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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/319

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Les grandes Passions (voy. ce mot) composées depuis le xviiie s. par les maîtres protestants allemands, et surtout les chefs-d’œuvre de Bach, Passion selon saint Jean et Passion selon saint Mathieu, tiennent un rang intermédiaire entre l’ancienne Passion liturgique et l’oratorio moderne, qui a pour texte, au lieu des versets de l’Évangile, un poème plus ou moins analogue au plan et au style de l’opéra. Le compositeur allemand Graun, maître de chapelle de Frédéric ii, écrivit en 1755 une cantate de la Passion, Der Tod Jesu, sur un poème de Ramler, qui obtint une grande et durable célébrité. Beaucoup d’oratorios allemands traitent d’épisodes séparés de la Passion, développés en livrets. L’oratorio Christus (1860) de Kiel (né en 1821), conçu dans la forme dramatique, est cependant disposé sur des fragments de textes évangéliques rattachés les uns aux autres.

Au xviiie s., en Allemagne, citons encore : Les Israélites dans le désert, de C. Ph. Em. Bach, publ. 1775 ; La Création, de Haydn, comp. 1795-1798. Puis Le Jugement dernier, de F. Schneider, 1819 ; de Spohr, Die letzten Dinge, 1826 ; tout cela oublié, ou presque. La Cène des Apôtres, de Wagner, qui porte le titre de « scène biblique » 1re exécution, Dresde, 1844, est rangée par Kretzschmar parmi les oratorios. Les oratorios de Mendelssohn, Paulus (1835) et Élie (1846), se maintiennent au répertoire des sociétés de chant dans les Îles Britanniques. On fit cas en son temps du Moïse de Ad. B. Marx (1840). Puis une longue période d’abandon commença pour l’oratorio allemand. Le Paradis perdu, de Rubinstein (1856) et sa Tour de Babel (1870) n’offrent guère d’intérêt. Après 1870, les grands festivals annuels des sociétés de chants allemandes offrirent un champ favorable à l’éclosion de nouveaux oratorios, dont le nombre ne compensa pas la médiocrité. Grâce au grand nom de leur auteur, les oratorios de Liszt s’imposèrent à l’attention : la Légende de sainte Élisabeth (1867) et surtout son Christus (1857). || Mais les modèles les plus complets du genre naquirent en Angleterre : les oratorios de Hændel. C’est au nombre de trente-deux que ses biographes les comptent et qu’ils ont été édités, bien que quelques œuvres comprises sous ce titre ne soient pas des pièces religieuses (Acis et Galathée ; la Caecilien-ode ; Héraklès ; etc.) ; mais leur plan est en tout semblable à celui de l’oratorio, qui agrandit ainsi son objet. Leur composition s’étend de 1704 (la Passion allemande) à 1751 ; les plus remarquables et les plus célèbres sont : Saül (1738), Israël en Égypte (même année) ; Le Messie (1742) ; Samson (1743) ; Judas Macchabée (1746). Le dernier est Jephté, resté inachevé par la mort du maître (1751). On sait comment les oratorios de Hændel font partie des grands festivals anglais annuels, presque depuis 1724 ; à deux ou trois reprises, on a tenté en France l’exécution d’une série de ces oratorios, les dernières organisées par M. F. Raugel de 1910 à 1914 ont eu de triomphants succès.

Orchestique, adj. 2 genres. * Qui se rattache à l’orchestre dans le sens grec primitif de danse.

Orchestral, -ale, adj. * Qui se rapporte à l’orchestre symphonique.

Orchestration, n. f. *  de disposer une partition musicale en répartissant les diverses voix d’après les timbres différents des instruments de l’orchestre.

Orchestre, n. m. 1. Dans le théâtre antique, place qu’occupait, en avant de la scène, le chœur (qui prenait part à l’action) et ses accompagnateurs. || 2. On a pris l’habitude, dans les temps modernes, de désigner sous ce nom le groupe d’instrumentistes qui occupent la même place, et que l’on appelait précédemment symphonie (voy. ce mot). Aucun ordre, aucun principe logique, ne présidait aux rassemblements hétéroclites d’instruments qui formaient les premiers orchestres. Les mélanges de sonorités se faisaient au hasard et selon la présence de tel ou tel instrumentiste. Les anciennes descriptions s’extasient sur le nombre des musiciens, non sur leur agencement. Un seul musicien devait savoir jouer de plusieurs instruments. Ce n’est pas du fait des paiements que l’on peut inférer la composition des orchestres princiers, mais plutôt des relations de fêtes, etc. Au moyen âge on ne voit guère de classement qu’entre les hauts instruments (bruyants) et les bas (doux). Aux instruments antiques, d’origine gréco-romaine ou barbare, représentés par la chalemie, la flûte, la cithare, le psaltérion, la rote, le tambourin, on avait adjoint peu à peu, à partir du xvie s. environ, les instruments à archet, des types à cordes pincées empruntés à l’Orient (luth, guitare), ou aux peuples du Nord (harpe), diverses variétés de tambours et timbales, et perfectionné pour l’usage musical trompettes et cornets. Au xive s., un orchestre important pouvait comprendre les instruments dont