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ou clef, communiquant avec un tuyau déterminé ; deux soufflets, mis en mouvement par la même manivelle ou le même mécanisme, engendrent le courant d’air qui fait parler, au moment voulu, chaque tuyau. Les proportions et les ressources sonores de l’orgue mécanique varient à l’infini, depuis l’ « orgue de Barbarie » jusqu’aux énormes machines pourvues de registres de toute sortes, que mettent en mouvement des moteurs électriques ou à vapeur. On ne connaît ni l’inventeur, ni la date de naissance de l’orgue mécanique. Il y avait déjà des orgues mécaniques fixes au xve siècle ; pour le modèle portatif, Mercier, vers 1782, parlait de l’orgue de Barbarie comme d’une nouveauté, le Mercure, octobre 1747, le dit le plus décrié de tous les instruments de musique, et discute cette opinion, en annonçant l’invention d’un nouvel orgue à cylindre anonyme. Les historiens anglais en revendiquent cependant l’invention en faveur du facteur Hicks, qui en aurait construit les premiers spécimens au commencement du xixe s., mais, près d’un siècle auparavant, un autre facteur anglais, Wright, passe pour avoir construit un orgue à cylindres pour l’église de Fulham. L’Apollonicon, construit par les facteurs d’orgues anglais Flight et Robson en 1812, et qui fut exhibé à Londres jusqu’en 1840, réunissait les claviers manuels et de pédales d’un orgue ordinaire à une combinaison de trois cylindres répondant chacun à une division de l’instrument et disposés pour mettre en action les tuyaux sans le concours des claviers. Cet appareil, de grandes dimensions et qui contenait près de 1 900 tuyaux, avait coûté à ses fabricants 10 000 livres sterling. Il eut en son temps une grande célébrité. Cette industrie s’est grandement développée en Angleterre, où il est d’un usage constant de se servir dans les églises d’orgues mécaniques, qui ont un répertoire étendu d’hymnes, de chants religieux et de fantaisies. Pour les lieux de plaisir et pour les amateurs, les mêmes facteurs établissent des instruments considérables, où sont réunis, avec les registres principaux de l’orgue, des jeux de percussion comprenant tambours, cymbales, triangles, castagnettes, etc., et dont le prix s’élève jusqu’à 1 500 l. st. (37 500 fr.). Des rouleaux de rechange y sont préparés pour l’exécution de morceaux d’opéras et de symphonie, ouvertures, musique de danse, etc. L’industrie britannique se montre très active dans la fabrication des orgues mécaniques, dont elle exporte un grand nombre, principalement du modèle portatif (orgue de Barbarie), dans l’Amérique du Sud, les Antilles, etc. Des facteurs spéciaux, en France, ont rivalisé avec leurs confrères d’outre-Manche. À Paris, il existe depuis plus d’un demi-siècle de nombreuses maisons d’orgues mécaniques, à rouleau ou à cylindres, et d’une grande puissance. En 1909, fonctionnait au Palais de glace à Paris, pour l’accompagnement des danses et du patinage, un orgue mécanique de Merklin, contenant 13 jeux dits d’ensemble avec 793 tuyaux et 13 jeux de solo, avec 375 tuyaux, plus les accessoires de percussion. La soufflerie était régie par un moteur électrique ; un autre moteur plus petit dépliait, présentait et réemmagasinait les rouleaux de papier perforé.

Orgue de salon. Voy. Harmonium.

Orgue expressif. * La recherche de l’expression, ou la manière de passer d’une nuance à une autre avec un même timbre, conduisit à différentes modifications dans la construction de l’orgue, pour arriver à obtenir ces effets. Le procédé trouvé le premier, et qui s’est généralisé, au point de pouvoir être adapté à la plupart des claviers d’orgue, et à la plus grande partie des jeux, est le système de la boîte expressive, appliqué pour la première fois à Londres par Jordan en 1712 ; commandée d’abord par des glissières faisant évoluer l’une devant l’autre deux parois mobiles, la boîte expressive fut ensuite munie de jalousies mobiles (voy. ce mot). Mais, tandis que, peu à peu, quoique fort lentement, la facture anglaise et la facture allemande, vers 1780, répandaient ce procédé, les facteurs français de la fin de même siècle cherchèrent à modifier l’intensité du son lui-même, soit par une différence de pression dans la soufflerie, soit par une soufflerie indépendante, soit encore par l’enfoncement progressif des touches. Ce dernier système était dû à Sébastien Érard, vers 1785. Plus tard, Grenié (1810) appliqua en plus grand les autres procédés, et c’est lui qui imagina le vocable d’ « orgue expressif » appliqué à des jeux ainsi nuancés, jeux d’anches libres intercalés dans un grand orgue. Ce fut l’origine, en construisant à part de tels jeux, des instruments pour lesquels a prévalu le nom d’harmonium, vers 1840, employé concurremment avec celui d’orgue expressif pendant un temps assez long. (Voy. Harmonium.)

Oriscus, n. latin m. Figure de la notation neumatique du moyen âge,