Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

durée de la note qu’ils représentent, et sous le nom de tremoletti des trilles courts de deux battements seulement. Tosi (1723) décrit comme nouveau le procédé vocal du tremolo sur une seule note, appelé mordente fresco, et qu’il blâme énergiquement en le comparant au cri des grillons. On trouve le tremblement sur une note répétée chez Bach et les musiciens allemands, sous le nom de Bebung. (Voy. Trille.) Hændel, a recouru dans une intention expressive à l’artifice vocal du tremolo, ou répétition d’une même note sur une seule syllabe, dans le chœur de Josué (1747) qui dépeint la marche des lévites avec les trompettes, et de l’armée, autour des murailles de Jéricho. L’effet est placé sur les mots : « Les peuples tremblent ». Le tremolo sert surtout, chez les anciens maîtres, à l’accompagnement du récitatif (à l’orchestre). Son effet, varié par les nuances d’intensité, et par la situation de la note dans l’harmonie, prête aux expressions les plus variées ; c’est Gluck qui en a principalement révélé la puissance expressive.

Trente-deux pieds. Voy. Orgue.

Trepak, n. m. Danse populaire dans la grande et la petite Russie. Son rythme est binaire.

Triade, n. f. C’est le nom donné à l’accord parfait majeur par les théoriciens du xvie s., lorsque la pratique de la polyphonie vocale leur en eut révélé l’importance.

Triangle, n. m. Verge d’acier pliée en forme triangulaire et mise en vibration par le choc d’une baguette de même métal. On tient l’instrument suspendu par une corde ou un ruban pour l’isoler de la main qui l’empêcherait de vibrer.
Triangle.
Avec le son fondamental, le triangle fait entendre un grand nombre d’harmoniques par lesquels sa tonalité est rendue indécise, ce qui permet de l’employer à l’orchestre dans des morceaux de toutes les tonalités.
 J. Cellier (1585) donne une figure de triangle fermé, tenu par un anneau fixe et traversé de 6 anneaux. Il l’appelle cimballe. « La Cimballe, se pend au pouce de la main gauche et se frappe par dedans de la main droite avec un baston d’acier, de laquelle matière est la cimballe avec les anneaux qui y pendent. » Jusqu’au xviie s., on fit des triangles garnis ainsi d’anneaux métalliques dont le tintement s’ajoutait à celui de la tige elle-même.

Trias harmonica. Voy. Triade.

Tribrachys, Tribraqué. Voy. Pied.

Tricotet, n. m. Danse ancienne populaire en certaines provinces de France. Il y a des vers de Benserade sur le « Roy (Louis XIV) dansant un tricotet poitevin » ; et Couperin en a tiré les rythmes de pièces de clavecin.

Trigone, n. m. Forme antique du nable, se rapprochant de celle d’une petite harpe à colonne.

Trille, n. m. Battement rapide et progressivement accéléré d’une note supérieure sur la note principale écrite : on l’indique par les lettres tr. suivies ou non d’un trait ondulé. Il est ou non suivi d’une « terminaison ». Ce nom n’avait pas chez tous les auteurs anciens la signification qu’on lui donne aujourd’hui. Caccini, en 1601, dans la préface de ses Nuove Musiche, appelle trillo le vibrato des luthistes, répétition d’un même son (le tremolo moderne) et le marque en augmentant de vitesse, les premiers battements lents, en noires, puis plus vite, en croches, puis vite, en doubles croches, pour finir :


\language "italiano"
\score {
  \relative do'' {
    \time 9/4
    la4 la la8[ la] la8[ la] la16 la la la sol1 \bar "||"
  }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}

Cette notation est exactement adoptée par Prætorius (1618). Caccini décrit et note sous le nom de groppo le T. à la note supérieure, augmentant de vitesse et se terminant par le grupetto appuyé sur la note inférieure. Là aussi il est suivi exactement par Prætorius. Frescobaldi (au moins à partir de 1635) indique la place des petits trilles, ou tremoletti, par la lettre t. Les clavecinistes et luthistes le marquaient souvent alors par deux petits traits obliques. Le dessin mélodique du T. est souvent donné en toutes notes par les auteurs de pièces de clavier de cette époque ; en voici divers exemples (voy. page 451).

Cadence était le nom donné autrefois au T. placé à la fin d’une phrase. L’Affilard (Principes, 1635) distingue 5 espèces de cadences qu’il appelle : C. coupée avec une note, Double C. coupée, double C. battue (2 variantes), C. soutenue (2 versions), C. appuyée, battue et fermée. Il les note par les signeset+disposés de diverses