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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/212

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du groupe B, a, bb, qui est tout ensemble une simplification, par la réduction du nombre des cordes, et un accroissement du pouvoir musical, par l’addition d’un manche sur lequel passent les cordes, chacune fournissant une série de son correspondant aux différences de longueur que lui impose la pression des doigts de la main gauche. Le luth avec ses agrandissements intitulés archiluth, chitarrone, théorbe, la guitare en ses diverses dimensions, le cistre surnommé « guitare allemande », la pandore, la mandore avec son diminutif la mandoline, la lyre-guitare, la balalaïka et la guzla populaire des Russes, le banjo des nègres américains, appartiennent à ce groupe nombreux dont aucun représentant n’a pu acquérir le droit de figurer dans l’orchestre moderne, et que représente seule aujourd’hui, à un certain degré de culture artistique, la guitare. — Le groupe B, b, de Gevaert, I. à cordes pincées par un mécanisme à clavier, a disparu de l’usage moderne ou n’y figure plus qu’à titre de reconstitution historique ; il a compris autrefois les formes multiples de l’épinette’, de la virginale et du clavecin. — Le groupe C, I. à cordes percutées, est en étroite parenté historique avec le précédent. Sous leur forme primitive, les I. qu’il rassemble se présentent en a, sous la forme d’une harpe ou d’une cithare couchée sur une caisse de résonance et dont les cordes sont frappées au moyen de deux petits maillets tenus dans les deux mains ; c’est le type du tympanon et du cymbalon. À un degré plus avancé d’industrie, le mécanisme du clavier, emprunté à l’épinette, vient s’adapter au tympanon et produit en b le type du clavicorde, qui engendre le clavecin à marteaux et le piano moderne. — Le groupe A du classement de Gevaert comprend en a les I. à cordes frottées par un archet. Leur origine se découvre dans l’Extrême-Orient, à une époque très reculée et, sans que l’on puisse suivre la trace de leurs migrations, ils apparaissent au vie s. de notre ère, chez les Bretons, sous la forme massive et maladroite du chrout, auquel succède le rebec, puis la vièle, ou vielle, dont l’existence se prolonge en Allemagne dans le Fiedel populaire, tandis que les pays latins lui donnent pour successeurs la famille des violes, avec ses dérivés la lira, l’orphéoréon, le baryton, puis celle du violon, devenue, en ses quatre dimensions, violon, alto, violoncelle et contrebasse, la pierre angulaire de l’orchestre moderne. Auprès du magnifique développement du groupe des I. à archet, le groupe A, b, I. à cordes frottées par une roue, avorte et ne présente que les modèles rustiques de la chifonie du moyen âge et de la vielle à roue, abandonnée aux divertissements ruraux de quelques provinces, après avoir joui, pendant le xviiie s., d’une vogue éphémère.

ii. — La classe des I. à vent est celle qui comprend le plus grand nombre de types différents. L’une des caractéristiques de cette catégorie d’appareils est en effet son manque de fixité. Tandis que depuis le xviie s. la famille du violon est parvenue à une perfection de facture qui n’a plus nécessité ni permis aucune modification, les différents groupes d’I à vent n’ont cessé de subir d’incessantes transformations, qui ont à la fois accru leur nombre et renouvelé leur construction et leur jeu. La matière employée pour leur fabrication étant d’importance nulle ou secondaire, et la forme imposée aux contours du tube étant sans influence sur la hauteur du son, la longueur, le diamètre et le mode d’accès de l’air dans le tuyau restent les caractères déterminants des groupes et des variétés. La longueur théorique d’un I. se mesure depuis l’orifice d’entrée jusqu’à l’extrémité du pavillon, en suivant tous les replis du tube. Dans le classement de Gevaert, le groupe A est entièrement constitué par les flûtes, a) à bouche latérale, que représente aujourd’hui la grande et la petite flûte d’orchestre et le fifre, issu de l’ancienne flûte traversière, ou flûte d’Allemand, et b) à bouche biseautée, comprenant les dérivés de l’ancienne flûte droite ou flûte à bec, avec le flageolet, le flûtet, ou galoubet, et les variétés de la cornemuse et de la musette, dans lesquelles, malgré la présence de plusieurs tuyaux et d’un réservoir d’air, le principe de la bouche biseautée est maintenu pour le tuyau principal, celui que l’exécutant place entre ses lèvres, mais ces dernières variétés ont une anche pour organe sonore. — Le groupe B, comprenant les I. à anche, est divisé par Gevaert en deux séries, d’après la forme cylindrique ou conique du tube, chacune ensuite étant subdivisée en I. à anche battante et à anche double. À ce groupe très important appartiennent en première ligne la descendance nombreuse du chalumeau, lui-même héritier de l’aulos grec et de la tibia romaine : les variétés de la bombarde, du hautbois, du basson, du cromorne, de la clarinette ; enfin, parmi les instruments de cuivre inventés au xixe siècle, le saxophone, qui joint