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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/516

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MADAME BEVERLEY.

Jarvis ne vient point… Ah ! Charlotte, quelle idée me poursuit !… Peut-être… peut-être il succombe à sa peine. Jarvis reçoit ses dernières paroles ; Jarvis lui rend les derniers devoirs… Son cœur se sera brisé.

CHARLOTTE.

Le voici… Il me paraît serein.


Scène III.

MADAME BEVERLEY, CHARLOTTE, JARVIS.
MADAME BEVERLEY.

Autant qu’on peut l’être dans les larmes. Hélas ! il pleure. Charlotte, parlez-lui ; pour moi, je ne saurais.

CHARLOTTE.

Jarvis, et votre maître ?

JARVIS.

Madame, des nouvelles, et de bonnes nouvelles. Mais je suis vieux : les vieillards sont comme les enfants ; il faut qu’ils pleurent avant que de pouvoir parler… Mais vous, ne pleurez pas… je vous apporte de la joie.

MADAME BEVERLEY.

De la joie ! Eh ! dis-moi qu’il vit, qu’il est en santé, j’aurai la plus grande joie du monde.

JARVIS.

Il est bien, il sera mieux ; son esprit se remettra, son cœur tressaillera encore d’aise… Il saura… vous saurez… que les vieillards sont insupportables… c’est pis encore que les enfants. Je n’ai que des choses consolantes à vous dire, et je me sens oppresser, et je pleure, et je ne saurais parler.

CHARLOTTE.

Eh ! ne pleure pas goutte à goutte, mon ami ; pleure par orage, et dépêche.

MADAME BEVERLEY.

Eh bien, Jarvis, mon ami, qu’est-ce qu’il y a ?