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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/280

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NUESTRA, Segnora de la paix, (Géog.) ville de l’Amérique méridionale au Pérou, dans l’Audience de Los-Charcas, vers la source de la riviere de Choqueapo, avec un évêché suffragant de la Plata. Elle est au pié d’une montagne dans une vallée fertile. Long. 313. 30. lat. mérid. 16. 48. (D. J.)

Nuestra segnora de la vittoria, (Géog.) ville de l’Amérique septentrionale au Méxique, sur la côte de la baie de Campêche, dans la province de Tabasco, dont elle reçoit aussi le nom ; Cortez prit cette ville en 1519, & la saccagea. Long. 285. lat. 18. (D. J.)

NUEVA-SEGOVIA, (Géog.) ville des Indes orientales, dans la partie septentrionale de l’île de Luçon, province de Cagayan, avec un évêché, & un fort. L’alcade major de la province fait sa résidence en cette ville : elle est vers l’embouchure de la riviere de Cagayan. Long. 138. 5. lat. 18. 56. (D. J.)

NUFAR, (Botan. des Arabes) nom original, & premierement donné par les Arabes au nymphæa ; les Grecs emprunterent ce mot des Arabes, & l’écrivirent très-diversement, comme nous le dirons tout-à-l’heure. Les Arabes eux-mêmes mirent le mot nil devant celui de nufar, pour désigner l’espece particuliere de nymphæa d’Egypte ; ils l’appellerent donc nil-nufar, & pour adoucir ce terme, ils dirent ninufar ou nénufar ; ensuite les Grecs écrivirent d’abord ninufarium, & par abréviation nufarium : enfin, ils transposerent les lettres mêmes, & au lieu de nilufar, ils écrivirent ninufar, terme qui seroit inintelligible, si l’on n’en retrouvoit pas la trace dans le mot original nilecfar. (D. J.)

NUIRE, v. neut. (Gram.) c’est apporter un obstacle ou un dommage. Ses soins déplacés ont nui au succès de cette affaire. Les froids & les pluies ont nui à la récolte des vins. Cette nuée de critiques dont nous sommes accablés nuisent plus qu’ils ne servent au progrès des connoissances : le défaut de nuire pour nuire, marque le plus méchant & le plus vil des caracteres. Il est presque impossible de rien faire qui ne serve ou ne nuise : ne pas nuire équivaut souvent à servir. Ma recommandation ne lui a pas nui : le paysan qui étoit traîné à l’audience par une fille, qui l’accusoit d’être le pere de l’enfant qu’elle portoit dans son sein, disoit avec une finesse fort au-dessus de son état, qu’il ne l’avoit pas fait, mais qu’il n’y avoit pas nui.

NUISANCE, s. f. (Terme de Palais) signifie un mal ou dommage fait, soit à un endroit public, par exemple, un grand chemin, un pont ou une riviere commune, ou bien à un endroit privé, en y mettant quelque chose qui puisse engendrer de la corruption, en usurpant le terrein ou faisant chose semblable.

NUIT, s. f. (Astron.) partie du jour naturel, qui dure tant que le soleil est sous notre horison. Voyez Jour.

La nuit proprement dite, c’est-à-dire, l’obscurité, ne commence qu’à la fin du crépuscule, voyez Crépuscule ; & la nuit, telle qu’on la définit ici, n’est considerée qu’astronomiquement.

Sous l’équateur, les nuits sont égales aux jours ; sous le pole, la nuit dure la moitié de l’année. Le jour des équinoxes, les nuits sont égales aux jours dans tous les climats de la terre.

Dans l’hémisphere septentrional que nous habitons, les nuits sont plus grandes que les jours, depuis l’équinoxe d’automne jusqu’à celui du printems, & les nuits sont plus courtes que les jours, depuis l’équinoxe du printems jusqu’à celui d’automne.

Les plus grandes nuits de l’hémisphere septentrional arrivent au solstice d’hyver, & les plus courtes

au solstice d’été ; c’est le contraire dans l’hémisphere meridional. Voyez Globe. (O)

Les anciens Gaulois & les anciens Germains, divisoient le tems, non par jours, mais par nuits, comme il paroît par différens endroits de Tacite & de César ; les Arabes font la même chose encore aujourd’hui.

Les premiers Anglois Saxons étoient dans le même usage.

Ainsi dans un concile, tenu en Angleterre l’an 824, nous lisons : Ibi finitâ & proscriptâ contentione coram episcopo post 30 noctes, illum juramentum ad Westminster deductum est. De-là sont venus les mots anglois, sevennight, fort-night, qui signifient sept nuits, quatre nuits, semaine, quinzaine. Chambers.

Nuit, (Critiq. sacrée.) Les anciens Hébreux partageoient la nuit en quatre parties, qu’ils appelloient veilles, dont chacune duroit trois heures ; la premiere commençoit au soleil couché & s’étendoit jusqu’à neuf heures du soir ; la seconde jusqu’à minuit ; la troisieme jusqu’à trois heures ; & la quatrieme finissoit au lever du soleil. Ces quatre parties de la nuit sont quelquefois appellées dans l’Ecriture le soir, le milieu de la nuit, le chant du coq, & le matin.

La nuit se prend figurément pour les tems d’affliction & d’adversité : probasti cor meum & visitasti nocte ; Ps. xvj. 3. 2°. Pour le tems de la mort : Joan. ix. 4. venit nox quando nemo potest operari. 3°. Les enfans de la nuit sont les Gentils, & les enfans du jour les Chrétiens : ces derniers marchent à la lumiere des vérités de l’Evangile, & les premiers marchent dans les ténebres de l’ignorance ; nous ne sommes point enfans de la nuit ; I. Thess. c. v. 5. (D. J.)

Nuit, (Littérat.) Les anciens Germains comptoient par les nuits. On trouve encore des vestiges de cette maniere de compter dans les langues germaniques. En anglois, senigth, abbréviation de seven nigths, sept nuits, signifie huit jours ; fort-nigth pour fourteen nigths, quatorze nuits, veut dire quinze jours. En allemand, siben nachte, seven nachte, sept nuits, veut dire huit jours, la huitaine. Au titre 49. de la loi salique, on voit que les délais pour comparoître en justice étoient de tel ou tel nombre de nuits. En plusieurs endroits de ce royaume, nos paysans pour dire aujourd’hui, se servent du vieux mot à-nuit ou à-trêt, corrompu du latin hâc nocte. Les Gaulois comptoient aussi par les nuits & non par les jours. C’est, dit César, parce qu’ils croyoient tous être descendus de Pluton. (D. J.)

Nuit, (Mytholog.) La fable a fait de la nuit une divinité, & la plus ancienne de toutes, parce que les ténebres ont précédé la lumiere. Elle étoit fille du chaos selon Hésiode. Les Poëtes qui l’ont suivi se sont efforcés de nous peindre cette divinité. Les uns lui donnent des aîles comme à l’amour & à la victoire, pour marquer la rapidité de sa course. Euripide la représente ingénieusement couverte d’un grand voile noir, parsemé d’étoiles, parcourant sur son char la vaste étendue des cieux : cette maniere de la représenter cette divinité, a été suivie par les Peintres & les Sculpteurs. On la trouve cependant quelquefois sans char, tenant d’une main son voile parsemé d’étoiles qui voltige au gré des vents, & tournant de l’autre son flambeau vers la terre dont elle s’approche, comme si elle vouloit éteindre sa torche. C’est ainsi qu’on voit la nuit dans un dessein tiré d’un manuscrit de la bibliotheque du roi, que dom Bernard de Montfaucon a fait graver dans sa paléographie. Il paroît de-là que cette maniere de peindre la nuit fut pratiquée jusqu’au moyen âge, & étoit encore usitée au dixieme siecle.

Les Poëtes donnent à la déesse, sans le commerce d’aucun dieu, des enfans de son espece : le cruel destin, les parques, les ténebres, la misere, la mort,