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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/301

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viaire et au missel de Pie v, imprimés en caractères gothiques et avec la pure N. grégorienne latine ou carrée, telle qu’elle était usitée depuis quatre siècles. Mais bientôt on y introduit des formes empruntées à la N. proportionnelle. C’est dans les livres imprimés à Rome, sous la direction de Guidetti, à partir de 1582, que le chant romain commence à être noté en grosses notes pleines carrées avec points d’orgue, sans figure qui reproduisent le sens des ligatures anciennes, et des groupes d’origine neumatique. Trois figures de notes, la caudée, la carrée et la losangée, y sont employées sans représenter relativement l’un l’autre des valeurs absolues de durée.


La N. carrée parvenue à ce stade, s’est maintenue jusqu’à nos jours pour le plain-chant. De son côté, la N. gothique évoluait également. Tout d’abord, elle se distingue au premier regard de la N. carrée du plain-chant en ce que l’unité rythmique, la brève, y est figurée constamment par la note losangée ♦ et la longue par une figure semblable munie d’une queue fort épaisse qui s’y soude par la pointe inférieure du losange. Cette N., spécialement allemande, se trouve dans les livres de chant liturgique manuscrits et imprimés, d’origine allemande, et datant des xve et xvie s. Elle est en même temps employée en Allemagne pour le chant en langue vulgaire, tant religieux que profane. Les groupes de sons analogues aux neumes s’y forment par l’accolement des deux figures principales de notes ; mais leurs combinaisons sont en petit nombre. Cette N. subit des déformations analogues à celles de la N. carrée, et disparut devant elle, au xviiie s. Cependant, dans la seconde moitié du xixe s., les travaux de restauration du chant grégorien allaient de nouveau poser la question. La N. carrée adoptée pour le plain-chant depuis le xve siècle ne répondant pas à une traduction exacte des formes mélodiques du chant grégorien restauré, un retour à des formes graphiques plus rapprochées de l’écriture neumatique s’est accompli sous l’impulsion des Bénédictins français, auxquels revient l’honneur d’une reconstitution et d’une coordination du répertoire grégorien. Comme la N. du plain-chant, la N. qu’ils ont adoptée et dont les mérites d’exactitude et de la clarté ont assuré le succès, repose sur la portée de quatre lignes, avec clefs de fa et d’ut, et sur l’emploi de figures de notes carrées et pleines, avec et sans queue, comme celles du plain-chant, mais plus légères d’aspect, et parmi lesquelles viennent prendre place des figures composées d’après les anciens neumes, exprimant les groupes de notes passant sur une même syllabe du texte et reproduisant les formes en usage du xiie au xvie s. Ces notes et ces figures reçoivent les noms des neumes dont elles sont issues et qui sont :

Il faut ajouter à ce tableau les formes composées, assez nombreuses. Quoique l’on remarque trois formes différentes de notes dans la N. du plain-chant et du chant grégorien, savoir, la caudée ou longue à queue, la carrée et la losangée, ces différentes figures n’expriment pas l’idée de valeurs, à la manière moderne, c’est-à-dire d’après des rapports fixes de durée. Mais, conformément à leur origine neumatique, les notes à queue expriment des sons plus élevés, les losanges des séries de sons descendants. Leur valeur se détermine par leur position dans la phrase, la syllabe sur laquelle elles se trouvent, etc. Voir comme spécimens de transcriptions de chants grégoriens en notes modernes, les exemples des articles Chant liturgique, Direction, Hosanna, Mélisme, Ornement. || N. guidonienne. (Voy. N. grégorienne || N. par les intervalles. Dans les livres de chant byzantin de l’église grecque, il y a un signe, non pas pour chaque son, mais pour chaque intervalle à partir d’un son donné. Ces signes sont des dérivés de la N. ekphonétique, diversement formés et tournés, et ayant changé en partie de signification. Leur système est d’ailleurs fort compliqué. En Occident au xie s., Hermann Contract, moine de Reichenau, fit l’essai d’une N. où des lettres expri-