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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/464

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soprano et trompette obligée : The bright Seraphim. La cantate, La Fête d’Alexandre, de Hændel (1736), contient dans la 2e partie un air de basse avec trompette en obligée : Revenge, Timotheus. Un des emplois typiques de la trompette en chez Bach est dans l’Oratorio de Noël, 6e partie, choral long trait orné mesuré. Les trompettistes de cette époque avaient « une technique prodigieuse » (Gevaert). Cette technique se perdit en partie vers le milieu du xviiie s. Mais la trompette, compensa ce qu’elle perdait sur le terrain de la virtuosité en s’affermissant dans l’orchestre moderne. Comme habiles trompettistes du xixe s., on cite encore Buhl (1781-1860), Dauverné, son neveu (1800-1874), Teste.

Dans l’orchestre dramatique ou symphonique, le timbre noble, fier, héroïque de la trompette, s’associe aux scènes guerrières, chevaleresques, à l’expression de sentiments héroïques. Elle jette des feux éclatants sur la couleur orchestrale d’un cortège, elle donne une solennité grave ou noble aux scènes funèbres et religieuses, aux imprécations, aux évocations.

Les maîtres classiques écrivent d’ordinaire 2 parties de trompettes. Mais Monteverde en 1607 et un peu plus tard Lully employaient déjà 5 parties de trompettes. Spontini en met 4 sur le théâtre dans Olympie (1819) ; Weber emploie volontiers 4 parties de trompettes. Ce quatuor est triplé par Wagner dans Tannhäuser où 12 trompettes sonnent la fanfare qui commence la marche. Les fameuses trompettes droites que Verdi a introduites dans Aïda, (1871) ont passé en leur temps pour une reconstitution archéologique. En réalité, les trompettes égyptiennes étaient très courtes (au plus 0 m. 50, embouchure et pavillon compris), et ne pouvaient donner que des signaux sur un degré aigu. Elles s’allongent seulement aux environs de l’ère chrétienne, et ne prennent toute leur ampleur qu’au moyen âge, où l’extrême longueur du tube commença à les faire courber, au xive s. (Voy. Trombone.) La Suite en ré, dans le style ancien pour trompette, 2 flûtes, 2 violons, alto et violoncelle, de d’Indy, est son op. 24, 1886, et contient 5 pièces : prélude, entrée, sarabande, menuet, et ronde française. Elle offre un des plus remarquables exemples de l’emploi moderne de la trompette. || 2. n. f. Dans l’orgue, série de jeux à anche de 8 pieds appelés en 16 pieds et en 32 pieds bombarde et tuba, et en 4 pieds clairon, clarino ou petite trompette. Leurs tuyaux ont la forme de cônes renversés. Dans les anciens instruments, ces jeux rendaient un son rude que les facteurs modernes se sont appliqués à adoucir, peut-être en lui enlevant quelque chose de sa fierté. Les facteurs anglais construisent dans leurs plus grands instruments des jeux de tuba mirabilis à pression renforcée jusqu’au triple de celle donnée aux jeux du premier clavier. L’effet de ce jeu est très fort, « extraordinaire ». La série des jeux de trompette comprend en outre le trombone de 16 et 32 pieds, à tuyaux en pyramide carrée, des jeux de bombarde de même calibre. On a construit dans l’orgue de Sidney un contra-trombone de 64 pieds, dont le vent est fourni par un moteur spécial. || 3. L’une des cordes de la vielle, résonnant en dehors de l’action du clavier et soumise, par le mécanisme d’un petit chevalet mobile, à des battements ou chevrotements dont l’exécutant règle la fréquence et l’intensité par le « coup de poignet ». (Voy. Trompette marine.)

Trompette à clefs. Instrument à vent en cuivre, mieux nommé cor à clefs. (Voy. Bugle à clefs.)

Trompette marine, n. f. Variété du monocorde. Le monocorde était employé comme instrument de musique
Trompette marine.
aux xiiie et xive s. Il est cité sous ce nom et comme n’ayant qu’une seule corde dans plusieurs poèmes, notamment par G. de Machaut. Plus tard, il est monté d’une seconde corde à l’octave ; on en joue avec l’archet. Praetorius (1619) l’appelle tympanischiza et le dit en usage chez les Allemands, les Français et aux Pays-Bas. Il le décrit comme fait de 3 planchettes jointes grossièrement. en forme de très longue pyramide triangulaire, et monté à l’ordinaire d’une seule longue corde de boyau, quelquefois de 2 cordes à l’octave l’une de l’autre. On le joue avec un archet, l’extrémité pointue appuyée contre la poitrine. Vers la fin du xve s. ou au xvie, on y ajouta un petit chevalet mobile dont les trépidations passaient pour donner au son de la corde plus de force et quelque ressemblance avec celui de la trompette. (Voy. Trompette, 3.) L’origine du nom trompette marine est inexpliquée, du