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réunit les chapiteaux et remplit les espaces de boiseries visibles au-dessous de la montre. Quelques B.
Buffet d’orgue. (Orgue d’Albi.)
élevés contre les murs de la nef ou dans le transept des églises reposent sur des encorbellements de pierre ou de bois. Celui de l’ancienne abbaye de Luxeuil forme un énorme massif de menuiserie disproportionné à l’instrument qu’il porte. Les dimensions réciproques du principal et du positif varient d’un B. à l’autre, sans raisons musicales appréciables. Parmi les plus beaux B. français des xviie et xviiie s., on peut citer ceux de l’abbaye de la Chaise-Dieu (Haute-Loire), de l’église collégiale de Saint-Quentin (1703), de Saint Pierre, à Caen, de la cathédrale de Nancy, de Notre-Dame de Saint-Omer (1717), de Saint-Étienne-du-Mont à Paris. L’un des plus célèbres est celui que dessina l’architecte Chalgrin pour l’orgue de Saint-Sulpice, à Paris (1781), lourd édifice de 14 m. de hauteur sur 12 m. de largeur, en forme d’un « temple antique », où les tuyaux s’enveloppent de boiseries, d’entre-colonnements et de statues nuisibles à leur sonorité. Mais aucun B. ne peut rivaliser de dimensions, de luxe et, il faut le dire, de mauvais goût, avec celui de l’abbaye de Weingarten (Wurtemberg), achevé de construire en 1750 et dès l’année suivante admiré par Dom Bedos qui le fit graver dans son traité L’Art du facteur d’orgues. Posé à même du sol de l’église, ce B. en occupait presque toute la hauteur, 50 pieds (14 m. 30, mesures du Wurtemberg), sur 30 pieds de largeur (8 m. 60) et 27 1/2 de profondeur (7 m. 87), offrant aux regards un assemblage opulent de colonnes antiques, de dais contournés, de fausses draperies, d’urnes, de palmes, d’écussons, de cariatides demi-nues, d’anges et d’enfants musiciens jouant de tous les instruments, debout, assis ou suspendus et de proportions croissantes à mesure qu’ils occupent des étages plus élevés, le tout formant deux énormes tours avancées et deux autres plus petites, réunies par des « montres » partielles qui font l’office de ponts, et surmonté de trois statues colossales, dont celle du milieu est un automate battant des timbales. En d’autres B., des figures mécaniques et des roues en forme d’étoiles ou de soleils aux rayons chargés de clochettes concouraient à la décoration. On y voyait jusqu’à la queue de renard, en all. Fuchsschwanz, sortant d’une boîte pour chatouiller le visage du curieux ou du maladroit qui tirait un certain bouton. Une particularité d’un autre genre et d’essence musicale, qui se remarque encore dans les B. espagnols, est la disposition d’un jeu de trompette « en chamade », dont les tuyaux horizontaux sortent de la façade et s’avancent, soit au-dessus du positif, soit au faîte du principal. Le xixe s., qui fut, dans l’architecture religieuse, l’âge du pastiche, s’est attaché à construire des B. « dans le style » de telle ou telle époque ; certains B. du « gothique flamboyant » érigent sur leurs tourelles des flèches prisonnières qui semblent vouloir percer les voûtes pour s’élancer, comme celles des clochers, en plein ciel. Le B. de la Basilique de Saint-Denis, qui est « dans le style du moyen âge », est l’œuvre de l’architecte Debret ; celui de Saint-Eustache, à Paris, est de Baltard, celui de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, « en forme d’un arc de triomphe », est de Hittorf. La construction de grandes orgues dans les salles de concerts ouvre, de nos jours, un champ nouveau à l’imagination créatrice des dessinateurs de B.

Buffle, n. m. Cuir souple de buffle ou d’autres animaux, entrant dans la fabrication des marteaux et des étouffoirs du piano.

Buffo, ou Buffo cantante, n. m. ital., = chanteur bouffe. Titre d’un emploi dans l’ancien opéra italien.

Bugle, n. m. Instrument à vent, à embouchure, en métal, dont on distingue deux familles : 1o B. à clefs, type primitif, tombé en désuétude,