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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/437

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je l’ignore… On soupire souvent sans s’en apercevoir, sans savoir pourquoi… Mais j’ai peut-être fait une indiscrétion… Mon zèle… Ce zèle, madame, est un pur effet de mon amitié… J’ai cru qu’il était de mon devoir de vous prévenir contre la médisance… La médisance ne respecte rien… Elle s’est déchaînée de la manière la plus vile… Mais je répondrais de mon ami sur ma vie ; oui, sur ma vie.

MADAME BEVERLEY.

Et moi sur la mienne… Qui est-ce qui doute de Beverley ?… Quelle fausseté peut-on en dire ?… Quelque fausseté qu’on en dise, je n’en puis être touchée, non ; et me voilà prête à l’entendre… Mais, monsieur, pourquoi cette réserve de votre part ?… Vous êtes bien l’ami de M. Beverley, vous êtes le mien. Vous avez l’estime et la confiance de l’un et de l’autre… Qu’ose-t-on dire ?… Mais que m’importe ? Après tout, je ne prends nul intérêt à toutes ces sottises.

STUKELY.

Courage, madame. Persistez fermement dans cette louable indifférence. Je suis venu pour vous prévenir contre le soupçon, et non pour vous l’apporter.

MADAME BEVERLEY.

Aussi n’en avez-vous rien fait… Le soupçon ! Qu’est-ce que cela signifie ?… Un sentiment injuste et déshonnête n’a point encore germé dans mon cœur.

STUKELY.

Votre résolution me transporte d’admiration et m’enchante… J’avais encore quelque chose à vous dire. Mais on vient.


Scène V.

MADAME BEVERLEY, STUKELY, CHARLOTTE.
MADAME BEVERLEY.

De quoi s’agissait-il là-bas ?

CHARLOTTE.

L’honnête homme que ce Jarvis !… C’était un créancier ;