de la salle des fêtes du Trocadéro, à Paris. On donne aussi le nom de C. à un jeu de mutation analogue au cornet, qui fait entendre, avec le son fondamental, les harmoniques 3, 5 et 8. || 3. Instrument de percussion employé à l’orchestre, appelé en all. Glockenspiel, littér. « jeu de cloches », dit quelquefois harmonica de métal. Ses modèles anciens étaient composés de séries de timbres, ou calottes hémisphériques, en bronze, de grosseur décroissante, mis en vibration par le choc de deux petits maillets tenus en main par l’exécutant. Les timbres ont été remplacés par des barres d’acier de longueur et d’épaisseur décroissantes, reposant au point des nœuds de vibration sur des cordes ou des tresses de paille servant d’isolateurs. Dans le modèle appelé typophone, inventé par Mustel, les barres sont remplacées par des diapasons. Le célesta, produit par le même facteur vers 1886, est une sorte de piano réduit dans lequel les cordes métalliques sont remplacées par des lames d’acier. Hændel a employé le jeu de C. dans le célèbre chœur de jeunes filles de son oratorio Saül. Mozart s’en est servi dans La Flûte enchantée, et Wagner dans la scène du feu de La Walkyrie. Dans la scène finale du Rêve (représenté en 1891) Alfred Bruneau a mélangé aux accords du grand orgue, mesurés à 4 temps, le dessin obstiné d’un C. de trois notes produisant un dessin de rythme ternaire :
En 1913, pour les représentations de l’opéra de Leroux, Le Carillonneur, G. Lyon a installé, dans les cintres de l’Opéra-Comique, un C. composé de 53 tubes de métal, actionnés par un clavier à transmission électro-pneumatique, placé dans l’orchestre. Cet instrument a permis au compositeur de transporter réellement sur le théâtre le genre d’effets sonores auquel les fêtes religieuses et civiques de la Belgique doivent une partie de leur beauté et de leur originalité. || 4. Pièce de musique imitant la sonnerie d’un C. Les œuvres de William Byrd pour la Virginale (xvie s.), le livre de luth de Besard (1603), les pièces de viole de Marais (1707), les pièces de clavecin de Couperin (1716), celles de Pierre Dandrieu pour l’orgue en offrent des exemples. Au Concert spirituel de Paris, vers 1730, on entendait chaque année, le jour de la Toussaint, un « Carillon funèbre par toute la symphonie ». Vers la fin du xviiie s., Daquin et les principaux organistes ne manquaient pas d’exécuter, le même jour, un morceau semblable. Parmi les œuvres modernes, on rappellera le C. de L’Arlésienne, de Bizet (1872), et le Carillon pour orgue, de L. Boellmann.
Carillonner, v. tr. Sonner les cloches en carillon.
Carillonneur, n. m. Musicien qui joue du carillon à clavier. Cet art a atteint, depuis le xviie s., en Flandre et aux Pays-Bas, un niveau fort élevé. Dirk Scholl, de Delft, Jacques Potthof, d’Amsterdam, Mathias van den Gheyn, de Louvain († 1785), qui gagna le pari de répéter avec ses cloches tout ce que jouerait un violoniste, rendirent leur profession célèbre. Le C., avec une oreille délicate qui lui enseigne à tirer le meilleur parti du manque fréquent d’homogénéité de son gigantesque instrument, doit posséder un degré peu commun de vigueur physique. Il joue assis, le plus souvent bras nus, les phalanges protégées par des gants épais, les pieds soutenus par de fortes chaussures, et il frappe les touches du clavier manuel à coups de poing. D’habiles musiciens exécutent ainsi de grandes pièces harmonisées à 2 ou 3 parties. Le répertoire consiste en première ligne en anciens chants populaires et religieux ; on y joint des pièces empruntées à Bach et aux clavecinistes et organistes du xviiie s. La coutume d’élire le C. à la suite d’un concours public est traditionnelle en Belgique. Elle a été appliquée en 1895 pour le poste de C. de la Maison du Roi, à Bruxelles, qui fut attribué à Demette. Le con-