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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/368

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la P. devenue pompeuse, solennelle, en façon de marche dansée, a été cultivée principalement par les musiciens polonais (comme danse). Leurs P. sont d’ordinaires construites sur le plan d’une marche avec trio et reprise. Celles de Chopin, plus développées, sont plus libres et plus compliquées de forme. La célèbre P. populaire dite « de Kosciuszko » a pour thème initial :


\language "italiano"
porteeA = \relative do'' {
  \time 3/4
  <do mi,>8.[ sol16] sol8[ sol mi do] | la'[ fa re si] do4 | \break
  do'8 mi mi4. re16 mi | sol8 fad fa4. mi8 | mi8. re16 re4
}
\score {
   \porteeA
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
  \midi { }
 }
\header { tagline = ##f}

Oginski (1731-1803), Kurpinski (1785-1860 ?), Chopin (à partir de 1833), Moniuszko (1819-18..), ont composé de célèbres P. Celles de Chopin sont au nombre de neuf. Le rythme caractéristique y apparaît généralement dans l’accompagnement de la mélodie :


\language "italiano"
porteeA = \relative do'' {
  \time 3/4 \key mi \major
  \partial 8 sold8 | red'4. dod16[ red] mid8[ red16 mid] | 
  fad8[mid16 fad] sold8[ fad16 sold] la8[ la,] | sold4
}
porteeB = \relative do, {
  \partial 8 s8 | \stemDown dod8[ <fad'' sid, sold>16 <fad sid, sold>] <fad sid, sold>8[ <fad sid, sold>] dod,8[ <mid' dod si sold>] | 
  fad,8[ <sold' dod, la>] mid,8[ <sold' dod, si>] fad,8[ <fad' dod la>] | \stemUp sold,,4
}
\score {
  \new PianoStaff <<
    \new Staff = "mel" <<
      \clef "treble" 
      \new Voice = "mel"  { \porteeA }
    >>
    \new Staff = "mel" <<
      \clef "bass" \key mi \major
      \new Voice = "mel"  { \porteeB }
    >>
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves 
                      \remove Time_signature_engraver
    }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(Chopin, Polonaise, op. 26, no 1.)

En fait de P. moderne pour orchestre, on peut citer celle que Meyerbeer a placée dans sa musique pour le drame de Struensée (1846).

Dans la musique de chambre, on rappellera la P. du Trio, op. 8 de Beethoven (Sérénade) et, dans la musique de piano, les P. de Weber, et celles de Chopin déjà citées.

Polyphone, adj. qual. * Qui a plusieurs sons. Plusieurs auteurs l’emploient au lieu de polyphonique ; caractérise un certain genre de tuyaux d’orgue. (Voy. Tuyau.)

Polyphonie, n. f. Union de plusieurs mélodies complètes en elles-mêmes, se joignant en accords consonants. La polyphonie des anciens maîtres met en œuvre toutes les ressources du contrepoint simple, double et à plusieurs parties, et de l’imitation. Le thème choisi pour soutien de la composition est tantôt énoncé littéralement par une voix et entouré de dessins librement inventés aux autres voix (lesquels peuvent être à leur tour choisis pour ténor d’une autre composition), tantôt divisé en fragments qui sont traités l’un après l’autre comme autant de thèmes particuliers ; tantôt développé en imitations par toutes les parties vocales. En examinant les œuvres vocales polyphoniques de l’école pré-palestrinienne ou celles de Palestrina, on se convainc qu’ « il n’y a dans cette forme d’art aucune partie de remplissage, comme on en rencontre dans les chœurs d’écriture harmonique ; toutes les voix sont égales devant la mélodie et se meuvent librement dans l’espace sans dépendre ni de la basse, comme au xviiie siècle, ni de la partie supérieure, comme dans l’opéra italien » (d’Indy).

Polyphonique, adj. Qui appartient à la polyphonie.

Polyrythmie, n. f. Superposition, dans une composition harmonique, de parties se mouvant chacune sur un rythme différent. Il n’y a pas P. pour des valeurs différentes, mesurables sous la même cadence, mais seulement pour des valeurs semblables ou différentes, obéissant à des rythmes opposés. Les maîtres du moyen âge et du xvie s. superposaient les rythmes avec une aisance et une hardiesse qui se sont perdues pendant l’époque classique et que la rigidité de la mesure battue rendait impossible. Puisque la semi-brève, sous le régime de la perfection, valait trois, et sous celui de l’imperfection, deux, les maîtres usaient des deux signes simultanément pour faire coïncider sous le touchement de l’unité rythmique, la semi-brève, des groupes binaires et ternaires superposés, dont « l’antagonisme » produisait des effets puissants. Jannequin, dans ses chansons descriptives, y a recouru habilement. (Voy. les exemples à la page suivante.) Brossard, en 1703, à l’art. Gigue, cite une pièce à trois parties contenue dans les Artificii musicali de Vitali, où le 1er violon est marqué à 12/8, le second à quatre temps et la basse à 3/4.

Polytonal, adj. Néol. proposé pour caractériser la superposition de plusieurs tonalités, dans une composition harmonique. Alf. Bruneau en a donné un exemple dans Le Rêve (1900), thème de la douleur de l’évêque. (Voy. page suivante.)

Pommer. Voy. Basson.