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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/307

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Les nuances d’intensité, marquées chez les Italiens par les lettres f et p., se succèdent souvent de très près et forment des contrastes. Mais le crescendo, conduisant progressivement du piano au forte, était aussi pratiqué par les Italiens bien avant de pénétrer à Mannheim, où l’on a prétendu voir son berceau. Le président de Brosses en parle en 1739. Un signe spécial est employé en 1739 pour le crescendo dans une édition anglaise des premières Sonates de Geminiani. Ce violoniste range, parmi les 14 ornements ou moyens d’expression dont il recommande l’étude et la pratique, 4 nuances d’intensité qui sont : le piano, indiqué par un p, le forte, par un f, l’augmentation du son, indiqué par un signe et la diminution du volume du son, par le signe contraire . C’est la première notation connue du crescendo et decrescendo.

La partition de l’opéra-ballet Platée, de Rameau (1749), qui est pleine d’intentions bouffons et imitatives, contient de nombreuses prescriptions relatives aux nuances dans l’exécution.

Nuancer, v. tr. Rendre fidèlement les nuances marquées dans une pièce musicale ; en introduire à leur juste place lorsqu’elles ne sont pas particulièrement indiquées.


O


O. On désigne dans le chant liturgique, sous le titre les O de l’Avent, les antiennes qui commencent par l’exclamation Ô, et sont chantées avec un ordre spécial pendant les jours qui précèdent Noël. || O a été désigné comme le chiffre du temps parfait, dans la notation proportionnelle ; mais la figure qui ordonne ce temps affecte plutôt la forme d’un cercle considéré comme le signe de la perfection. (Voy. Notation proportionnelle et Perfection.)

Obsession, n. f. Obsession musicale, « représentation mentale, incoercible et inconsciente, d’un air qui s’impose avec plus ou moins de fréquence », malgré les efforts faits pour s’y dérober. Phénomène fréquent, poussé quelquefois jusqu’à la tyrannie et prenant en ce cas un caractère pathologique ; plus généralement dû à la fatigue, à l’automatisme psychologique des personnes « distraites » qui vont jusqu’à chantonner ou siffler un fragment mélodique, sans s’en apercevoir.

Obstiné, adj. Basse obstinée. (Voy. Basse contrainte.)

Ocarina, n. m. Instrument en terre cuite, de forme ovoïde, muni d’une tubulure servant de tuyau d’insufflation et dirigeant le courant d’air contre un biseau semblable à celui des flûtes à bec. L’instrument est percé de huit trous dont le diamètre décroissant fournit une gamme diatonique ascendante d’une octave. On fabrique des O. de diverses grandeurs correspondant à divers tons. L’invention de l’O. date de la seconde moitié du xixe s. Elle est due à un Italien, M. Donati. Ce petit instrument a eu quelque succès dans les milieux populaires.

Octava, adj. lat., s’emploie pour indiquer une partie instrumentale qu’il faut jouer à l’octave de la note écrite en abr. 8va. || Jeu d’orgue sonnant quatre pieds.

Octave, n. f. Intervalle de huit degrés, redoublement de l’unisson, constitué dans la proportion du simple au double, 1 : 2. En savarts, 301. L’O. contient 5 tons et 2 demi-tons diatoniques. L’O diminuée, ut-ut , contient 4 tons et 3 demi-tons diatoniques ; l’O augmentée ut-ut , 5 tons, 2 demi-tons diatoniques et 1 demi-ton chromatique.

Les règles du style rigoureux défendent de faire entendre, dans une composition harmonique, plusieurs O. de suite, surtout par mouvement direct ou parallèle. Elles défendent également d’amener entre la partie haute et la partie grave une consonance parfaite (O. ou quinte) par mouvement direct, quand la partie haute procède par degrés disjoints. Le résultat de cette marche des parties serait de produire une suite d’O. cachées, c’est-à-dire non écrites, mais que l’on trouverait en ajoutant les notes nécessaires pour que les deux parties marchassent par degrés conjoints :

Scientifiquement, l’expérience a démontré qu’un son placé à l’O. supérieure d’un autre exécute, dans le même temps, un nombre de vibrations précisément doubles. Le principe de l’identité des O., établi par les divisions de la corde vibrante 1 : 2 : 4 : 8, recueilli par Rameau dans l’Abrégé de Descartes (esquissé déjà par de plus anciens théoriciens) est devenu