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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/68

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complissent dans la Ch. C’est sous le règne de François Ier que, le nombre des musiciens ordinaires du roi s’étant accru et leur service ayant été divisé, quelques-uns d’entre eux reçurent le titre de « Chantres de la Ch. », qui les différenciait des « Chantres de la Chapelle ». Depuis le milieu du xviie s., trois bandes se trouvèrent organisées et affectées à des services différents, Chambre, Chapelle et Écurie. Les musiciens de la Ch., chanteurs et instrumentistes, exécutaient le répertoire profane, dans les concerts des appartements privés, et participaient aux cérémonies d’apparat, dans les fêtes et à la chapelle. On prit en tous pays l’habitude, maintenue jusqu’à nos jours, de désigner sous l’appellation générale de « musique de chambre » les compositions destinées à un petit nombre d’exécutants et spécialement celles dans lesquelles chaque partie vocale ou instrumentale ne se redouble pas. (Voy. Musique de Chambre.)

Changement, n. m. Passage d’un état à un autre. Le Ch. de clef est la substitution d’une clef à une autre, dans le cours de la même partie notée. Ces Ch. étaient fréquents dans l’ancienne musique vocale, où l’on évitait des lignes supplémentaires. On publie des recueils de « Solfèges à changement de clefs » destinés à familiariser les élèves avec les difficultés de la lecture musicale. || Le Ch. de position d’un accord, qui résulte de sa production sous forme brisée ou arpégée et qui donne lieu à des échanges de notes entre les parties, n’en modifie pas toujours la composition. || Le Ch. de ton s’accomplit quand on attaque une phrase musicale dans un ton différent de ce qui précède, sans établir de liaison ou de transition entre les accords. Il s’opère aisément lorsque les deux accords qui se succèdent ont une note commune, permettant l’équivoque ou amphitonie (voy. ces mots).

Chanson, n. f. En littérature, petite pièce de poésie légère, destinée au chant, divisée en couplets qui se chantent sur le même air, avec ou sans refrain. En musique, petite composition profane, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement, dont le plan se conforme à celui du texte. On réunit, sous le nom générique de Ch., toutes les formes du chant populaire et la plupart des formes élémentaires du chant artistique en langue française. Selon les sujets traités, la coupe des vers, le style musical, la Ch. peut se diviser en genres divers dont la ligne de démarcation reste flottante et dont les dénominations varient suivant l’époque. D’une façon générale, la Ch. est aussi vieille que le monde ; de tous temps elle a été, selon le jugement de J.-J. Rousseau, « la manière d’éloigner pour quelques instants l’ennui, si l’on est riche, et de supporter plus doucement la misère et le travail, si l’on est pauvre » ; mais elle a été plus et mieux que cela : le reflet de tous les sentiments, de toutes les passions qui pénètrent ou agitent l’âme d’un peuple, et la source où l’art moderne a puisé la sève nourricière de sa première floraison. La plus ancienne mention que l’on connaisse d’une Ch. devenue populaire en France se trouve dans la Vie de saint Faron (ixe s.) et se rapporte à un chant relatif à une victoire de Clotaire sur les Saxons, qui « volait de bouche en bouche ». Mais déjà auparavant saint Augustin († 430), saint Césaire, d’Arles († 542), le Concile d’Agde (506) s’étaient élevés contre les Ch. impudiques que le peuple répétait en dansant et qu’il introduisait jusque dans les églises. Charlemagne les défendit, et des auteurs tentèrent de les remplacer par des cantiques, des complaintes, des tropes en langue vulgaire. Les jongleurs, cependant, portaient de ville en ville et de château en château un répertoire condamné, maintenu par la tradition orale, et auquel, vers les xie et xiie s., les troubadours et les trouvères donnèrent des formes artistiques, fixées par la notation. On a classé leurs Ch. en deux genres et plusieurs variétés : A, les Ch. personnelles, savoir : 1o la Ch. d’amour ou canço, cançon ; 2o la Ch. politique ou morale, ou sirventés ; — B, les Ch. narratives ou dramatiques, qui sont : 1o Ch. d’aube, sur des sujets d’amour ; 2o Ch. d’histoire, dites Ch. de toile, parce qu’elles sont supposées chantées par une femme qui brode ou file ; 3o romances, sortes de Ch. amoureuses, légères et piquantes ; 4o pastourelles, Ch. libertines. Continuée pendant le xiiie s. par des poètes-chanteurs chez lesquels s’annonce la séparation des deux arts, littérature et musique, la Ch. donne naissance au motet, qui est à l’origine une petite mélodie profane et qui donne bientôt son nom à une forme de la composition harmonique, parce qu’elle a servi tout d’abord à en constituer l’une des parties. En s’associant ainsi à d’autres voix, la Ch. doit se soumettre à des obligations de coïncidence. N’ayant connu, tant qu’elle se chantait à voix seule, d’autres lois de durée que celles de la scansion du vers et de l’alternance des pieds