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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/463

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trompette à pistons, instrument chromatique, de 2 octaves d’étendue, est ordinairement construite en sol par les facteurs français, en la, par ceux d’Allemagne et de Belgique.

La sonorité de la trompette à pistons, comparée à celle de l’ancienne trompette, semble « alourdie » et obscurcie, rendue moins éclatante. D’après Gevaert, cette altération n’est pas imputable aux pistons, mais aux changements effectués dans les proportions du tuyau et de l’embouchure. Si ces proportions étaient les mêmes que dans la trompette simple, l’instrument retrouverait toutes ses qualités. Les ressources de la trompette à pistons, qui est chromatique, s’adaptent à toutes les nécessités de la musique expressive moderne. Depuis le milieu du xixe s., la trompette à pistons s’est ainsi substituée à la trompette simple dans l’orchestre : à moins que celle-ci, dans des théâtres et orchestres secondaires, n’ait dû malheureusement, céder la place au cornet à pistons. On a construit en Allemagne et en Autriche, pour les musiques militaires, des petites trompettes aiguës, dites piccolo, en si aigu avec un corps de rechange en la. Elles n’ont pas été reçues dans les bandes françaises et belges qui se servent de cornets à pistons. La trompette de cavalerie se construit en mi, sans tons de rechange. On emploie les harmoniques depuis le 2e jusqu’au 12e. Les sons fournis par la trompette simple dont se servaient les anciens maîtres sont :


\language "italiano"
\score {
  \relative do {
    \clef bass
    \cadenzaOn
    do1_2 sol'_3 do_4
    \clef treble
    mi_5 sol_6 \teeny \once \hide Stem sib4_7 s4 \normalsize do1_8 \bar " " \break
    \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
    re_9 mi_10 \teeny \once \hide Stem fad4_11 s4 \normalsize sol1_12 \teeny \hide Stem la4_13 s4 sib_14 s4 \normalsize si1_15 do_16 dod_17 re_18 
  }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}

Les sons 17 et 18 sont inaccessibles aux exécutants actuels ; les anciens s’en servaient parce que l’embouchure de la trompette en était extrêmement petite, et que leur partie ne descendait jamais au-dessous du son 6. Il semble d’ailleurs que l’on ne soit plus en possession de tous les secrets d’exécution qui leur permettaient d’exécuter correctement certains passages à l’aigu des œuvres de Bach et Hændel. Gevaert dit que la trompette a douze corps de rechange produisant l’octave supérieure des douze sons les plus graves du cor. En formant une échelle chromatique de tous les sons réels fournis par la trompette à l’aide de ses corps de rechange on obtient une étendue de deux octaves et une sixte mineure :


\language "italiano"
\score {
  \relative do {
    \small re4( s4_\markup { \hspace #-4 { \italic "Peu usités" }} fad) s4 \normalsize | 
    \slurDown sol1(_\markup { \small \lower #6 { \hspace #-2 \center-column { \italic "bons dans toutes" \line { \italic "les nuances" }}}} \bar " " fa'') |
    << { \small s4 fad4_\markup { \hspace #-2 \center-column { \italic "réservés pour" \line { \italic "le forte" }}} s4 \stemDown sib } \\ { \small s4 s4.. re,4 } >> \bar " "
  }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}

D’après Gevaert, les tentatives pour introduire la trompette dans la musique de chambre n’ont pas de portée esthétique et doivent être considérées comme « de simples jeux d’esprit ». Mais ce sont de bien remarquables jeux d’esprit, que le Septuor de Saint-Saëns et la Suite de d’Indy. (Voy. plus bas.) Ces deux beaux ouvrages, composés pour la Société de musique de chambre fondée par Émile Lemoine et intitulée La Trompette, comportent tous deux une partie destinée à l’instrument sous le nom duquel cette société s’est rendue célèbre.|| Les joueurs de trompette au service des villes servaient à annoncer solennellement les actes du pouvoir royal ou municipal. Depuis le xve jusqu’au xviiie s., il y eut dans toutes les grandes villes de France un trompette de ville, sorte de héraut municipal, habillé aux couleurs de la cité. Il portait à Bordeaux, à Dijon, etc., une trompette d’argent, à la banderole armoriée.

La trompette figure dans l’orchestre de l’Orfeo de Monteverde (1607) comme formant une famille de cinq instruments : Clarino, Quinto, Alto, Vulgaro, Basso. Elle ne reparaît ensuite dans l’orchestre d’opéra qu’en 1675 dans Étéocle et Polinice, de Legrenzi. Sous son nom italien de tromba, elle prend place au xviie s. dans des concerts d’instruments. Girolamo Fantini en joue à Rome et exécute avec l’organiste Frescobaldi, des sonates. Ses œuvres imprimées vers 1630 consistent en espèces de fanfares, entrées, et airs de danse, pour plusieurs parties de trompettes. Purcell a écrit en 1690 une musique pour le drame Dioclesian, où l’on trouve un air dialogué entre la trompette et la voix d’alto, antérieur aux airs du même genre de Bach et de Hændel, et qui montre l’habileté des exécutants à cette époque. L’oratorio Samson de Hændel (1746) contient un air célèbre pour