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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/449

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cobaldi à partir de 1615. des T., de styles très divers, répondant à ces deux caractères. Le prélude instrumental de l’Orfeo de Monteverdi (1607), qui est une fanfare d’appel, répétée trois fois avant le lever du rideau, est intitulée T. Plus tard, chez Bach, le titre de T. ne répond pas à une forme déterminée ; il paraît donné arbitrairement. On y remarque cependant une certaine insistance dans l’emploi d’un même dessin. Une T. de Purcell (1640), ayant été trouvée sans nom d’auteur dans un manuscrit en Allemagne, fut insérée sous le nom de Bach dans un des derniers volumes de l’édition complète. Il y a 5 T. de Bach pour orgue, en mouvements différents, et même détachés, du type allegro, adagio, presto, (en forme de sonate), 7 pour le clavecin, dont la principale est celle en fa mineur (éd. Bach. Ges., III, 311), majestueusement ornée. Le 1er fugato est joint au mouvement suivant par une mesure que l’on trouve seulement dans l’édition Peters mais qui est nécessaire pour donner un sens, un ordre, à la composition. Le thème lent en mesure ternaire dont la fugue rappelle le motif a une affinité très proche avec le Crucifixus de la Messe en si mineur. À l’époque moderne, il y a tendance à employer le titre de T. pour des morceaux du genre d’un Motu perpetuo, par ex. : Schumann, op. 7, et Henselt, Toccatina. De nos jours, la T. de Widor pour orgue, finale de sa VIIe Symphonie d’orgue, joint ce caractère à celui de haute virtuosité.

Tire-corde. Voy. Cordier.

Tocsin, n. m. Sonnerie ou tintement rapide de cloches, d’un nombre de coups déterminé, ou prolongé pendant un certain temps, et de nos jours signal d’alarme, d’incendie, etc. Pour la naissance des Dauphins de France, les cloches du palais et de la Ville de Paris sonnaient le tocsin pendant 3 jours et 3 nuits. Cet usage est mentionné dans le Journal de Barbier, au 4 sept. 1729.

Tombeau, n. m. Pièce de musique instrumentale dédiée à la mémoire d’un personnage. Les premières pièces portant ce titre semblent avoir été le T. de Raquette, organiste de Notre-Dame, par le luthiste Gauthier (1640) ; le T. du luthiste Mezangeau, par son rival Ennemond Gaultier dit le vieux, et le T. de l’Enclos, par Denis Gaultier dit le jeune ; la première de ces deux pièces est une allemande. Toutes deux datent des environs de 1650. Le Lamento sur la mort de Ferdinand IV, 1654, par Froberger, est une pièce du même genre pour le clavecin. On écrivait habituellement le T. dans la forme de l’allemande et de la pavane. Depuis cette époque et pendant le reste du xviiie s., les T. furent à la mode. Marin Marais, en composa plusieurs pour la viole, entre autres celui de Lulli ; de Visée composa pour la guitare celui de Francisque Corbet, et d’Anglebert, pour le clavecin, celui de Chambonnières. L’un des derniers morceaux publiés sous ce titre fut le T. de Mirabeau le patriote, pour le forte-piano, par F. A. Lemière, (1791). Le plus récent T., bien qu’il n’en porte pas le titre, est le poème pour orchestre de d’Indy, intitulé Souvenirs et dédié « à la mémoire de la bien-aimée. » (1908).

Ton, n. m. 1. Unité de division de la gamme. (Voy. Gamme et Tempérament.) || 2. Son-type sur lequel se règle l’accord des instruments ou des voix : donner le ton = indiquer aux musiciens, avant l’exécution d’un morceau d’ensemble, le son-type, qui est ordinairement le la du diapason normal ; être hors du ton, sortir du ton = perdre l’accord, perdre la notion du son qui doit servir de point de repère. L’ancienne pratique musicale, au xviiie s., distinguait trois bases différentes pour l’accord des instruments et des voix : le ton d’église, le ton de chapelle et le ton de chambre. (Voy. Diapason.) || 3. Situation de la gamme dans laquelle se meut une phrase ou un morceau de musique. Les modes diatoniques modernes, majeur, mineur, transposés par le moyen des altérations constitutives, sur chacun des degrés de la gamme diatonique, donnent naissance à autant de tons qu’il y a de degrés. Le type du mode majeur étant la gamme naturelle d’ut, l’emploi successif des altérations constitutives progressant de quinte en quinte engendrera par le moyen des dièses, dans l’ordre ascendant, les tons de sol, , la, mi, si, fa et ut, et par le moyen des bémols, dans l’ordre descendant, les tons de fa, si, mi, la, , (confondu, dans le système tempéré, avec ut ), sol (confondu avec fa ), ut (confondu avec si naturel, et non usité). (Voy. Cercle des Quintes, Armure, Fonction, Relatif, Tonalité.) || 4. Quelquefois, et surtout dans le langage parlé, synonyme d’intensité sonore : hausser le ton = parler à haute voix, parler fort ; baisser le ton = parler à voix basse. En 1610, dans son Traité des tons, Pierre Maillart démontre comment ce mot est équivoque, ayant trois significations : la première, celle d’un son