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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/483

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la désigner sous le nom de viole, comme si elle était seule du genre.

Le jeu de la viole atteignit son apogée en France avec Marais (1656-1728), élève de Sainte-Colombe,
Basse de viole
de Claude Boivin.
qui porta sa perfection « aussi loin qu’elle pouvait aller », et qui ne fut pas surpassé par son excellent élève, de Caix d’Hervelois, ni par Forqueray. La basse de viole, vers le milieu du xviiie s., avait dû s’effacer devant le violoncelle et disparaître des grands concerts, « par rapport à la faiblesse du son. » Elle était regardée comme « fort agréable » à la chambre avec le clavecin. Son dernier virtuose fut Forqueray, auquel on ne reprochait que trop d’habileté, et l’excès d’ornements dont il surchargeait sa partie (1757). En dehors des joueurs de viole cités précédemment pour la France, on peut nommer encore, parmi les plus célèbres ou les plus remarquables Claude Gervaise, qui publia en 1556 son livre de pièces pour les violes ; Maugars, dont les Observations sur l’état de la musique en Italie (1639) contiennent de si précieux renseignements. En Italie, au xvie s., avait brillé le violiste Alessandro Romano surnommé pour cette raison della viola ; un peu plus tard, Alfonso Ferrabosco fit connaître le jeu italien de la viole en Angleterre, où cet instrument fut cultivé plus largement et plus habilement qu’en tout autre pays, pendant le xviie s. ; c’est en Angleterre, assure-t-on, que parurent les premières Fantaisies pour viole (solo). Christophe Simpson fut l’auteur d’une méthode, publiée à Londres en 1659 ; une autre, très renommée, celle de Playford, y parut en 1700. (Voy. Violoncelle.) La viole, sous ses diverses formes, continua d’être cultivée jusqu’au milieu du xviiie s. Elle était en plein déclin vers 1760. || On a de bonne heure cherché à imiter dans les jeux d’orgue les sonorités de la famille des violes. Au xviie s., les orgues d’Espagne et d’Allemagne avaient toute une série de tels jeux, à peu près inconnus alors en France. Il y avait un jeu de viole à l’église Saint-Jean-en-Grève, à Paris. Peu à peu, on s’arrêta à la variété de viola di gamba ou viole de gambe, plus connue de notre temps sous le simple nom de gambe ; ce jeu, à son tour, a créé toute une famille du même type. (Voy. Gambe.)

Viole d’amour. C’est l’ancienne viola da braccio, à laquelle on a ajouté des cordes vibrantes, ou cordes sympathiques, en laiton. Ces cordes reposent sur le chevalet au-dessous des cordes de boyau, passent dans un espace réservé sous la touche, et sont attachées à des chevilles placées à l’extrémité du cheviller, et à des petits boutons d’ivoire ou de bois fixés dans l’éclisse à côté du cordier. Elles ne sont actionnées ni par l’archet ni par les doigts et vibrent seulement par sympathie. La viole d’amour que jouait Van Waefelghem était de Venise, 1720, et comptait 7 cordes de boyau dont 3 filées d’argent, et 7 cordes sympathiques. La viole d’amour était connue en Italie avant la fin du xviie s. Elle fut mise en vogue en Angleterre par Ariosti, vers 1716. Ce musicien écrivit pour elle six Sonates, imprimées en 1728. Le Français Milandre en jouait à Paris vers 1759. Quelques musiciens tchèques s’y firent applaudir pendant le xviiie s. Meyerbeer imagina, sous prétexte de couleur historique, de placer un prélude et un accompagnement pour la viole d’amour dans Les Huguenots (1836) dont l’action se passe en 1574, époque où cet instrument était inconnu. L’instrument était joué à l’orchestre de l’Opéra par C. Urhan. Mais, dans la partition gravée des Huguenots, le nom de la viole d’amour n’est pas mentionné, le passage en question porte : alto solo. Les 7 cordes de la viole d’amour (dont les 3 plus graves sont filées d’argent) s’accordent habituellement :


\language "italiano"
\score {
  \relative do'' {
    \clef treble
    \time 15/2
    re1 la fad
    \clef bass
    re la fad re
  }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    \context { \Score
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  }
}
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Violetta, dim. de viola. Autre n. ital. de l’alto, et en fr. violette.

Violino, n. ital. du violon ; plur. violini.

Violiste, n. m. Joueur de viole.

Violon, n. m., en ital. violino (plur. violini), signifiant petite viole ; ne pas confondre avec le violone (voy. ce mot). « C’est le plus aigu des instruments à archet, le soprano de l’antique famille des violes porté au plus haut point de