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de Monteverde (1607), dit que, avant de commencer chaque pièce, on jouera 2 fois la R., et que, à la fin de chaque stance, la R. sera jouée par 2 violini da braccio, avec à la basse le chitarrone, ou le clavecin, ou un instrument similaire. Dans l’Orfeo, les R. sont exécutées par des groupes spéciaux à chaque cas et dont la composition instrumentale diffère soit dans une intention de peinture dramatique, soit simplement par recherche de la variété de coloris. Ces morceaux en eux-mêmes sont de peu d’importance et de peu d’intérêt. Les R. portent le nom de prélude dans les opéras français du xviie et xviiie s. « En général, aucune espèce de R. ne précède, en quelque recueil que ce soit, les airs de cour du début du xviie s. » (Quittard). Aucune R. imprimée. Mais le même auteur est « persuadé qu’un prélude, plus ou moins doctement improvisé, restait toujours de rigueur ». Un peu plus loin, l’auteur signale de petites introductions de 4 mesures, à des airs de P. Auger (1618), Guesdron, Bataille, etc. Il signale une R. pour un dessus et une basse de viole séparant les 3 reprises d’un motet O gloriosa Domina dans les Cantica Sacra, de Dumont (1652).

Roi [des musiciens, des ménétriers], n. m. * Dès le xie s., et sans doute cet usage est-il plus ancien, on voit figurer des R. des musiciens, portant la couronne, dans les descriptions ou les représentations d’exécutions musicales. À partir du xiie s., l’institution des « cours d’amour », et de « puys » pour la poésie et la chanson valait cette qualité et cette distinction à l’auteur des chants couronnés. La dignité de « R. des musiciens » était dévolue pour un an. Lorsque la corporation des ménestriers eût été fondée au commencement du xive s., son chef ou président portait également le titre de R., qui resta en usage jusqu’à ce que la ménestrandie eût été supprimée en 1773. Le plus ancien « R. des ménestrels du royaume de France » qui soit connu est Robert Caveron, en 1338 ; le dernier fut le célèbre violoniste Guignon, qui garda le titre de « R. des violons et maître de tous les instruments », de 1741 à la dissolution de la corporation. Parmi les divers R. qui s’étaient succédé dans cette charge, on peut distinguer Verdelet, cité en 1416-1417 ; Claude de Bouchardon, hautbois du roi Henri iii ; Claude Nyon, violon de la chambre de Henri iv ; François Richomme, « ordinaire » du roi Louis xiii ; Guillaume Dumanoir, chef des vingt-quatre violons, de 1668 à 1691. Au xvie s., le principal lauréat des puys annuels ne portait plus le titre de R., mais celui de « Prince » : c’est au Prince que les exécutions solennelles, les préparatifs et les frais du banquet de la société incombaient. On peut se demander si le titre de « Prince des musiciens », que l’on voit ajouter au nom de Josquin Després, de Palestrina, d’Orlande de Lassus, ne vient pas effectivement de ce qu’ils auraient été lauréats d’un puy.

Romance, n. f. La R. du moyen âge, antérieure, assure-t-on, aux premiers trouvères, est une chanson en plusieurs couplets de 3, 4 ou 5 vers, suivis d’un court refrain. Le nom et la forme reparaissent dans la 2e moitié du xviiie s. La célèbre R. de J.-J. Rousseau, Je l’ai planté, je l’ai vu naître, qui parut, après sa mort, dans le recueil Les Consolations des misères de ma vie (1781), se compose, pour le texte, de 4 couplets de 4 vers octosyllabiques, et, pour la musique, de 8 mesures qui se réduisent à 4 + 4, ou deux reprises ne différant que par les 2 dernières mesures :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \time 2/2
  \key fa \major
  \autoBeamOff
  \partial 8*5 la8 la4 sol | fa4. sol8 la[ sib] do[ re] | \break
  \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
  \override Score.KeySignature.break-visibility = ##(#f #f #f)
  \stemUp \grace { do8 } sib4 la8 la la4 sol | sib4. la8 la[ sol] fa[ la] sol4.^\markup { \hspace #6 { \italic "etc." }} \bar ":|."
}
text = \lyricmode {
   Je l’ai plan -- té, je l’ai vu naî -- tre Ce beau ro -- sier, où les oi -- seaux,
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \text
  >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
             }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Martini (Schwartzendorf) passe pour avoir le premier en France écrit des romances détachées avec accompagnement de piano : jusque-là on se contentait d’une basse chiffrée. Il est l’auteur de la charmante et célèbre romance Plaisir d’amour. La période révolutionnaire vit éclore quantité de romances sentimentales et larmoyantes, ex., L’Orphelin adopté par sa nourrice, de Méhul (1795). Sous l’Empire, vers 1810, Mme de Chastenay constatait une prédilection singulière pour les romances de chevalerie : « il n’était question dans toutes que des vieux châteaux de nos pères, que de preux, que de paladins, même de rosaires et de croix. » Depuis la fin du xviiie s., beaucoup de romances instrumentales ont paru, soit transcriptions ou variations de pièces chantées, soit écrites dans le même esprit : Haydn, Symphonie dite La Reine de France ; la R. formant le morceau est un arrangement de romance vocale française ; Mozart, Concerto pour piano et violon en ré mineur ;