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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/438

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mais le bon vieillard l’a renvoyé. Je l’ai entendu qui lui disait : Laissez sa femme en repos, ne tourmentez pas sa sœur. Il est cruel de tourmenter ceux qui sont déjà dans la détresse… Je me suis approchée, et quand il m’a vue à la porte, il m’a demandé pardon de ce que son indiscret ami avait frappé si fort.

STUKELY.

Un créancier ? Et pourquoi l’ai-je ignoré ? La somme qu’il demandait était-elle considérable ?

CHARLOTTE.

Je n’en sais rien… Il faut s’attendre souvent à de pareilles visites. Chère sœur, qu’avez-vous ? Pourquoi ce redoublement de tristesse ? Il n’y a pas là sujet à une affliction nouvelle.

MADAME BEVERLEY.

Il est vrai. Mais le sommeil m’accable, je succombe… Les forces me manquent… Pardon, monsieur, il faut que je me retire. J’ai besoin d’un peu de repos. (Madame Beveriey sort.)

STUKELY.

Madame, je vous en souhaite beaucoup… Le coup a porté. La pauvre femme, je compatis à sa peine.

CHARLOTTE.

Si vous êtes de ses amis, monsieur, faites-le voir.

STUKELY.

Comment, madame ?

CHARLOTTE.

En ramenant mon frère de son égarement et le rendant à sa malheureuse épouse.

STUKELY.

J’entends, il faut que je refonde mon ami, âme et corps. Ce n’est que cela que vous exigez ? J’y penserai, madame. Mais en attendant, vous me permettrez de vous dire que je ne vois pas, dans le conseil que vous avez la bonté de me donner, de quoi vous remercier et vous être obligé.

CHARLOTTE.

Ni apparemment de quoi nous servir. Jamais proposition ne fut plus déplacée que la mienne, si par une amitié mal entendue, ou par quelque autre motif que je n’ose pénétrer, vous