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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/504

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BEVERLEY.

Je ne vous connais que trop bien. C’est vous qui m’avez diffamé ; qui colorez les accusations les plus atroces du voile de l’amitié ; qui me traduisez comme la honte de ma famille, et qui suggérez a tout le monde que j’ai bassement trahi la confiance qu’on avait en moi.

LEUSON.

Voilà donc ce que j’ai fait ! Et de qui tenez-vous cela ?

BEVERLEY.

Ces discours me reviennent de tous côtés. On dit qu’il vous a plu d’ajouter la menace à la calomnie ; que vous vous proposiez de me demander compte de ma conduite. Me voilà ; demandez, je suis prêt à vous répondre, et je ne dédaignerai point de vous avoir pour arbitre.

LEUSON.

Remettez votre épée, et commencez à me connaître mieux. Vous m’accusez ; mais mon cœur ne me reproche rien. Je ne suis coupable d’aucune faute envers vous. Mais je démêle dans tout ceci les basses insinuations de Stukely et je pénètre ses vues.

BEVERLEY.

Il est vrai. C’est Stukely qui vous accuse… Mais quelles peuvent être ses vues ?

LEUSON.

De se défaire d’un ennemi ; peut-être de deux, de moi par votre main, ou de vous par la mienne. J’ai suivi ses menées. J’en ai découvert assez pour le perdre ; il le sait. Et il a pensé qu’une calomnie qui nous irriterait occasionnerait un meurtre, le vengerait, et ferait sa sécurité.

BEVERLEY.

C’est ce qu’il faudrait prouver.

LEUSON.

Je vous demande jusqu’à demain.

BEVERLEY.

J’attendrai.

LEUSON.

Je cours vous servir et me justifier. En attendant j’oublierai ce qui s’est passé. Faites de même ; rentrez chez vous, et rendez