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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/326

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portion naturelle à ce qu’on lui voit faire par la force de l’obsesion ; si les meilleurs remedes n’y font rien ; si le malade fait des contorsions de membres extraordinaires, & que ses membres après cela se remettent dans leur état naturel sans violence & sans effort, tous ces symptomes ou une partie d’entr’eux peuvent faire juger qu’une personne est réellement obsédée du démon.

L’Eglise ne prescrit point d’autres remedes contre ces sortes de maux que la priere, les bonnes œuvres, les exorcismes ; mais elle ne condamne pas les moyens naturels que l’on peut employer pour calmer les humeurs & diminuer les mauvaises dispositions du corps du malade, par exemple, la mélancolie, la tristesse, les humeurs noires, la bile, le défaut de transpiration, l’obstruction de certaines parties, & tout ce qui peut corrompre ou épaissir ou aigrir le sang & les humeurs. Aussi voyons-nous que Saül étoit notablement soulagé dans les accès de son mal, par le son des instrumens de musique que David touchoit devant lui. On a d’autres expériences de pareilles guérisons opérées par des herbes, des fumigations, des essences. Calmet, Dictionn. de la Bible.

OBSIDIENNE, pierre, (Hist. nat.) lapis obsidianus ou marmor obsidianum ; nom donné par Theophraste, par Pline & les anciens naturalistes à un marbre noir, très-dur & prenant un très-beau poli. Ils le tiroient de la haute Egypte & d’Ethiopie, on en trouvoit aussi, suivant Pline, aux Indes, en Italie & en Espagne. On prétend qu’il se trouve en France, dans le Roussillon, des fragmens d’une pierre noire & luisante, qu’on regarde comme de la même nature que la pierre obsidienne, mais les carrieres n’en sont point ouvertes. Les anciens, à cause du beau poli que prend ce marbre, en faisoient des miroirs de réfléxion. Saumaise & M. Hill croient qu’obsidianus est venu par corruption du mot grec ὀψίς, la vûe. Quelques auteurs ont regardé cette pierre comme la vraie pierre-de-touche. Voyez Pouche pierre de. (—)

OBSIDIONALE, couronne, (Antiq. rom.) Cette couronne s’accordoit pour récompense à celui qui avoit obligé les ennemis de lever le siege d’une ville ou d’un camp, qu’ils assiégeoient : elle n’étoit composée que de gazon, pris dans le lieu même d’où l’on avoit fait lever le siege. Pline, liv. XXII. c. xxxiv, dit que cette couronne, toute méprisable qu’elle étoit en apparence, se préféroit à toutes les autres couronnes, quelque précieuses qu’elles fussent ; parce que les troupes la donnoient au général qui les avoit délivrées, & que les autres couronnes étoient distribuées par le général aux soldats, ou par les soldats à leurs camarades. (D. J.)

Obsidionale, (Monnoie.) On appelle ainsi des pieces de monnoie frappées dans une ville assiégée, pour suppléer pendant le siege, au défaut ou à la rareté des especes.

Ce mot est dérivé du latin obsidio qui signifie siege d’une place de guerre. L’usage de frapper des monnoies particulieres, qui pendant le siege ont cours dans les villes assiégées, doit être fort ancien, dit M. de Boze, puisque c’est la nécessité qui l’a introduit. En effet, ces pieces étant alors reçues dans le commerce pour un prix infiniment au-dessus de leur valeur intrinseque, c’est une grande ressource pour les commandans, pour les magistrats, & même pour les habitans de la ville assiégée.

Ces sortes de monnoies se sentent ordinairement de la calamité qui les a produites : elles sont d’un mauvais métal & d’une fabrique grossiere. Il y en a de rondes, d’ovales, de quarrées, d’autres en losange, & d’autres en octogone, en triangle, &c.

leur type & leurs inscriptions n’ont pas des regles plus certaines. Les unes sont marquées des deux côtés, mais cela est rare ; d’autres n’ont qu’une seule marque. On y trouve quelquefois le nom de la ville assiégée ou ses armes, ou celles du souverain, ou celles du gouverneur avec le millésime, & d’autres chiffres qui dénotent la valeur de la piece.

Les plus anciennes monnoies obsidionales qu’on connoisse, ont été frappées en Italie au commencement du xvj. siecle, aux sieges de Pavie & de Cremone, sous François I. On en frappa depuis à Vienne assiégée par Soliman, & à Nycosie en Chypre assiégée par les Turcs en 1570.

Dans les guerres des Pays-bas, après leur révolte contre l’Espagne, on en frappa à Harlem, à Leyde, à Middelbourg, &c. Celle de Campen en 1578, est marquée des deux côtés, & porte dans l’un & dans l’autre, le nom de la ville, le millésime, la note de la valeur de la piece, & au-dessus ces deux mots, extremum subsidium, ce qui revient assez au nom de pieces de nécessité qu’on leur donne en Allemagne.

Au reste, ce ne sont pas proprement des monnoies autorisées par la loi & l’usage : elles en tiennent lieu à la vérité pendant quelque tems ; mais au fond on ne doit les regarder que comme des especes de mereaux, ou de gages publics de la foi & des obligations contractées par le gouverneur ou par les magistrats dans des tems aussi difficiles que ceux d’un siege.

Elles peuvent donc être marquées du nom & des armes d’un gouverneur ; mais il seroit plus convenable d’y mettre le nom du prince, comme firent deux gouverneurs d’Aire, l’un espagnol, l’autre françois, qui firent mettre le nom de Louis XIII. & celui de Philippe IV. sur la monnoie qu’ils firent frapper dans cette ville pendant les deux différens sieges qu’elle soutint en 1641. Il faut se donner de garde de confondre ce qu’on appelle monnoie obsidionale avec les médailles frappées à l’occasion d’un siege, de ses divers événemens, ou de la prise d’une ville. Mém. de l’acad. des Bell. Léttr. tom. I.

OBSIGNATION, (Hist. anc.) obsignatio, scel. On se servoit de cire & d’un cachet pour sceller. Dans les premiers tems, au lieu du cachet, c’étoit un morceau de bois pourri. On scelloit les portes, les armoires, les coffres, les effets des absens, ceux des criminels en fuite, les lettres, les papiers, les actes, les obligations, les testamens, &c.

OBSTACLE, s. m. (Méchan) On appelle ainsi en Physique, tout ce qui résiste à une puissance qui le presse. L’effet d’une puissance qui presse un obstacle, c’est l’impulsion par laquelle cet obstacle passe d’un lieu dans un autre, en cas qu’il puisse être mu par la puissance qui le presse.

L’effet d’une puissance qui presse, est momentané. Si l’effet continue, il est composé de diverses pressions qui se succedent, & qui ont toutes produit leur effet dans un moment indivisible : elles se suivent l’une l’autre comme les momens du tems, qui se succedent les uns aux autres sans aucune interruption : par conséquent un effet simple d’une puissance qui presse, dépend d’une action momentanée ; mais un effet continu dépend de l’action continuée d’une puissance : nous ne traiterons ici que de l’action d’une puissance qui presse, laquelle se fait dans chaque moment indivisible.

L’action d’une pression qui pousse un obstacle, peut différer, tant à l’égard de la grandeur de l’obstacle que par rapport à la vîtesse avec laquelle il est mu : par conséquent on peut découvrir l’action d’une puissance par la grandeur de l’obstacle en mouvement, & par la vitesse avec laquelle l’obstacle est mu. Pour estimer la grandeur d’une pression, il