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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/331

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(1785-1858), enfin le Belge Lemmens (1823-1881), l’Anglais W. Best (1826-1897). Puis apparaît une nouvelle et féconde école française : César Franck ; A. Guilmant (1837-1910), qui fut élève de Lemmens avec Widor (né en 1845), et Gigout (né en 1844). À l’heure actuelle, les noms de Mahaut, A. Marty, Louis Vierne, J. Bonnet, Marcel Dupré, Tournemire, marquent le sommet de la musique d’orgue en notre pays. L’étranger n’a guère pu leur opposer que l’Allemand Max Reger (1873-1917).

Les orgues modernes les plus considérables jusqu’en 1912, étaient : Sydney (hôtel de ville), 5 claviers. 128 jeux construit par Hill and Son, de Londres ; Riga (cathédrale), 5 claviers, 124 j., Hill and Son, de Londres ; Saint-Sulpice à Paris, 5 claviers, 118 j., Cavaillé-Coll ; Albert Hall, Londres, 4 claviers, 114 j., Willis (Londres) ; cathédrale protestante de Berlin, 113 j., W. Sauer (Francfort) ; N.-D. de Paris, 5 claviers, 110 j., Cavaillé-Coll.

L’orgue de Sydney, réputé alors le plus grand du monde, a coûté 16 000 l. st. (400 000 fr.), chaque clavier à main a 61 touches, le pédalier 30. Il y a 8 800 tuyaux et cloches. La soufflerie est manœuvrée par une machine à gaz de la force de 8 chevaux. Le plus grand tuyau du jeu de contre-trombone (en bois) a 64 pieds de hauteur. Mais, depuis vinrent les orgues de Liverpool, de Hambourg, commencées en 1912. L’orgue de Liverpool, construit par H. Willis et fils, de Londres, est placé au centre de l’église cathédrale anglicane, très vaste, et divisé en 2, de chaque côté du chœur, dans la 1re travée à l’angle du transept, en présentant une double façade sur chacune de ces deux ailes. L’orgue contient 168 jeux réels et 47 tirasses de combinaison (en tout 215 boutons), 10 567 tuyaux, 5 claviers manuels de 67 touches de ut à ut, un pédalier de 32 notes. Système électro-pneumatique, 7 soufflets séparés. Il n’y a pas de 64 pieds, jugé inaudibles ; les facteurs y ont suppléé par la double quinte de 21 pieds 1/3 dont la résonance harmonique donne en sons résultats l’équivalent du 64 pieds. (Voy. Son.) L’orgue de Hambourg, achevé en 1914 par Walker, de Ludwigsbourg (Würtermberg), compte 163 jeux, 12 173 tuyaux, répartis en 5 claviers manuels, et 1 pédalier. Les basses principales, à la pédale, sont de 32 pieds. L’électricité remplace la traction mécanique.

Enfin sont venus les orgues gigantesques du Monument des Nations, à Breslau, et celles de la Public Ledger, à Philadelphie, qui semblent un défi jeté au bon sens, et dont le fonctionnement, pas plus que l’effet artistique, ne sont satisfaisants. L’orgue de Breslau, terminé en 1913, comprend 5 claviers manuels, un pédalier ; le clavier d’écho est placé à 80 mètres du buffet principal, gouverné par des transmissions électriques. 187 jeux sont commandés par 203 registres, plus 156 boutons de combinaison, 26 accouplements, 30 pédales de combinaisons diverses. Cet orgue n’a aucune façade rappelant les buffets, on n’y voit rien que des tuyaux en montre, serrés les uns contre les autres.

Celui de Philadelphie, terminé en 1917, a 283 jeux. Parmi ses claviers, il y a un clavier spécial de jeux « à archet », comprenant 24 gambes, etc. Les jeux correspondant aux divers claviers sont placés en différents endroits du monument. L’orgue lui-même simule une haute colonnade avec galerie, le tout surmonté d’un dôme : aucun tuyau n’est apparent, au contraire de l’instrument précédent.
(Voy. aussi les mots : Buffet, Clavier, Électricité, Jeux et les noms de jeux, Pression, Pédale et Pédalier, Pied, Positif, Soufflet, Tubulaire, et les autres termes cités ici.)

Orgue portatif. On appelait Nimfali et régale (voir ce mot) un petit instrument du genre orgue qui s’attachait au corps par des courroies, la main gauche faisant agir le soufflet, la main droite le clavier. Le musée de Bruxelles en possède un spécimen. Mais il en existait de plus importants. Les orgues portatives étaient recherchées au xve s. pour le service des princes, qui voyageaient beaucoup à cette époque. Les comptes des ducs de Savoie gardent la trace de paiements faits pour le transport de leurs orgues. Un seul homme avait suffi en 1440 à apporter « sur son cou » des orgues, de Turin à Chambéry ; un maître d’orgues de Genève avait été appelé en 1421 pour faire des orgues portatives pour le duc ; en 1465, il fallut quatre hommes pour en apporter d’autres de Genève à Chambéry. Ce sont des orgues portatives que touchait Pierre Mouton pendant la messe célébrée en plein air au camp du Drap-d’Or (1520).

Orgue mécanique (O. de Barbarie). Toutes les variétés en reposent sur un même principe. Un cylindre, ou rouleau, de bois, est armé sur sa circonférence de dents de métal placées de telle sorte que, le rouleau étant mis en rotation par une manivelle ou par les rouages d’un mécanisme d’horlogerie, chaque dent vient au moment voulu actionner une soupape,