Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans les festivals annuels de l’Association des musiciens allemands, tenus alternativement, depuis 1859, dans diverses villes de l’Allemagne du Nord, que se produisent, pendant plusieurs journées consécutives, et par doses massives, les œuvres nouvelles. Chicago, où se donnent les séances de l’orchestre fondé en 1869 par Théodore Thomas, Boston, New York, Philadelphie, Cincinnati rivalisent avec les cités de la vieille Europe pour l’activité de leurs C. Partout, aux grandes séances symphoniques, s’ajoutent les auditions de musique de chambre, de musique purement vocale, et celles que donnent individuellement les virtuoses. Tel est le développement pris en tous pays par les C. de toutes sortes, que la critique s’en est alarmée, au double point de vue de leur fréquente inutilité artistique et des conséquences qu’entraîne une concurrence stérile dans l’exercice de la profession musicale. L’industrialisme s’y affirme par l’organisation d’agences qui entreprennent à leur propre compte ou à celui des artistes des auditions collectives ou individuelles et des « tournées de concert » dans le monde entier. || 2. Le nom de C. a servi quelquefois de titre à des œuvres musicales, par ex., aux Concerts sacré (Geistliche Concerte), à plusieurs voix avec basse continue, de Henri Schütz (1636 et 1639), à la Sérénade ou « Concert divisé en 3 suites », de Montéclair (1697), au Concert pour piano, violon et quatuor à cordes, d’Ernest Chausson (1891). (Voy. Festival, Programme, Récital.)

Concertant, adj. et n. 2 g. Qualificatif d’une partie instrumentale ou vocale dans une composition polyphonique. Le titre de symphonie concertante a désigné un genre d’ouvrage en vogue vers la fin du xviiie s. et qui fusionnait en quelque sorte la forme du concerto avec celle de la symphonie, en détachant de l’orchestre quelques instruments principaux. || Personne prenant part à l’exécution d’une œuvre à plusieurs parties.

Concerté, adj. caractérisant un style dans lequel les parties contrepointiques s’entremêlent et se répondent avec art.

Concertiste, n. 2 g., peu répandu. Musicien prenant part à l’exécution d’un concert.

Concerto, n. m. ital. admis en fr. avec le pluriel en s. À l’origine, titre de morceau vocal ou instrumental à plusieurs parties, destiné à l’exécution en concert (voy. ce mot). Plus spécialement, depuis la fin du xviie s., composition destinée à un ou quelquefois plusieurs instruments principaux accompagnés par un groupe ou par un orchestre. Le principe de l’alternance du solo et des tutti se découvre dans un assez grand nombre de sonates et de symphonies italiennes antérieures à la fixation de la forme concerto. Si l’on regarde le violoniste Torelli comme l’inventeur de celle-ci, c’est qu’il en a l’un des premiers à partir de 1686, pratiqué la division typique en trois mouvements, dans plusieurs œuvres de concerti et concertini, dont le plan et le titre furent bientôt adoptés par d’autres compositeurs de la même nation. Chez Taglietti (1699), la symétrie des ensembles et des solos est déjà établie dans chaque morceau. Ainsi que pour la sonate, on établit une distinction entre le C. d’église (da chiesa) et de chambre (da camera), réservant à celui-ci les pièces d’allure vive et légère ; puis on imagina le C. grosso, où s’opposent deux groupes, l’un appelé concertino, dont les parties ne se redoublent pas, l’autre nommé concerto, où chacune des parties s’exécute en ripieno c’est-à-dire à la manière ordinaire de l’orchestre, par le nombre disponible d’instruments semblables, à l’unisson. En 1712 parurent les célèbres Concerti grossi de Corelli, que suivirent ceux de Geminiani, de Locatelli, de Vivaldi. Avec ceux-ci, le genre prit pied en Allemagne. Bach, qui en adapta librement plusieurs au clavecin et à l’orgue, écrivit ses six Concertos brandebourgeois, dont le cinquième inaugura le style du C. de clavecin, avec ses trois divisions et ses brillantes pages en solo. Hændel composa ses Concertos d’orgue pour servir d’intermèdes aux exécutions de ses oratorios, et les y joua lui-même en y introduisant de longues cadences préparées ou improvisées, modèles pour une conception nouvelle du C., celle du virtuose. Dès lors, entre deux orientations, symphonie mêlée de solos, ou morceau de parade mêlé de ritournelles symphoniques, le choix fut fait, au bénéfice de l’exécutant ; la deuxième formule l’emporta, et l’on vit tous les instruments, à cordes, à vent ou à clavier, prétendre au rôle principal dans les formes consacrées. Ces formes, d’ailleurs, devinrent bientôt purement mécaniques. Quantz put composer pour la flûte 300 C., que Frédéric ii jouait, dans les soirées de Potsdam, trois par trois, en suivant l’ordre des numéros ; Mozart