Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maient les intervalles : E = unisson ; S = semi-ton mineur ; T = ton ; TS = tierce mineure (un ton et demi) ; TT = tierce majeure (2 tons) ; D = diatessaron (quarte) ; Δ = diapente (quinte) : ΔS = sixte mineure (quinte et demi-ton) : ΔT = sixte majeure (quinte et un ton) ; ΔD = octave (quinte et une quarte). On peut rapprocher ces désignations de celles qui figurent dans l’essai de portée suggérée par un traité du ixe s. (Voy. Portée.) || N. mesurée (Voy. N. proportionnelle.) || N neumatique. Bien que les spécimens les plus anciens de neumes latins remontent au viie s. et au viiie, les premiers indices qui peuvent servir à les expliquer sont vagues et se trouvent chez Aurélien de Réomé, chez Odon de Cluny, chez Hucbald (ixe et xe siècle), qui se plaignent de l’incertitude tonale de cette écriture, mais lui reconnaissent des avantages sur la N. alphabétique, quant à la liaison, au trémolo, au mouvement, etc. Les formes génératrices des neumes sont les accents grammaticaux aigu et grave, et le trait horizontal qui indique le repos de la voix sur un même degré, puis la combinaison graduelle des premiers signes entre eux, pour former de petits groupes de sons. Par leur forme et leur position, les neumes même primitifs parlaient aux yeux et indiquaient d’une façon générale la direction de la mélodie et ses mouvements ascendants ou descendants. Les indications rythmiques y sont vagues et rares. Mais leur absence ou leur rareté est invoquée comme une preuve de plus de l’absence de différenciation des valeurs dans le chant grégorien, où règne le principe de l’égalité des notes, bien que certains musicologues modernes arrivent à proposer une lecture rythmique, mais non mesurée, des neumes. La forme des neumes a varié selon les lieux et les époques. Il était naturel que les copistes de manuscrits, travaillant en des monastères éloignés les uns des autres, vinssent à transformer les éléments d’une notation en elle-même incertaine. (Voy. tableau du § N. grégorienne.)

Les neumes italiens affectent des formes allongées et les virgae y sont élevées et presque verticales, leur corrélation avec les syllabes du texte est marquée par de longues barres droites qui rejoignent chaque voyelle. Les neumes lombards sont épais, exigent un large espace en hauteur au-dessus du texte, et dans leurs combinaisons en groupes, affectent souvent des formes étranges. Les neumes messins, issus du centre liturgique et musical que formait Metz à l’époque carolingienne, se répandirent au ixe-xe s. dans la région de Metz, la Belgique, la France du Nord-Est et jusque dans l’Allemagne du Sud. Les copistes qui s’en servaient visaient à représenter à l’œil les différences de hauteur des sons, en modifiant le tracé des neumes. Les neumes aquitains usités dans la France méridionale (Aquitaine) et en Espagne, consistent presque uniquement en points et en groupements de points, qui tendent parfois vers une forme carrée, parfois vers une forme en losange, résultats de la tenue du « calame » du scribe. Les neumes mozarabes, répandus en Espagne aux xe-xiie s., ne sont pas encore complètement expliqués. Leurs éléments sont tirés de la vira, du point ; ils ressemblent souvent aux lettres de l’alphabet mozarabe ou wisigothique. Le répertoire ainsi noté n’est d’ailleurs pas le chant grégorien, mais celui d’une liturgie autrefois spéciale à l’Espagne, à dater du vie s. La N. qui se développa en France était basée sur le point et la virga, associés plus tard à la diastématie ; les signes, qui dérivaient des accents, indiquant le genre d’inflexion voulu, et la diastématie fixant la distance des intervalles. Ce fut la N. qui, en se rapprochant de plus en plus des formes carrées de notes, donna naissance à la N. proportionnelle des musiciens des xive s. et suivants.

Dès le ixe s., on éprouve le besoin de préciser ce qui était vague dans l’intonation, l’accentuation, le rythme des neumes. D’où l’addition de traits — épisèmes — à certains neumes, pour indiquer l’appui de certaines notes, la durée de certaines autres, des liaisons entre les groupes, etc. De là aussi l’addition de « lettres significatives » : a voulant dire augmentez ou avec ampleur ; c = celeriter, brièvement ; e = equaliter, unisson ; f = frange, avec renforcement ; i = iusum, plus bas ; m = modérément, etc. Toutefois, les lettres significatives comme les épisèmes, ne sont pas tous complètement expliqués, et les savants sont divisés sur l’interprétation de quelques détails. À partir du xie s., on assiste à des efforts vers une simplification et une précision plus grandes de l’écriture neumatique. C’est en vue d’obtenir cette précision que s’introduit la N. diastématique. Grâce aux travaux des Bénédictins et à leur riche fonds de documents, on est parvenu à traduire les neumes sous le rapport tonal, avec une précision suffisante, corroborée d’ailleurs par la N.