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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/306

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pératrice. Ce n’est pas le général Betzky. Mais ce n’est aucun de ceux qui sont sortis de leur pays. C’est donc la populace de la ville et de la cour ? Lorsque ton monument sera achevé, fais-le graver, et écris toi-même au bas de l’estampe : Fontaine fecit, et tu n’en imposeras à personne. Tu écoutes plus le bruit du moment que l’estime que tu te dois. Ils ne connaissent pas Étienne Falconet ! C’est lui qui s’ignore. Je ne le connais pas assez bien ! et c’est moi qui enrage de ce que sa conduite haute et ferme ne réponde pas au cas infini que j’en fais. D’Aquin jaloux de son souffleur le chasse. À la bonne heure.

Mon ami, soyez tranquille sur le manuscrit ; il est à vous, et j’ai pris des mesures pour qu’on vous le restituât, en cas de mort. Il n’en sera jamais fait usage que de votre aveu ; mais ayez pitié d’un homme écrasé de travail.

J’ai demandé à Le Moyne ce que c’était que ce M. de Villiers et j’attends sa réponse d’un moment à l’autre.

Eh bien, ce Fontaine, j’en reviens donc bien disposé. Je veux bien ne le pas croire innocent, mais je ne serais point surpris qu’il le fût. C’était lui qui faisait les bustes de Mlle Collot. Eh bien, quand il n’y sera plus, ce sera vous. Attendez-vous à cela l’un et l’autre. Pardieu, la fausse délicatesse des gens de bien donne bien de l’avantage aux coquins et aux sots. Ils sont toujours maîtres de les séparer, sinon de les brouiller. C’est une réflexion que j’ai faite dans une occasion assez différente. Mademoiselle Victoire, vous avez un ami qui fréquente souvent chez vous. Un scélérat s’avise de dire que cet ami couche avec vous. On le croit. Cela vous revient, que ferez-vous ? Chasserez-vous votre ami ? Je brûle de savoir pourquoi vous m’embrassez bien fort. Pour quoique ce soit, serrez de toutes vos forces.

Ce que je fais ? Je me hâte de finir mon ouvrage et de me dégager de toute entrave, afin de devenir ce qu’il me plaira. La réponse trop honnête de l’impératrice me ferait trembler, si j’étais vain. Ceux que le ciel a doués d’une grande tête et d’une grande âme ignorent bien peu de choses. Leur malheur, qui est sans remède, c’est de n’avoir pas assez de temps pour tout ce qu’ils ont à faire. C’est le secret d’allonger leur vie qu’il nous faudrait, et nous ne l’avons pas.

Ils ont vu ses ouvrages et sont restés muets ! et tu n’es pas parti de ta place, comme un éclair, et tu n’as pas jeté tes bras