l’esprit, propre à familiariser le musicien avec toutes les éventualités du développement thématique. En dehors de cette catégorie créée et réglementée par les techniciens de la pédagogie musicale, on distingue dans la pratique proprement artistique de la F., plusieurs variétés : la F. simple, où le contre-sujet est remplacé par de petits dessins contrepointiques ; — la F. réelle, conforme au système modal du chant ecclésiastique et qui se place, historiquement, à la première phase de culture de cette forme, est celle qui ne module pas, c’est-à-dire dont le sujet et la réponse ne contiennent pas de modulation régulière ; — la F. tonale, au contraire, dite aussi F. régulière, est moderne dans son essence en ce que la modulation y est essentielle, le ton du sujet servant de pivot à la chaîne des modulations qui parcourent les tons voisins, soit ceux qui ne diffèrent du ton principal que par une altération constitutive en plus ou en moins, et qui sont, avec le ton de la tonique, celui de la dominante, celui de la sous-dominante et leurs trois tons relatifs ; la symétrie qui préside à l’ordonnance de ces six tonalités a fait considérer accessoirement la F. tonale comme une construction rythmique, dont les divisions s’opposent exactement, en un équilibre parfait ; — la F. irrégulière ou F. libre, échappe, comme son nom l’indique, à ce joug sévère et laisse l’ordre et le nombre des modulations à la fantaisie du compositeur ; — on désigne souvent sous les appellations de F. double ou F. à 2 sujets, F. triple ou à 3 sujets, F. quadruple ou à 4 sujets, des œuvres établies sur un sujet et 2 ou 3 contre-sujets, ou qui comportent avec le sujet initial et son contre-sujet, un second thème subordonné au premier et possédant lui-même un contre-sujet spécial. Toutes ces distinctions dénotent la richesse de combinaisons dont la F. est susceptible. Les traités de Fux (1725), Marpurg (1753), Fétis (1822 ; 2e éd., 1846), Cherubini (1835), Jadassohn (1884), E. Prout (1891), Th. Dubois (1901), A. Gedalge (t. i, La F. d’école, s. d.) enseignent, soit spécialement, soit en suite de la théorie du contrepoint, les procédés du style fugué et de la F. C’est sur l’analyse des ouvrages, tant scolastiques et rigoureux que libres, des maîtres classiques italiens et allemands du xviiie s., et par-dessus tout de Bach, que doit s’appuyer l’étude de la F.

Fugué, adj. Qui est dans le style de la fugue. Se dit d’un morceau ou d’un fragment où sont mis en jeu les procédés de la fugue, sans que l’œuvre entière s’astreigne aux lois particulières de ce genre de composition.

Fundamento, Nom ital. de la basse fondamentale.

Furianta, n. f. Danse tchèque où alternent 2 mesures ternaires synco-