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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/63

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la même tour faisait entendre des fragments du Veni sancte Spiritus et du Salve regina ; on y joignit dans la même année un clavier, qui fut l’un des premiers connus. Dunkerque avait un C. depuis 1437. Alost, depuis 1481. Bruxelles était surnommée en 1541 la Ville aux sept Carillons.
Carillon (xve s.).
Le beffroi de Termonde, qui abritait six cloches en 1526, fut enrichi en 1549 de quinze cloches nouvelles, et sa flèche fut ajourée pour en favoriser la sonorité. « Dans notre pays, dit Swertius (1603), on entend presque tous les jours un grand concert de cloches, où il y a tant d’art et d’harmonie que l’on croirait écouter un orgue ». La renommée des C. flamands les fit imiter dans les pays voisins, où leur établissement fut souvent confié à des fondeurs venus de Louvain, de Bruxelles, etc. La Hollande, les Îles Britanniques, l’Allemagne du Nord eurent depuis le xviie s. de nombreux C. On en établit peu en France, sauf dans les provinces du Nord. Celui de Beauvais, en 1531, ne comptait que six cloches. Celui de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, à Paris, passait en 1724 pour « fort musical », mais le plus populaire était celui de la Samaritaine, aux sons duquel venaient danser les ramoneurs, sur le Pont-Neuf. La plupart des C. français furent détruits pendant la Révolution, et leurs cloches envoyées à la fonte. On en a reconstruit beaucoup pendant le xixe s. À la veille de l’invasion allemande, la Belgique en possédait de fort beaux. Le C. de la tour de Saint-Rombaut, à Malines, construit en 1555, avait 26 cloches en 1642, 32 en 1674 et 45 en 1914, formant un poids total de 36 369 kilogr. Hormis les six plus grosses, qui servent à la cathédrale, toutes ses cloches sont fixes. Son agencement permet de les faire retentir soit mécaniquement, soit par le jeu du carillonneur au clavier ; dans le premier cas, le mécanisme se compose essentiellement d’un cylindre énorme, appelé tambour, sur la circonférence duquel sont fichées des broches ; lorsque le cylindre est mis en rotation, les broches agrippent les bouches des fils de fer qui transmettent l’impulsion soit au marteau extérieur des grosses cloches, soit au battant des petites ; le tambour est percé de 16 200 trous prêts à recevoir des broches, lorsque, pour changer le morceau exécuté, on procède à un placement nouveau de ces broches. Le C. de Saint-Rombaut fonctionne pour annoncer la sonnerie des heures : il joue, avant l’heure, un morceau de 108 mesures, qui dure 4 minutes, avant la demie, 48 mesures, avant le quart, 8 mesures, et 2 pour l’avant-quart. Lorsque les cloches doivent être mises en branle par le jeu de l’artiste au clavier, on suspend le mouvement des rouages qui commandent la rotation du tambour. Le clavier manuel semble double, parce que les notes naturelles correspondent à une rangée de touches, et les notes altérées, à une autre, placée en retrait ; le pédalier est analogue à celui de l’orgue. La charpente d’un C. doit être formidable pour résister au poids des cloches, à celui du tambour (à Bruges, il pèse 9 983 k.), et à l’ébranlement causé par leur mise en action, qui semble faire trembler tout l’édifice. Les tambours des principaux C. belges sont disposés de manière à faire entendre des thèmes harmonisés. Le système généralement adopté dans la Grande-Bretagne est différent : les cloches y sont balancées ; les mélodies ne comportent aucune harmonie ; au lieu de tambours préparés pour sonner un chant déterminé, un mécanisme alternatif, dit change-ringing, intervertit sans cesse l’ordre dans lequel les cloches sont ébranlées ; il en résulte une variété presque infinie dans l’ordre de succession des sons qui se trouvent en même temps dépouillés de toute signification artistique intentionnelle. Pour les sonneries limitées à peu de notes et destinées à l’annonce des heures, des formules mélodiques, appelées chimes, se produisent de manière que le motif entier soit entendu avant le coup de l’heure, sa première moitié à la demie, ses premières notes au quart. Ce procédé anti-musical est usuel dans quantité de petites et grandes horloges à carillon. (Voy. Carillonneur.) || 2. Jeu d’orgues, composé de timbres, ou de clochettes, ou de barres d’acier ou de spirales, mis en vibration par une rangée de marteaux, pour imiter le son des cloches. Dans les anciennes orgues d’Allemagne, le jeu de C. était souvent placé au sommet de la montre et comportait une ou plusieurs figures mécaniques d’anges qui frappaient les timbres. Des jeux de C. à percussion existent dans quelques orgues modernes d’Europe, et entre autres dans celles