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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/213

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la famille des anches à la suivante. — Dans le groupe C, I. à embouchure, prennent place presque tous les instruments communément rangés sous le titre « les cuivres » ; ils s’y rangent en deux catégories : I. naturels et I. chromatiques. On nomme instruments simples, ou naturels, ceux dans lesquels le partage du tuyau s’opère uniquement par la gradation de la pression des lèvres sur l’embouchure, une augmentation de vitesse des vibrations résultant d’une pression plus forte, et produisant un son plus aigu de la série naturelle des sons harmoniques. Le cor simple, la trompe de chasse, le clairon, la trompette simple forment cette famille primitive, à laquelle appartiennent des I. populaires, tels que le cor des Alpes et qui a engendré les I. chromatiques. Ceux-ci sont le développement d’I. naturels, auxquels des artifices de facture sont venus apporter les moyens d’accroître ou de réduire mécaniquement la longueur du tuyau, et de lui faire rendre tous les intervalles de la gamme, dans une étendue donnée. Les trois subdivisions : a) à coulisse, b) à trous et à clefs, c) à pistons, que fixe Gevaert, correspondent sommairement à l’ordre chronologique de ces transformations. Dans la première se range le trombone, successeur de la saquebute. Dans la seconde figurent les I. dont le tube a été percé d’un nombre approprié de trous, ouverts et obturés à l’origine par le simple usage des doigts et peu à peu munis de fermetures plus hermétiques, en forme de petites soupapes ou spatules, appelées clefs, que manœuvrent les doigts de l’exécutant, et que des perfectionnements de facture ont disposés en séries réunies par des tringles et des anneaux mobiles. La flûte, le hautbois, le basson, ont été pourvus de clefs avant les instruments à embouchure, cor, cornet de postillon, trompette, etc. Le mécanisme des pistons, qui caractérise la dernière subdivision du classement de Gevaert, est d’invention plus récente ; sa commodité pour l’exécution l’a fait adapter à presque tous les modèles d’I. à embouchure proposés et remaniés par les facteurs modernes.

À quelque famille qu’ils appartiennent, la plupart des I. à vent se rangent aujourd’hui sous la dénomination générale d’I. transpositeurs. On désigne ainsi tout I. qui sonne dans un ton différent de celui qui est exprimé par la notation. Jusqu’à la fin du {{s|xviii|e|s.}, il y eut peu ou point d’I. transpositeurs. Chaque sorte d’I. se construisait d’ordinaire en une seule dimension. Lorsque, pour obtenir une plus grande étendue sonore, on imagina d’établir plusieurs modèles différents d’un même type, les uns plus grands et sonnant plus bas, les autres plus petits, atteignant des sons plus élevés, le doigté et la position des lèvres restant les mêmes, il fallut tenir compte du médiocre avancement de l’éducation musicale chez les instrumentistes des orchestres et, pour ne pas exiger d’eux la lecture dans le ton réel, les compositeurs consentirent à « sacrifier la clarté de leurs partitions », en écrivant dans la tonalité unique et fictive d’ut majeur les parties des I. transpositeurs. Ainsi prit naissance une coutume que Saint-Saëns a qualifiée d’ « anomalie barbare » et qui jette dans la rédaction et la lecture de la partition un trouble et une incohérence unanimement reconnus. La multiplication du nombre des I. à vent et la création d’orchestres d’ « harmonie », qui en sont exclusivement formés, ont porté cette incohérence à son comble. Si l’on passe en revue les modèles les plus répandus de ces divers instruments, on constate que les parties de flûte, de basson et de trombone s’écrivent seules dans le ton réel, tandis que celles des bugle, clarinette, cor, cornet, saxhorn, saxophone et trompette en si bémol se notent une seconde majeure plus haut que la note réelle. Celles de clarinette, cornet ou trompette en la, une tierce mineure plus haut ; celles de clarinette et cor anglais en fa, une quinte plus haut ; celles de clarinette basse, cor en si bémol grave, saxhorn baryton, saxophone ténor, une neuvième majeure plus haut, etc.


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Un exemple typique, cité dans les traités modernes d’instrumentation, est celui de la fanfare qui commence la marche de Tannhäuser ; notée pour deux groupes, l’un des trompettes en fa, l’autre de cornets à pistons en si bémol, elle se présentera, dans la partition, sous cet aspect :