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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/434

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nant de courtes S. destinées à être jouées pendant les repas. Enfin, en 1734, à Milan, G.-B. Sammartini écrit la première S. connue qui présente quelque ampleur, et qui soit écrite « à grand orchestre » : ce musicien milanais, qui vécut de 1704 jusque vers 1774, est l’un des plus importants symphonistes, car un musicologue italien, F. Torrefranca, a pu retrouver et étudier de lui soixante-douze S. ; le style, le plan, l’intérêt artistique de ces œuvres décèlent un grand musicien et fixent pour longtemps la forme, sinon l’ampleur, de ce que l’on nommera désormais S. Le style symphonique embrasse dès lors le plan du premier morceau (sur un, ou sur deux, ou sur plusieurs thèmes, en forme d’ouverture, ou de sonate, etc.), l’ordre des morceaux (au nombre de trois, puis de quatre : allegro initial, mouvement lent, et 3e morceau en forme de menuet, ou de rondo, ou d’allegro, puis 4e morceau succédant au menuet) ; la disposition orchestrale (parties instrumentales traitées dans le sens orchestral, non dans celui du solo ou du concerto) ; nuances d’exécution (idem). Tout cela se trouve hors de Mannheim, où les musicologues allemands modernes ont entendu placer le berceau de la S. à orchestre, et avant Mannheim, car c’est seulement de 1741 à 1757 que le compositeur tchèque Jean Stamitz, qui y dirigeait la musique de la chambre de l’Électeur palatin introduisit de telles S. dans son orchestre. Il est l’auteur de vingt à trente S. qui obtinrent de brillants succès, grâce à leur élégance facile. Et c’est par lui que la France musicale est mise au courant de la nouvelle forme : car, venu à Paris en 1754 et 1755, il se fait entendre au Concert Spirituel, où l’on exécute de ses S. Ainsi, Jean Stamitz est l’initiateur de Gossec, le premier maître français qui écrivit des S., lorsqu’il fut nommé en 1757, chef d’orchestre des concerts de La Popelinière, bien que les uns affirment qu’il en ait déjà écrit en 1752, ou, disent d’autres, en 1754. Gossec ne cessa de cultiver cette forme, et, bien que les progrès ultérieurs de la S. aient fait oublier ce compositeur, il n’en est pas moins un maître qui mérite le plus grand respect et la plus grande attention. Sans doute, les S. de Gossec ont vieilli et ne peuvent être mises en parallèle avec les chefs-d’œuvre coulés plus tard dans le même moule par ses successeurs, mais leur lecture offre encore au musicien des beautés du plus haut intérêt, et son orchestre, très varié, est, dans ses principales œuvres, celui de Haydn et de Mozart. Dans sa 21e Symphonie, en , souvent citée, il emploie, avec le quintette à cordes, flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales. D’ailleurs, dès 1756, Gossec avait introduit deux parties de clarinette dans son orchestre, et l’une des S. de Stamitz, jouée l’année précédente à Paris, lui en donnait le modèle, ainsi que celui de l’emploi des cors ; c’est même Stamitz qui avait conseillé à La Popelinière d’adopter des cors dans ses concerts. Or, c’est seulement en 1759 que Haydn écrivit sa première S. ; la connaissance de ses précurseurs s’est beaucoup étendue depuis notre siècle et il n’est plus permis de le regarder comme le « créateur » de S. Ses premiers ouvrages en ce genre ne diffèrent pas beaucoup de ceux que l’on composait à la même époque dans tous les centres de composition musicale. Mais si le style, l’ampleur, la magnificence de la S. durent à Haydn de grandir en des proportions insoupçonnées, celui-ci ne toucha pas à la forme, au plan établi. Nous en dirons autant de Mozart et de Clementi dans la première partie de sa carrière ; mais si l’on peut juger des S. de ce dernier maître par les réductions en sonate au piano, on verra que si la S. de Haydn et de Mozart sert de modèle aux premières S. de Beethoven, à partir de 1795, c’est Clementi qui annonce déjà la Ve de Beethoven (ut mineur). Le mouvement d’ampleur de la S. à grand orchestre suit donc assez étroitement celui de la sonate : on peut aussi répéter, à propos des Symphonies de Beethoven, ce qui a été dit de ses Sonates (voy. ce mot), La VIe (Pastorale) est une merveille de musique descriptive en même temps que de technique ; la IXe S., brise les moules et rompt avec les formes consacrées : le maître inaugure en même temps la S. avec chœurs. On sait que Beethoven avait esquissé une Xe S. où les mêmes caractères, plus variés encore, eussent été conservés. Après lui, comme pour la sonate, la grande S. subit momentanément une éclipse. Mais avec l’essai de Schumann, toute la série de celles de Mendelssohn, les compositions symphoniques de Berlioz, de Liszt, la S. s’augmente et se rénove. À l’époque moderne, l’école française apparaît la première en cet ordre, à la fois dans l’œuvre symphonique ou dans la S. proprement dite : c’est encore, comme pour la sonate, la lignée de César Franck qui l’emporte. Il y a toutefois à citer les Symphonies de Saint-Saëns, celles de Th. Dubois, les Symphonies avec orgue