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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/279

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profane et de la musique dramatique, et les chanteurs introduire dans l’ancien répertoire polyphonique une surcharge choquante d’ornements vocaux. En Italie, le M. donna naissance au dialogue et à l’oratorio. En France, pendant la première moitié du xviie s., il reste, selon la définition de Mersenne, (1636), « une pleine musique figurée, enrichie de toutes les subtilités de cette science », et Auxcousteaux et Du Mont lui conservent sa « gravité ». Mais sous l’impulsion de Louis xiv et pour répondre à l’agrandissement des moyens employés dans la chapelle royale réorganisée (1683), Lulli, puis La Lande, inaugurent le « Grand M. » ou « M. à grand chœur », qui équivaut, pour les proportions à l’ « Antienne » des maîtres anglais, à la « Cantate d’église » des Allemands, et qui consiste en une succession variée de morceaux sur les versets d’un psaume ou d’un autre texte liturgique latin, traités, les uns à voix seule ou à 2 voix en solo, avec ou sans instruments concertants, les autres à 4 ou à 8 voix, avec orchestre et basse continue. Exécuté chaque jour, en remplacement des anciennes compositions de l’Ordinaire de la messe, pendant la « messe du roi », dans la chapelle royale, le « Grand M. » devint la pierre angulaire du répertoire au Concert Spirituel (1725). Après La Lande, dont les œuvres en ce genre remplissent 20 volumes, le « Grand M. » fut cultivé jusqu’à la fin de l’ancien régime par les maîtres de chapelle de la cour et ceux des églises principales, et la tradition en fut encore renouée sous l’Empire par Lesueur à la chapelle des Tuileries, mais tomba ensuite en désuétude.

En dehors du grand M., et en même temps, les musiciens cultivaient le genre plus accessible du « Petit M. » à voix seule, ressource des églises modeste. Toutes les formes et jusqu’aux pires arrangements de pièces profanes ou de fragments d’œuvres instrumentales, se heurtent aujourd’hui dans l’innombrable répertoire du M., malgré les défenses de l’autorité ecclésiastique, impuissante contre la foule des maîtres de chapelle de mauvais goût. * Mais, comme pour la messe, et plus encore que pour celle-ci, le mouvement de rénovation de la musique religieuse commencé vers la fin du xixe s., a amené la composition et la mise en usage de M. modernes dignes de la belle époque de cette forme d’art ; parmi eux, ceux publiés en France par la Schola Cantorum tiennent la première place. On doit encore citer les dernières œuvres que Th. Dubois a écrites sous la même inspiration et qui marquent l’évolution profonde du genre dans son retour aux saines traditions du quatuor vocal a cappella.

La liturgie catholique admet l’emploi complémentaire des M. dans la célébration de la messe, au moment de l’offertoire, de la communion, pendant l’exposition du Saint-Sacrement, les processions, les saluts, les cérémonies où aucun autre chant n’est prescrit. Dans l’usage habituel, le terme de M. a encore été étendu à des pièces de chant liturgique qui ne sont point en elles-mêmes des M., mais que l’on exécute ad libitum dans les mêmes circonstances que ceux-ci ; on dit par exemple, en employant cette impropriété de termes : « les M. grégoriens du salut ».

Motif, n. m. Phrase ou fragment de phrase musicale sur lequel le compositeur établit les développements de son œuvre. Par l’emploi ingénieux d’un terme de biologie, V. d’Indy a qualifié de « cellule » le M., réduit à sa formule essentielle. Le nom de Leit-motiv, littér. « M. conducteur » a été créé par R. Wagner pour désigner les thèmes par lesquels il a personnifié les acteurs ou symbolisé les principes ou les situations de ses drames. Plus généralement, le langage commun nomme M. tout dessin mélodique prenant un certain relief dans une œuvre musicale. C’est en ce sens que ce mot a été souvent employé au titre de morceaux intitulés fantaisie ou variations sur un M., ou sur des M., de tel ou tel opéra. (Voy. Thème, Leit-motiv.)

Moto, n. m. ital., = mouvement. Con moto = animé.

Mou, adj. Voy. Hexacorde et Mol.

Mouche, n. f. L’une des cordes de la vielle à roue, résonnant à l’unisson du sol de la chanterelle, et soustraite à l’action du clavier. (Voy. Vielle.)

Mouvement, n. m. 1. Degré de vitesse dans l’exécution musicale. L’importance du M. et les profondes altérations que le trop de lenteur ou le trop de vitesse peuvent introduire dans le caractère d’une simple mélodie ou d’un morceau de musique, ont incité de bonne heure les musiciens à chercher un point de repère pour déterminer la durée du temps musical et des signes pour l’indiquer. L’étroite liaison de la musique avec la danse imposant aux pièces qui en étaient