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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/199

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successivement en ut naturel et en ut dièse ; ces deux mouvements sont obtenus par l’action de 7 pédales, dont 3 sont gouvernées par le pied gauche et 4 par le pied droit. Selon le changement d’accord effectué d’un seul coup au moyen des pédales, les 46 ou 47 cordes de l’instrument produisent donc à volonté le son bémolisé, naturel ou diésé ; officiellement introduite en 1845 dans l’enseignement du Conservatoire de Paris et adoptée, pendant le xixe s., par tous les virtuoses, la H. à double mouvement d’Érard a conquis dans l’orchestre le rôle tour à tour poétique ou puissant que méritaient ses belles sonorités et qui était resté exceptionnel ou effacé chez les maîtres de l’époque classique, absent même, sauf peu d’exceptions, des œuvres de l’école allemande. Berlioz, avec son sens divinatoire des couleurs orchestrales, sut l’un des premiers en reconnaître toutes les ressources. Meyerbeer, l’employant à scander des accords verticaux, en tira de grands effets de puissance :


\language "italiano"
\score {
  \new PianoStaff <<
   \new Staff <<
    \clef bass
    \relative do' {
      \key si \major
      <red si fad red>4\arpeggio_\f <red si fad red>8[\arpeggio <dod lad fad dod>]\arpeggio <red si fad red>4\arpeggio <si sold red si>4\arpeggio | 
      <mi dod sold mi>4\arpeggio <red si fad red>8[\arpeggio <dod lad fad dod>]\arpeggio <fad red si fad>4\arpeggio r |
    }
>>
   \new Staff <<
    \clef bass
    \relative do {
      \key si \major
      <si fad red si>4\arpeggio <si fad red si>8\arpeggio 
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##t
      fad]\arpeggio 
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##f
      <si fad red si>4\arpeggio 
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##t
      sold\arpeggio
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##f
      | <dod sold  mi dod>4\arpeggio  
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##t
      fad,8[\arpeggio mi]\arpeggio
      \set PianoStaff.connectArpeggios = ##f
      <red' si fad red>4\arpeggio r |
    }
>>
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
        \context { \Score
               \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32)
    }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}
(Meyerbee, Struensée.)

Soit par l’influence d’antiques traditions, interrompues cependant pendant une longue suite de siècles, soit plutôt en raison des effets musicaux que l’on peut en obtenir et en particulier de l’élan que les grands accords arpégés, auxquels elle a donné son nom, communiquent aux mélodies exprimant des sentiments exaltés, la H. tient une place pour ainsi dire obligée dans les scènes religieuses des opéras, les visions, les apothéoses. Gevaert en a rappelé les exemples les plus célèbres, la prière de Moïse, de Rossini (1822), l’air Roi du ciel, du Prophète, de Meyerbeer (1849), l’invocation Anges purs, de Faust, de Gounod (1859). Les mêmes moyens ont été introduits, avec moins d’opportunité, dans quelques œuvres de musique sacrée. Le culte israélite affectionne particulièrement la H., instrument symbolique du roi David, et la fait concourir au luxe des solennités nuptiales. Les musiciens contemporains lui confient maint détail essentiel de leurs œuvres descriptives. Wagner, dans la scène du feu, de la Walkyrie, fait exécuter par six H. le dessin persistant qui exprime l’animation des flammes, mais il divise ces 6 H. en deux groupes de trois qui alternent selon que les modulations du dessin l’exigent, pour ne pas compliquer le maniement des pédales.


\language "italiano"
\score {
  \relative do''' {
    \time 4/4
    \key mi \major
    si16 sold mi mi' si sold mi do' si sold mi mi' si sold mi dod' |
}
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
               \remove Time_signature_engraver
             }
    \context { \Score
               \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32)
             }

    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}


C’est afin d’obvier à ce genre de difficulté, et en particulier à celle que présentent les morceaux composés dans les tons mineurs, à degrés variables, qu’a été créée, en 1897, par G. Lyon, la H. chromatique, qui permet à l’exécutant de passer d’un ton dans un autre sans être obligé de modifier l’accord de l’instrument par le secours d’un mécanisme spécial. Les cordes, dont le nombre a été porté à 78 au lieu de 47, sont disposées dans l’ordre des cordes d’un piano, croisées comme dans l’ancienne harpe double du xviie s., et différenciées, comme les touches du clavier, par leurs couleurs, le noir et le blanc.
Harpe chromatique.
Une vive opposition, analogue à celle qui s’était élevée contre la H. à double mouvement de Séb. Érard, fut suscitée contre la H. chromatique par les facteurs et par un certain nombre de harpistes attachés aux procédés d’exécution du système habituel. Une classe de H. chromatique avait été ouverte dès 1902 au Conservatoire de Bruxelles ; celle que l’on inaugura en 1903 au Conservatoire de Paris fut des plus attaquées, sans que l’on puisse en conclure que la H. chromatique ait dit son dernier mot. || La H. ditale, inventée en 1798 par Edward Light, facteur anglais, était une réduction de la H., ramenée