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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/165

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manger de la chair coupée d’un animal pendant qu’il étoit encore en vie. Ce dernier précepte tend à nous inspirer indirectement des sentimens d’humanité dans toute notre conduite ; & c’est aussi là la loi & les prophetes.

NOÆ, (Géog. anc.) ville de Sicile dont les habitans sont nommés Noæni par Pline, l. III. c. viij. On croit que c’est aujourd’hui le village de Noara. (D. J.)

NOAILLES, (Géog.) duché-pairie de France dans le Limousin, érigée en 1663. Elle est composée de quatre chatellenies & de vingt-quatre paroisses. (D. J.)

NO-AMON, (Géog. sac.) fameuse ville d’Egypte, dont Nahum, ch. iij. V. 10 de ses révélations, décrit la destruction, qui a dû précéder de quelque tems celle de Ninive. No-Amon étoit la ville de Thebes, si célebre par ses cent portes, & par le nombre immense de ses habitans. Les Grecs l’appellerent Diospolis ou la ville de Jupiter, à cause du magnifique temple qui y avoit été bâti en l’honneur de cette divinité payenne. C’est pour la même raison que les Egyptiens la nommerent No-Amon ; car Amon étoit le nom égyptien de Jupiter. Voyez-en les preuves dans Bochart, phaleg. part. I. lib. I. cap. j. (D. J.)

NOBILIAIRE, s. m. (Gramm. & Hist. mod.) est une collection ou relation historique des familles nobles d’une province ou d’une nation. Voyez Noblesse, Pair, &c.

Cholié a publié un nobiliaire de Dauphiné, & Caumartin un autre de Provence.

Les Allemands sont extrèmement curieux sur leurs nobiliaires, pour conserver la pureté du sang dans leurs familles. Voyez Généalogie.

Nobilissime César, (Médaill. & Inscript.) qualification des aînés des Césars. Il est à présumer que Leunclavius se trompe lorsqu’il dit que les seuls puînés de l’empereur furent qualifiés du titre de nobilissimi Cæsares, puisque cette qualité se trouve seulement attribuée par les empereurs à leurs ainés, ainsi qu’il résulte des médailles & inscriptions antiques. Le premier des enfans d’empereurs qui porte ce titre sur les médailles, est M. Julius Philippus, fils unique de l’Empereur Philippus, & joint a l’empire avec lui ; ensuite Décius, avec ses deux fils Etruscus & Numerianus ; enfin Carus avec Carinus & Numerianus ses enfans, portent indifféremment ce titre sur leurs médailles : après tout, le nom de César est souvent donné à un prince qui, sans être parvenu à l’empire, y étoit destiné. Cette prétention lui faisoit prendre dans quelques-unes de ses médailles le titre de nobilissimus Cæsar & d’Augustus, par le droit qu’il avoit à l’empire. Baronius en cite une qui donne la qualité de nobilissime au fils aîné de Carus, en ces mots : Victoriosissimo principi juventutis M. Aurelio Carino nobilissimo Cæsari.

Quelques antiquaires font une distinction qui n’est peut-être pas fondée. Ils prétendent que nobilissime pris adjectivement étoit accordé aux Césars, & marquoit une désignation à l’empire ; mais que nobilissime pris substantivement, étoit une dignité inventée par Constantin, qui donnoit le pas après les Césars, & le droit de porter la pourpre. (D. J.)

NOBLE, en latin nobilis, (Hist. rom.) Ceux qui avoient passé par les charges curules, c’est-à-dire ceux qui avoient été consuls, préteurs, censeurs & édiles, pouvoient laisser leurs portraits à leurs enfans. Delà vint que parmi les citoyens romains les uns avoient les portraits de leurs ancêtres, les autres n’avoient que les leurs, & le reste n’en avoit aucun. Ceux qui avoient les portraits de leurs ancêtres s’appelloient nobles ; ceux qui avoient les leurs étoient appellés hommes nouveaux ; & ceux qui n’en

avoient aucuns, gens ignobles. Or les patriciens qui, dans le commencement de la fondation de Rome furent revêtus des charges & des dignités au préjudice du peuple, furent seulement qualifiés du titre de nobles ; mais ensuite les plébéïens, dont les ancêtres avoient passé par les charges curules, jouirent de cette prérogative. (D. J.)

Noble, s. m. (Jurisprud.) se dit de quelque personne ou chose distinguée du commun, & décorée de certains titres & privileges dans lesquels consiste la prérogative de noblesse.

Il y a des personnes nobles & des biens nobles : les biens de cette espece sont les fiefs & les franc-aleux nobles.

Les biens nobles se partagent ordinairement noblement, c’est-à-dire comme succession noble. Dans certaines coutumes le partage noble se regle, non par la qualité des biens, mais par la qualité des personnes ; c’est à-dire que quand la succession est noble, que les héritiers sont nobles, ils partagent tous les biens noblement.

Le titre de noble veut dire connu, nobilis quasi noscibilis seu notabilis. Ce titre est beaucoup plus ancien que ceux d’écuyer, de gentilhomme & de chevalier, dont on se sert présentement pour exprimer la noblesse : il y a eu des nobles chez toutes les nations. Voyez Noblesse.

En France, sous nos premiers rois, noble & libre signifioient la même chose.

Dans la suite, lorsque la noblesse proprement dite a commencé à s’établir, la qualité de noble servoit pour exprimer toute sorte de noblesse, grande & petite.

Quand on commença à distinguer les différens degrés de noblesse, les nobles étoient d’abord au-dessus des écuyers : les plus grands seigneurs, les princes, les rois même, prenoient le titre de noble ; on confondit ensuite le titre de noble avec celui d’écuyer & avec la qualité de gentilhomme.

Le titre noble dans les pays de droit écrit, équivaut à celui d’écuyer ; mais pour les officiers de justice, avocats & medecins, ils ne peuvent le prendre qu’avec celui de leur profession, & il ne leur attribue pas les privileges de noblesse.

En pays coutumier il faut, pour preuve de noblesse, avoir pris dans les actes le titre d’écuyer.

En Normandie, le titre de noble homme est équivalent dans les anciens actes.

Présentement on prend presque partout le titre d’écuyer pour exprimer la noblesse.

Cependant en quelques endroits les nouveaux nobles ne prennent le titre que de nobles tels ; leurs enfans prennent le titre d’écuyer, comme il se pratique à Lyon pour les échevins. Voyez ci-après Noblesse. (A)

Noble, rente, (Jurisprudence.) Voyez Rente noble.

Noble. Cheval noble est celui qui a beaucoup de beauté, sur-tout à l’avant-main. Voyez Avant-main.

Noble a la rose, (Monnoie d’Angleterre.) ancienne monnoie d’or d’Angleterre, mais qui n’y a plus de cours. On commença à battre en Angleterre des nobles à la rose sous le regne d’Edouard III. vers l’an 1334. Le poids en étoit de six deniers, c’est-à-dire de douze grains plus que les pistoles d’Espagne, & l’or au plus près du fin à vingt-trois carats trois quarts. On la nommoit roosenobel.

Cette monnoie d’or a cours encore aujourd’hui en Hollande, où néanmoins il s’en trouve assez peu ; elle s’y reçoit sur le pié d’onze florins. (D. J.)

Noble-Henry, (Monnoie d’Angleterre.) monnoie d’or d’Angleterre de quatorze grains moins pe-