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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/86

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n prend une. ) daignaient essuyer mes larmes, ces larmes, tantôt amères, tantôt délicieuses, que la crainte et la tendresse faisaient couler tour-a-tour. Rosalie ! Ne me désespérez pas par pitié pour vous-même, Vous ne connaissez pas votre cœur. Non, vous ne le connaissez pas. Vous ne savez pas tout le chagrin que vous vous préparez.

Rosalie : J'en ai déjà beaucoup souffert.

Clairville : Je laisserai au fond de votre âme une image terrible qui y entretiendra le trouble et la douleur. Votre injustice vous suivra.

Rosalie : Clairville, ne m'effrayez pas. ( En le regardant fixement. ) Que voulez-vous de moi?

Clairville : Vous fléchir ou mourir.

Rosalie Après une pause :

Dorval, votre ami?

Clairville : Il fait ma peine. Il la partage.

Rosalie : Il vous trompe.

Clairville : Je périssais par vos rigueurs. Ses conseils m'ont conservé. Sans Dorval, je ne serais plus.

Rosalie : Il vous trompe, vous dis-je; c'est un méchant.

Clairville : Dorval, un méchant! Rosalie, y pensez-vous? Il est au monde deux êtres que je porte au fond de mon cœur; c'est Dorval et Rosalie. Les attaquer dans cet asile, c'est me causer une peine mortelle. Dorval un méchant! C'est Rosalie qui le dit! Elle! Il ne lui restait plus, pour m'accabler, que d'accuser mon ami!


Dorval entre




==== Scène